Crier au loup
- André Touboul

- 26 mai 2020
- 3 min de lecture

Le Gouvernement relayant les avertissements de ses hauts experts, qui se sont révélés jusqu’ici surtout hautement ignorants, n’a cessé de mettre en garde, parfois même en menaçant, contre la fameuse deuxième vague.
Elle devait fatalement se produire après le déconfinement, comme la réplique d’un tremblement de terre, suit inévitablement le séisme.
Cette deuxième vague, était prédite par les experts en prédictions erronées et en particulier par l’Imperial College britannique qui s’est royalement trompé.
La théorie de ces éminents spécialistes était que le virus devait atteindre au moins 70 % d'une population pour que celle-ci bénéficie de l'immunité collective, c'est à dire que la propagation en soit suffisamment ralentie. D'où l'idée que le confinement pouvait stopper la contagion, mais qu'y mettre fin la verrait inexorablement reprendre, vague après vague.
Ce principe du stop and go nous condamnait à un arrêt économique sans fin, ou pratiquement jusqu’à ce que mort s’en suive. Selon Neil Ferguson, l'épidémiologiste britannique, son honorable auteur, il aurait fallu alterner à sept reprises le confinement et la vie "normale" avant de faire disparaître le virus (ou jusqu'à la découverte d'un vaccin), soit jusqu'en... 2022 !
Ironie du destin, ce conseiller très spécial de Boris Johnson a dû démissionner pour avoir personnellement enfreint les règles du confinement qu’il avait contribué à élaborer.
Il avait choisi d'ignorer que la plupart des virus ont une durée de propagation et de nocivité limitée. Il était donc improbable que le virus Corona 2019 soit un mutant tel que ses super-pouvoirs lui permettaient d’échapper aux caractère habituels de son espèce qui les fait proliférer de préférence, sinon exclusivement, dans des conditions de température propices.
On a pu observer que conformément aux caractères habituels de ses semblables, il se développe un peu partout dans le monde dans les abattoirs où la température est maintenue entre 8° et 10°, malgré toutes les précautions de distances physique, de masques et d’hygiène.
C’est pourtant la théorie de l’immortalité du virus chinois de 2019 qui a été retenue pour fonder la prédiction de vagues successives.
Il est normal que, dans des circonstances inédites, l’on envisage les pires des scénarios. La Loi dite de Murphy énonce en effet que “s’il y a une possibilité pour que les choses tournent mal, c’est ce qu’elles feront”. On parle aussi de prédictions auto-réalisatrices quand n'évitant pas le danger, la peur le précipite. Il est tout aussi vrai que gouverner, c’est prévoir, bien que cet adage ait été quelque peu perdu de vue s’agissant des précautions à prendre en matière d’épidémie.
Cependant, on peut s’interroger sur le choix du pire parmi les éventualités de la part d’un Gouvernement qui a en charge le moral et la santé économique de la population, tout autant que sa protection contre les maladies.
Dans la crise de la Covid-19, le Gouvernement a laissé paraître sa panique, et n'a pas craint de provoquer le R-zéro du moral de la population française. Pourtant chacun sait que l'espérance et son cousin l'optimisme sont des éléments essentiels de la bonne santé.
On a le sentiment que, pour n’avoir pas su prévoir l'approvisionnement des moyens de combattre l’épidémie, nos dirigeants ont pris plaisir à peindre l'avenir en noir, à multiplier, comme par compensation, les avertissement de prudence excessive, et à agiter le spectre d’une deuxième, voire de plusieurs vagues successives de la contagion.
Mais l’un ne compense pas l’autre, on ne se rachète pas de sa négligence en criant au loup quand il n’y en a pas. Il est naturel et même obligatoire de préparer les instruments de lutte contre un retour inopiné de la maladie, mais délirant de transformer cela en une psychose sociale. Le Gouvernement n’y aura rien gagné en crédibilité, à cet égard son capital était déjà presque nul du fait de ses mensonges éhontés dans l’affaire des masques et des tests. La pénurie de confiance aura été une malédiction française, car la plupart de nos voisins en ont été épargnés.
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