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Au festival des Jocrisse, on a froid dans le dos

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 2 févr. 2021
  • 3 min de lecture

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On s’y attendait, la Commission Européenne a failli. Quand ? Comment ? En menaçant la Grande Bretagne de sanctions si Astra Zeneca ne respectait pas ses engagements.


La faute « impardonnable » aurait été d’avoir perdu de vue que l’Irlande du Nord était un problème en cas de restrictions douanières. On est tenté de dire : Et alors ? Ce problème se posera forcément un jour où l’autre, et l’affaire des vaccins était une excellente occasion de montrer les dents.

Mais les Européens n’aiment rien tant que de se fustiger et de dénigrer leurs institutions tout autant que d’encenser l’agilité britannique, même quand, d’évidence, il y avait dans les louvoiements du pharmacien anglais un mauvais procédé de Monsieur Johnson.


Les adorateurs du populisme échevelé à la Boris que l'on dit chic, dieu sait pourquoi, oublient que les records de vaccination du Royaume Uni sont intervenus dans le cadre d’une mortalité maximale, et consistent surtout : d’une part, à vacciner en masse avec un produit maison principalement actif sur des jeunes, seulement susceptibles d’être des porteurs sains, et, d’autre part, en divisant les doses ou retardant les rappels. Une politique de l’affichage, semblable à celle d’Olivier Véran quand il multipliait les tests sans se soucier de leurs résultats.


L’effet du « coup de gueule » de la Commission est que les laboratoires ont fait marche arrière et promis d’augmenter les livraisons. La presse continentale a préféré insister sur le « rétropédalage » de la Commission, et chacun d'insister sur les insuffisances d'une Europe coupable de tous nos maux.


Et bien entendu, les « je-sais-tout » des couloirs de Bruxelles ont présenté la chose comme une boulette de la Commission. Toujours l’arrogance de nos hauts fonctionnaires, les Français en tête, qui eux n’auraient pas fait d’erreur, puisqu’ils sont infiniment compétents.


Cette compétence, on a justement pu en mesurer l’immense étendue dans la gestion logistique de la crise sanitaire, à tous les niveaux. Un peu de modestie, sinon d’humilité aurait été d'une élémentaire décence.


Le plus désolant est de constater le feu d'artifice de critiques anti-européennes de la part d’une presse qui oublie qu’elle n’assiste pas à un match de football, mais à un combat dans l’intérêt de nos peuples et de chacun d'entre nous. Dans ce cas seuls les Jocrisse croient se mettre en valeur en tirant sur le pianiste.


Au début de la pandémie, les questions de santé n’étaient pas de la compétence européenne. On a vu les résultats. Pour la première fois, sur les commandes de vaccins mandat a été confié à la Commission. Croit-on que la France aurait eu plus de poids que l’Union pour exiger que Pfizer et/ou Astra Zeneca honorent leurs engagements ? Et d’ailleurs en auraient-ils seulement pris ? On a vu pour l’épisode des masques quelle a été l’efficacité foudroyante de notre Administration. Il aurait, sans doute, fallu s’en remettre aux grands distributeurs privés ou au collectivités locales pour passer des commandes qu’ensuite nos fiers Préfets aurait pu réquisitionner. Quand on y pense, on a froid dans le dos.


Le sommet du ridicule est atteint par ceux qui comparent la situation de pays qui ont mis au point un vaccin national et l’Union Européenne qui n’en a pas. Le tour de force de la Commission est d'avoir su passer de contrats avec des laboratoires qui bénéficiaient d'un marché intérieur. Les Français devraient se féliciter d'avoir obtenu de mutualiser les commandes. C'est sans doute la part allemande du Pfizer qui a joué pour l'obtention d'un coup de pouce de ce pharmacien, dont tous les membres de l'Union profiteront.




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