Stop aux chrysanthèmes, vive le muguet
- André Touboul

- 1 mai 2020
- 4 min de lecture

Avec un certain bonheur, on cesse d'additionner les morts et de cueillir les fleurs de cimetière que sont les chrysanthèmes, et l'on regarde vers la reprise de l'activité, pour offrir du muguet, la fleur de la fête du travail.
La religion de la science
On croyait que la France était une république laïque. Il n’en est rien.
Son gouvernement s’est converti à la religion de la science. Non pas la science qui permet à l’humanité de progresser, mais l’autre, celle qui permet d’affirmer des certitudes invérifiables sans risque d’être contredit, car elle émane des scientifiques. Comme souvent, c’est le clergé qui dicte la foi… on appelle cela le dogme. Mais si la foi religieuse est respectable quand elle trouve sa source dans l’adhésion individuelle, elle devient tyrannique quand elle est imposée par l’Etat scientocratique. Cet Etat choisit ses autorités de santé et s’y soumet aveuglément. Avec une candeur stupéfiante, il s’étonne que ses « infaillibles » soient contredits par les faits. Néanmoins, cela ne remet pas en cause sa détermination de faire respecter d'une main de fer leurs articles de la foi.
Sans le moindre scrupule, l’Etat fait payer ses erreurs, non pas à ses Ayatollahs scientifiques qui continuent de plastronner dans les médias, mais au simple citoyen contre qui il déchaîne les forces de l’Inquisition, ses Gendarmes verbalisateurs, et ses Brigades sanitaires.
Quelle que soit l’issue de la crise, on criera victoire ; d'ailleurs, on a déjà commencé.
Victoire ! Le système de santé a tenu, proclame le Premier Ministre, on n’a pas manqué de lits. Ouf ! La France est ruinée, mais, victoire, les lits sont saufs.
Comme pour l’affaire des 80 km/h, où il s’est arc-bouté pour « sauver des vies », et a réussi à mettre les gilets jaunes dans la rue, Edouard Philippe voulait épargner des lits, et tant pis si, cette fois, il a mis le pays à genou.
Sous des dehors souriants à la limite du mépris, Monsieur Philippe semble vouloir se construire une image d’humaniste « quoi qu’il en coûte », en prévision d’un destin national. L’ennui, c’est que ce n’est jamais lui qui paye l’addition.
Le déconfinement ou la déconfiture ?
Edouard Philippe a expliqué le déconfinement à la représentation nationale en termes clairs, il leur a bien enseigné la table de multiplication et la soustraction, ce cours de rattrapage de CM2 pour élèves décrocheurs était parfait.
Le déconfinement : le Président annonçait le 11 mai, ce sera début juin a rectifié le Premier Ministre qui, prolongeant le chômage partiel, une fois encore, n'en fait qu'à sa tête. Car il est évident que tant que le cette mesure sera en vigueur, l'activité ne reprendra pas.
Le coût de l’opération ? On n’en parle pas. Les solutions alternatives, encore moins, elles sont censées ne pas exister.
Le Premier Ministre aurait eu tort de ne pas humilier les Députés, ils sont aphones ou inaudibles. Mais l’opposition goguenarde attend son heure. Elle sent que le déconfinement en peau de chagrin sera suivi d’une déconfiture. Elle sait qu’au bout du chômage partiel, ce seront les licenciements et le chômage tout court.
Car le Gouvernement confond masse salariale et chiffre d’affaires, ne voyant pas que le tissu de petites entreprises, premier employeur de France, est déchiré ; et il ne comprend pas, non plus, que, pour les grandes entreprises qui en auraient, quant à elles, les moyens de trésorerie, on rechigne à reprendre l’activité tant que les questions de responsabilité sanitaire ne sont pas définies
La France est en apnée. Jusqu’à quand a-t-on le choix de ne pas remonter à la surface sans dommages irréversibles au système nerveux ?
Fort heureusement l’Etat annonce des mesures. L'une d'entre elles est une illustration du gouvernement par la rustine : Faire réparer sa bicyclette rapporte 50 €, sortez vos clous rouillés !
Paraphrasant Henri Guillaumet revenu de la Cordillère des Andes, Edouard Philippe aurait dit : “ce que j’ai fait, aucune bête ne l’aurait fait”. Et c’est bien ce qu’on lui reproche.
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Caricature
L’affaire des masques est une métaphore de l’élite d’Etat, elle ne sait pas produire, mais elle est imbattable pour rationner.
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Faire payer ses fautes
Les médias : « Trop de relâchement dans le confinement ». En fait, il s’agit de justifier par avance l’échec de la politique du Gouvernement. La Pravda de la haute époque ne faisait pas mieux. Nous finirons tous en asile psychiatrique.
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Le pot aux roses
Les autorités de santé, nos ayatollahs en blouse blanche, veulent suspendre le Dr Raoult dont le traitement pourrait être dangereux, et n’a pas été testé selon les usages de la Faculté. Molière se tord de rire dans la fosse commune où, selon la légende, il repose.
Ils prétendent interdire toute tentative de traitement qui ne parlerait pas latin. On les prendrait pour Toinette qui, dans Le Malade imaginaire, déguisée en docte docteur répète sans cesse "le poumon" et prescrit à Argan de se crever un œil, car il fait du tort à l’autre, avant de conclure : ignorantus, ignoranta, ignorantum !
Ne tentez pas de vous soigner, vous mourrez, mais dans les règles, nous ordonne la Faculté.
Mais, peut-être, l’ignorance crasse n’est-elle que le masque de la cupidité, car voici venir les coûteux traitements de l’Institut Pasteur, ou de Gilead, laboratoire américain, et se découvre le pot aux roses.
On annonce une molécule à 800 €, que l’on trouve à Moscou pour 80 €. Mais les consciences sont tranquilles, il s’agit simplement de négocier le montant de la prise en charge par la Sécu dont le budget global est de 183,9 milliards d’euros, sans le moindre contrôle sérieux. Il existe une Commission des Comptes de la Sécurité Sociale qui ne se réunit que deux fois par an : le 15 avril et le 15 septembre. La technique est de noyer le poisson. Une trentaine de membres de provenances multiples, mais un seul magistrat de la Cour des comptes.
Pour ces gens voler l’Etat n’est pas voler. Souvenez-vous du cri du cœur de François Hollande : « Cela ne coûte rien, c’est l’Etat qui paye ».
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