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La question éthique est-elle subsidiaire

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 26 mai 2020
  • 2 min de lecture


Pour respecter les canons de la probation scientifique, les autorités médicales ont rappelé qu’il était nécessaire de pratiquer des études “randomisées”, joli mot pour dire que l’on constitue deux groupes de patients, l’un a qui l’on administre un traitement dont l’efficacité est testée et l’autre qui reçoit un placebo. Ainsi les effets d’un protocole peuvent être évalués. Avec les rats de laboratoire, le procédé est sans difficulté. S’agissant d’humains, il est nécessaire de recueillir l’accord des cobayes. La question qui pose problème n’est pas, voulez-vous tenter une médication qui n’a pas fait ses preuves, mais: Êtes-vous d’accord pour risquer de ne pas être soigné ?


Dans les situations où l’on sait que la mort est au bout, il faut être idiot pour répondre par l’affirmative.

Passer outre en pratiquant des choix sans en prévenir les intéressés est une tromperie, voire un crime.


Si l’étude européenne annoncées à grand renfort de trompette sous le nom de Discovery a été un échec, seule la France ayant pu réunir un nombre d’ailleurs insuffisant de patients, c’est que la plupart des médecins se sont refusés à tromper leurs malades. Il est naturel et légitime que les proches des victimes souhaitent que la lumière soit faite à cet égard. La confiance dans le monde médical est en jeu.


Mais il y a pire. On doit savoir si les recommandations faites de ne rien prendre d’autre que le paracétamol n’ont pas été dictées par le souci de voir arriver à l’hôpital des cobayes vierges de tout traitement. Si tel était le cas, les responsables devront en rendre compte car l’influence de cette absence de soin sur la gravité de la maladie et donc le nombre de décès mérite d’être interrogée. Il ne suffira pas de prétendre que l’on ne connaissait pas de traitement dont l’efficacité fut prouvée. En effet, le traitement le plus inefficace est celui que l’on n’a pas tenté.


L’Enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on, mais il l’est surtout de calculs sordides.


La pandémie de la covid-19 que l'on présente, à juste titre, comme un progrès dans les égards que les sociétés de par le monde prennent pour la santé, et particulièrement des plus fragiles, aura été aussi l'occasion de constater que pour certains la question éthique restait subsidiaire.





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