United colors
- André Touboul

- 16 juin 2020
- 4 min de lecture

Sur le racisme on a tout dit. L’anti-racisme, le racisme à rebours. On en a fait des tonnes. On défile, on se défile, on proteste et on ergote.
Il n’est pas bien sérieux de jouer les héros en revendiquant ce sur quoi tout le monde est d’accord. Qui dira aujourd’hui qu’il est raciste ? Personne.
On se jette, néanmoins, la vaisselle au visage avec la plus grande mauvaise foi, on s’insulte réciproquement se traitant mutuellement de racistes.
Les oppositions cachent d’autres intérêts, d’autres arrières pensées.
La mort de Georges Floyd est déplorable, mais son assassin n’était pas un policier comme les autres ; plusieurs fois sanctionné, il aurait dû être éjecté de la police bien avant le drame. On peut parler de dysfonctionnement de l’institution. La victime, elle-même, n’était pas exactement Monsieur Tout le Monde ; condamné à cinq ans de prison pour braquage à main armée, Droit à la seconde chance, il devait être présumé avoir regagné le droit chemin.
Malgré le battage médiatique autour ce fait divers que l’on travestit un peu vite en fait de société, il n’est même pas certain que l’assassinat ait un réel effet sur l’élection à venir.
Dans ce psychodrame, les américains essorent leur linge sale à la face du monde avec complaisance, pour le plus grand profit de leur industrie cinématographique qui en tirera moult scénarios à succès. Toute cette agitation finira par quelques poignées de dollars en plus. Oui, le cinéma, c’est l’Amérique. Et sur les écrans que voit-on ? Les acteurs vedettes sont MM. Denzel Washington, Will Smith, Jamie Fox, Samuel L. Jackson, Morgan Freeman, Forest Whitaker... pour ne parler que des plus célèbres des acteurs que l’on aime voir évoluer, et dont la renommée est mondiale. Si le peuple américain est raciste, il le cache bien, car ses héros d’aujourd’hui sont en grande majorité noirs.
Cette affaire typiquement américaine qui s'inscrit dans l'histoire d'une nation où les deux guerres fondatrices furent contre la colonisation britannique et contre un esclavage dont les acteurs ne sont pas sortis d'un seul coup, n'est pas transposable en Europe, ; ce vieux continent dont l'honneur est de ne l'avoir jamais toléré sur son sol et d'en avoir décrété l'abolition dans ses colonies d'Amérique.
En France, nonobstant, où la fascination de l’Amérique est toujours à l’œuvre, on a dû, pour faire bonne figure, exhumer une affaire douteuse vielle de quatre ans. On n’a pas trouvé de cas plus convainquant, ni plus récent. Et c’est heureux. Pourtant, pour faire progressiste, on a grossit le trait. Ouf ! Nous aussi, nous avons nos violences policières racistes.
Bien sûr, il y a des attitudes ou des propos racistes, en France, et aussi homophobes, antijuifs, islamophobes ou sexistes. Mais ils n’ont pas plus de portée que n’en ont des imprécations. Et il y en a plutôt moins dans la police que dans le reste de la société. Il est injuste d’ériger l’exception en règle.
Pour que cela demande de sonner le tocsin, et une mobilisation générale, il faudrait que ces mots de trop se transposent en actes. Parler de discrimination systématique est une extrapolation qui manque singulièrement de preuves.
La dénonciation des contrôles au faciès a du succès dans les cercles de bisounours ; mais si l’habit ne fait pas le moine, il en est l’indice, alors, si l’on s’habille en loubard, il est inévitable que les limiers viennent vous renifler. La couleur n'a ici pas d'importance.
La vraie preuve de discrimination serait de montrer que les erreurs judiciaires concernent tel ou tel groupe ethnique. Il ne suffit pas d’énoncer que les emprisonnés sont plus ceci ou cela ; cet état de fait résulte de la délinquance, et ne prouve pas, à soi seul ,un préjugé racial judiciaire ou policier. En réalité ceux qui psalmodient sur la discrimination ne savent pas de quoi ils parlent, ils n'ont pas connu ce qu’était la discrimination nazie.
Le procès en racisme fait à l’ensemble des Français est mal venu, car c'est une insulte. Les braves âmes qui de bonne foi prennent ce chemin se font manipuler par ceux qui au fond ne rêvent que de prendre le pouvoir à la faveur d’un grand soir. S’ils avaient une alternative à proposer, on pourrait l’examiner, mais ils ne sont que des activistes qui veulent le pouvoir pour le pouvoir. Ces exploiteurs de la crédulité utilisent les bons sentiments comme des détonateurs. Ils ont leurs idiots utiles, comme ces rappeurs débiles ou ces activistes qui veulent mettre à bas la statue de Colbert. Mais pourquoi s’arrêter à ce Ministre. Il faut détruire Versailles, car c’est Louis XIV qui lui a ordonné de faire rédiger le Code Noir, une atrocité, à l'aune de notre société ; mais à relativiser selon les mœurs de l’époque où la torture était un mode d’administration usuel de la justice, et qui constituait un commencement de droit dans une situation où il n’y en avait aucun pour les esclaves.
Ceux qui réveillent ces vieux démons communautaristes savent que les Français que l’on injurie en les traitant de racistes se rebiffent, et que le résultat inévitable est d’accentuer les tensions. La manœuvre fonctionne puisque l’on parle désormais de racisme anti-blanc.
Il serait temps de rappeler à tous le slogan de Benetton “United Colors”, et que si personne n’a à s’excuser de ce qu’il est, chacun doit rendre compte de ce qu’il fait.
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