Non, cher confrère, vous ne nous ferez pas taire !
- André Touboul

- 5 sept. 2020
- 3 min de lecture

Devenu Garde des sceaux, Monsieur Dupond-Moretti a oublié ce que l’on apprend à l'examen du barreau. Le respect du contradictoire. En disant : « on doit se taire » après le drame du viol suivi d’assassinat par un multirécidiviste, il veut imposer le silence à ceux qui ne partagent pas son avis. De quel droit ? La liberté d’expression s’impose à lui, qu’il le veuille ou non. Comme toujours la démocratie encombre ceux qui parviennent au pouvoir par inadvertance ou par effraction. Et sans surprise, l'ex-ténor des prétoires taxe de populisme, toute interpellation. Et tant pis si, par ce qu'il veut être une insulte, il légitime des extrémistes qui n'en espéraient pas tant.
On apprend qu'il n'y a eu aucun manquement dans le suivi de l'assassin violeur. La corporation se défend, mais très mal, car s'il n'y a pas eu de dysfonctionnement, c'est que le système est mauvais, et qu'il faut en changer.
Quand il refuse le terme d’ensauvagement, qui est assez mesuré et même faible en considération des quartiers de non-droit qui se multiplient, Dupond-Moretti montre qu’il ne sort que très rarement de son 7ème arrondissement, et ne pratique les criminels que quand ils ont été arrêtés, et mis hors d'état de nuire. A moins que ce ne soit, à nouveau, le déni d’une réalité qui gêne dans un discours idéologique médiatiquement correct, auquel il se soumet. Parvenu Place Vendôme grâce à la télévision, il en connaît la puissance.
Sans vergogne, encore, Dupond-Moretti ressert la vieille lune du "sentiment d’insécurité", un bon avocat peut décidément être un piètre politique. En effet, il ne comprend pas - en agitant des chiffres, dont on sait qu'ils ne prouvent rien que l'habileté de ceux qui les confectionnent, - qu'il s'agit d'une exigence de la population. Ni un fait brut, ni un sentiment. Il fut un temps où l'on ne sortait pas la nuit dans Paris, sans être armé d'une canne épée. Mais, justement, les Français ne veulent pas le retour de cette société là. Quand quelqu'un a faim, lui parler de "sentiment de faim", c'est le prendre pour un idiot. Mais il faut l'être pour ne pas comprendre que les Français ont aujourd'hui faim de sécurité.
On pouvait espérer que, personnalité atypique, il bousculerait une Justice engluée dans des pratiques liberticides quand il s’agit de pourchasser les puissants, lente et laxiste avec les vrais délinquants et pour couronner le tout : soumise à des dérives partisanes. Il n’en sera rien, Dupond-Moretti a choisi son camp, il s’est soumis à l’appareil judiciaire. Dans le fond, les grandes gueules ne sont pas celles qui font bouger les lignes.
Bientôt, n’en doutons pas, il présentera des mesures pour satisfaire le microcosme parisien des intellos-gauchos-ringards qui ont la main sur les médias, et il présentera ses réformes comme des « avancées » (vers où ?) et du courage, mais qui ne seront que de la veulerie.
La dernière trouvaille de Monsieur Dupond est de "faire appel à l'armée" pour rééduquer les délinquants. De quoi s'agit-il ? De bataillons disciplinaires ? Evidemment, non. De leur enseigner le maniement des armes ? Quelle mauvaise idée ! Ou alors, il veut transformer nos militaires en travailleurs sociaux...
Dupond-Moretti, veut marquer son passage à la Justice, mais n’est pas Badinter qui veut. Annoncé comme un épouvantail, propre à effaroucher le juges, il se comporte, pour l'heure, surtout comme le chien de garde d'un système en perdition. Le garde des sots, en quelque sorte.
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