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Attention, peuple méchant !

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 16 juin 2020
  • 2 min de lecture

On n’entre pas raciste dans la police, on le devient, constate le sociologue Michel Wievorka. Dit autrement, le pêcheur a bien du mal à se débarrasser de l’odeur du poisson. Cela voudrait montrer que les délits sont corrélés avec l’origine ethnique, et les uns et les autres avec les conditions économiques.


Ainsi la difficulté des fins de mois, la pauvreté seraient des obstacles dirimants au respect de la loi. Une autre version de l’état de nécessité, de celui qui vole une pomme pour ne pas mourrir de faim. Dans un pays où la redistribution est la plus forte au monde, et les aides sociales aussi massives que l’objet de fraude, on a du mal à souscrire à cette version hugolienne des Misérables.


De fait, on « devient raciste » dans la police, simplement parce que c’est le lieu de l’exercice direct de la contrainte étatique. Leurs fonctions placent les policiers dans une situation très exposée. Non pas parce qu’ils sont confrontés au monde réel, mais parce qu’ils sont autorisés et chargés d’y faire sentir la main puissante de l’Etat.


L’hostilité culturelle est une dimension animale de l’être humain. Le rôle de la civilisation est de la maîtriser. Ce mauvais fond resurgit dans les circonstances dramatiques, et ceci d’autant plus facilement que les pulsions sont libérées par l’exercice décomplexé de l’usage de la force.


La leçon que l’exécutif devrait tirer des bavures policières est qu’il a certainement lui-même trop usé de la contrainte vis à vis du peuple français. Il pourra fixer des barrières aux gestes des policiers, ce sera leur lier les mains quand leurs missions sont absolument nécessaires, mais ne les civilisera pas pour autant.


Le Gouvernement, qui ne respecte pas le peuple et veut le mater, aura une police brutale. C’est donc avec une main tremblante que nos technocrates doivent peser chaque contrainte qu’ils imposent aux citoyens.


Dire, comme l’a fait Edouard Philippe lors du déconfinement que « la liberté redevient la règle » est significatif de la dérive du pouvoir ; la liberté n’aurait jamais dû cesser d’être la règle, et l’on aurait dû mesurer avec parcimonie les restrictions à celle-ci.


Le Gouvernement aurait tort de faire porter toute la responsabilité à une police qu’il sollicite de manière excessive. Quand on le bat, le chien mord le bâton pas la main qui le tient. Mais cela le rend méchant. Si l’on continue dans cette voie de la coercition, on devra inscrire aux portes de la France « attention, peuple méchant !».



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