Un Gouvernement de lampistes pour un pouvoir fantôme
- André Touboul

- 4 mai 2020
- 3 min de lecture

La confiance est le rouage essentiel de l’économie, elle est tout aussi nécessaire pour que les gouvernants puissent mettre en œuvre, avec efficacité, les forces vives du pays.
Le manque de confiance dans les dirigeants est une caractéristique de la France, déplore Pascal Perrinau, politologue qui a réalisé une étude comparative avec les pays voisins. Extrêmement significative, elle vérifie un fait dont on se doutait jusqu’à l’évidence, tant il est profond et vrai.
Il n’est pas inutile de s’interroger sur les motifs de cette Arlésienne dont on parle toujours, mais que l’on ne voit jamais apparaître.
Dans les démocraties, les dirigeants sont élus. Quelles que soient les faiblesses et défectuosités du système électoral, ils sont choisis et préférés à d’autres. On les connait, on peut les interpeller, ils sont aux commandes pour un temps limité.
Ces trois éléments font défaut dans la France d’aujourd’hui qui est, de fait, dirigée par des fantômes abrités derrière des lampistes.
Les vrais décideurs sont invisibles. Qui peut citer trois noms parmi ceux des hauts fonctionnaires qui dirigent Bercy ? Le nom de la personne la plus influente de France, celle qui occupe les fonctions de Directeur du Trésor ? On ne la dénoncera pas ici. Même les ministres, sous Macron, sont des inconnus. Luc Ferry, conseille ces jours derniers au Président de s’entourer de « poids lourds », de la politique, c’est-à-dire de personnalités connues des Français. Cet avis n’a que l’apparence de la pertinence, car ce ne sont pas les Ministres qui font les décisions. Les têtes de gondole qui accepteraient de faire de la figuration ne seraient que des marionnettes aux mains d’une Administration défaillante, virtuose de l’inaction et de l’irresponsabilité, qui ne songe qu’à se couvrir.
La crise du Covid a illustré ce fait. Le Gouvernement, devant le silence assourdissant des caciques de Bercy, a recruté de nouveaux décideurs du même tonneau, mais dans le monde de la santé.
Brusquement, on a appris qu’il existait une haute autorité de santé. Plus haute que quoi ? Et qu’il nous fallait lui obéir. Tout aussi soudain, on a su que nous devions faire nos dévotions à la science. Le mot « scientifique » est devenu le plus utilisé dans les médias. Souvent par des gens qui, au demeurant, avouaient ne rien savoir.
Cela n’était pas surprenant, car qu’est-ce que la science sinon un ensemble d’hypothèses réfutables par l’expérience et qui y résistent. Or, dans une situation inédite, l’expérience manque cruellement.
Le plus ahurissant a été de constater que le Gouvernement sous-traitait aussi la morale à un Comité d'éthique.
Nos vrais maîtres d’aujourd’hui, nous ne les avons pas choisis et ils nous sont invisibles, il est vain d’espérer les interroger sur les raisons de leurs décisions. Elles résultent de leur autorité, la pire des provenances. Leurs oukases sont sans appel, et souvent aussi incompréhensibles qu’injustifiables.
Le pire dans cette situation est que nos hauts fonctionnaires des finances ou de santé sont inamovibles. Ils sont là pour toujours, et n’étant responsables de rien, ils ne rendront jamais de comptes.
Dans cette aventure, les politiques du gouvernement sont des lampistes. Ce qui n'exclut pas l'arrogance des impuissants. Leurs actes d’autoritarisme dissimulent mal qu’ils sont quantité négligeable, car ils ne font que subir les événements. Ils présentent leurs décisions comme étant les seules options possibles, et ils sont sincères, ce sont les seules que les Services leur ont présentées.
La pandémie actuelle montre que loin de rechercher le bien de la population, l’Etat, dont le corps est l’Administration et la tête les Grands Commis, cherche d’abord à se protéger, à pérenniser son pouvoir, choisissant toujours les solutions qui ne présentent aucun risque pour la fonction publique même si celles-ci provoquent la ruine du pays. De telles mauvaises actions seront impunies, car l’Etat est par nature irresponsable.
Si Emmanuel Macron veut conquérir la confiance des Français, comme il l'a fait par le Grand Débat, lors de la crise des Gilets jaunes, il devra se retrousser les manches et cesser de se soumettre à la dictature de l'élite d'Etat. Le pays n'attend que cela, tant la situation actuelle le plonge dans l'angoisse.
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