Tisonner la haine, un moyen de gouverner... le pire
- André Touboul

- 24 avr. 2020
- 2 min de lecture

Dans la République de Venise, la délation était pratique courante, à ce point qu’il avait été prévu une boite aux lettres anonymes sur la façade du Palais de Doges, figurant un malintentionné dans la bouche duquel on glissait les plis vengeurs.
La pratique a eu son heure de sombre gloire en France pendant l’Occupation.
Ces derniers jours, on pouvait se croire revenu sous Vichy. Encouragés par des Maires allumés qui font la chasse au parisien en villégiature, des citoyens zélés les dénoncent. Dans des immeubles on somme les soignants de déménager. Tout aussi courageux que ces anonymes, des Allemands crachent sur les frontaliers, et les lapident d’œufs et légumes.
Les médias relayent ces ignominies avec une complaisance suspecte, et croient participer au bon confinement en diffusant des images de rues où des passants ont l’audace de passer.
En fait, dans nos provinces, il est vrai peu touchées par la pandémie, les commerçants sont plutôt satisfaits de cet appoint de clientèle. Les temps ne sont pas à refuser les acheteurs.
Ce qui est en cause est la gestion du confinement tant par les pouvoirs publics que par les médias.
Tisonner la haine semble un moyen de gouverner. En effet, rien de tel que de pointer l’indiscipline et les excès de certains, pour justifier des mesures sévères.
Les règles du confinement ont été édictés par une Administration persuadée que les Français ne la respecteraient pas, et les interdictions en ont été exagérées. Pourquoi interdire, par exemple, à deux personnes vivant sous le même toit de sortir ensemble pour leur promenade quotidienne. Il était aussi absurde que les Gendarmes entrent en armes dans une église où un prêtre célébrait la messe filmée sur internet, pour évacuer les trois personnes se tenant à distance plus que suffisante, et interrompre manu militari la cérémonie.
De fait, les bureaucrates ont considéré que les Français étaient incapables de comprendre ce que signifie la distanciation sociale, qu’ils étaient inaptes à intégrer les risques et y adapter leurs comportements. Ils ont comme d’habitude estimé qu’ils avaient affaire à des imbéciles. Bien entendu, à règle idiote, réponse rebelle. Il y a donc eu des infractions.
Avec arrogance, oubliant qu’il est au service du peuple français, le premier Ministre s’est vanté du nombre de procès verbaux, et des consignes de fermeté données aux force de l’ordre.
Alors qu’il aurait fallu légiférer avec mesure, et agir avec discernement, l’action du Gouvernement a, comme lors de l’épisode des Gilets jaunes, maltraité la population. Ce faisant il a creusé le fossé entre les Français et leur police, considérée comme une force d’occupation à laquelle il faut produire un « ausweis », comble du ridicule auto-confectionné. Ce sont donc les étourdis qui ont fait les frais de cette action que l’on est bien obligé de qualifier d’antidémocratique.
Emmanuel Macron devrait se rendre compte qu’Edouard Philippe accumule les rigidités de la boxe, sa pratique de prédilection dont il ne fait pas mystère.
Depuis les 80 km/h, au confinement à outrance, en passant par l’âge pivot, et son entêtement sur le Plaquenil, sa méthode de cogneur se révèle un échec constant. Il serait temps de le remplacer, mais, de grâce, pas par un autre énarque.

Une main de fer dans un gant de boxe.
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