A s’en faire péter la sous-ventrière
- André Touboul
- il y a 6 jours
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Les débats sur l’augmentation des impôts que l’on jure de ne pas vouloir alourdir, mais « nécessaire » du fait d’une dette non maîtrisable, sont pitoyables.
On néglige, en effet deux évidences. La première est que c’est l’excès du volume des prélèvements obligatoires qui est à l’origine de la dette et de son creusement. La seconde est que le remède est pire que le mal, la machine étatique étant d’une boulimie telle que plus on remplit sa mangeoire, plus elle a faim et qu’il est prévisible qu’elle finira par s’en faire péter la sous-ventrière. Ce n’est pas le manque d’argent qui tuera l’Etat, mais son abondance.
Dans un régime économique mixte, c’est-à-dire mi-libéral, mi-dirigiste, on parle de faire payer les riches, de prendre l’argent où il est, et l’on se réfère, implicitement ou avec ostentation, à Robin des bois pour dire qu’on le distribuera aux pauvres.
On s’étonne ensuite, comme Emmanuel macron, qu’après avoir dépensé « un pognon de dingue » dans la redistribution, il y ait toujours autant de pauvreté.
Ce phénomène est dû à ce que les « riches » ne le sont pas par hasard, mais de par le fait qu’ils sont en mesure de dicter leurs conditions dans la compétition économique. Ils sont donc en position de répercuter les effets des prélèvements sur les catégories inférieures en termes de facultés de négociation.
L’agent économique étant constitué d’anticipations, les « riches » se sachant futurs contribuables, auront tendance à accentuer la répercussion, par prudence. En conséquence, les classes sociales dont les revenus sont fixes (retraités, pensionnés, allocataires) ou visqueux (salariés, fonctionnaires) subiront de facto, le poids des mesures fiscales au-delà même de leur nominal. Si l’inflation vient à s’accentuer, le transfert de charges sera accéléré et facilité.
Les moyens de faire supporter à autrui le poids de la fiscalité ne manquent pas. Il y a des moyens légaux, mais aussi ceux de l’économie grise. Dans ce dernier cas, certains travailleurs sont rémunérés au noir, en partie. Ils en payeront les conséquences au jour de leur prise de retraite pour laquelle ils constateront les effets d’un manque de cotisation. La fraude à la TVA est aussi une réponse systémique qui pèse sur les rentrées du Trésor public.
On voit ici que quand la mécanique infernale est engagée, la seule réponse efficace est de supprimer le marché sur le plan des revenus. C’est la solution soviétique dont on sait qu’elle conduit à la faillite.
Rétablir la santé financière de l’Etat passe en réalité, chacun le sait, par une diminution des dépenses.
Hélas, cette évidence se heurte à un problème mécanique qui tient au fait que ce sont ceux qui vivent et profitent de ces dépenses publiques qui sont chargés de définir les postes budgétaires sur lesquels pourraient porter les économies.
Si les dirigeants de grands services administratifs recevaient une feuille de route fixant des objectifs, et s’ils étaient remerciés en cas d’échec, comme cela se fait dans le privé, nul doute que la philosophie impossibiliste qui règne dans les Administrations, s’agissant des dépenses que l’on ne peut réduire, aurait moins de défenseurs.
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