Purger la France de son mal technocratique
- André Touboul

- 16 juin 2020
- 2 min de lecture

De par l’incompétence des élites, et l’irresponsabilité des médias, le pouvoir est dans le caniveau, il suffit de se baisser pour le ramasser. De quelque côté que l’on se tourne, il n’y a plus âme qui vive sur l’échiquier politique. La démocratie est un désert aride. Les élus ont laissé les clés de la boutique à des bureaucrates qui croient tout savoir et n’y entendent rien. Le pouvoir législatif est aux abonnés absents. L’exécutif titube d’échec en catastrophe.
Au sommet de l’Etat, on croit naïvement pouvoir combattre le populisme par du peoplisme : Bigard contre Le Pen ? Confondre le peuple français avec la vulgarité dépasse les bornes du risible.
Entre temps, la soumission de Macron à Bercy se confirme chaque jour. L’énarque Pierre Moscovici qui avait accusé il y a peu Emmanuel Macron de traîtrise envers Hollande, est, nonobstant, nommé par lui à la première présidence de la Cour des Comptes. Après la désignation de l’énarque Castex au déconfinement, c’est la preuve renouvelée que le pouvoir est entre les mains d’une poignée de plus en plus restreinte de comparses qui dictent leur loi au Président de la République.
Oublieux de leurs responsabilités, les médias assistent à cette déconstruction de la démocratie, quand ils n’y participent pas avec entrain, confondant dépendance et mise à feu et à sang de tout ce que la France compte d’élus.
L’une des moyens de démolition médiatique de la République est le sondage d’opinion. Le système de la démocratie représentative est l’opposé du gouvernement par l’opinion publique. Le premier est construit pour permettre la réflexion et la compétence dans les décisions complexes et difficiles, son corollaire est la responsabilité dans les choix. L’opinion, qui est aujourd’hui reine, est, elle, versatile, émotive, peu éclairée et irresponsable. Elle est son propre tribunal. Ses idées sont préconçues par d’autres qui s’y entendent à la manœuvrer. En donnant, chaque jour, le pouls de l’opinion sur la popularité du chef de l’Etat, les médias croient informer, ils participent à la loi de Lynch.
Pour conjurer le péril en la demeure, il suffirait de mettre fin par référendum au statut de la fonction publique pour les hauts fonctionnaires. Cette hyper-protection dont ils jouissent est la mère des inséparables jumelles : l’irresponsabilité et sa sœur siamoise l’incompétence.
Ce n’est qu’à ce prix que l’on peut espérer faire cesser l’injustice qui frappe un peuple de précaires. Une partie des Français savaient déjà en faire partie, la crise sanitaire a révélé aux autres leur vulnérabilité. Une situation intolérable face aux garanties à vie d’une fonction publique pléthorique, mais surtout irresponsable et incompétente à son sommet. Ce sort est inacceptable quand les productifs qui sont seuls soumis aux incertitudes économiques doivent “nourrir” deux fois plus de privilégiés.
Un nouveau contrat social entre l’Etat et le peuple exige que l’égalité de traitement entre le public et le privé soit mise en œuvre et que l’on cesse de se gargariser avec une pseudo-lutte contre les inégalités, sans accepter de voir la plus criante d’entre elle, l’incertitude devant l’avenir face aux garanties à vie.
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