Au royaume des aveugles, les muets sont rois
- André Touboul

- 26 juin
- 5 min de lecture

On les avait oubliés dans le silence qui précèdait l’explosion des mégabombes américaines. La paix de Trump proclamée, sûrement fragile, certainement illusoire, on les retrouve pataugeant dans leur médiocrité quotidienne. C’est le personnel politique français, celui que dit-on, on mérite.
Ce qui reste du PS se rabiboche avec les LFI pour tenter de censurer le Gouvernement Bayrou sur la question « hors du temps » des retraites. De la poudre aux yeux, sans risque de se retrouver devant les électeurs, car le RN ne suit pas. Les LR, bien que réunis sous Retailleau, sur injonction massive de leurs adhérents, continuent de se « nuancer », non pour ratisser large, mais afin d’être sûrs de perdre encore une fois. Reste une constante pour eux, l’interdiction de pactiser avec le RN, bien qu’il soit de plus en plus difficile d’expliquer pourquoi ce serait « l’union impossible ». Au RN, plus Marine Le Pen envisage d’être empêchée de se présenter en 2027, plus le parti apparait comme sa chose. Mélenchon et ses séides continuent à agiter des drapeaux palestiniens auxquels ils viennent d’ajouter celui de l’Iran. Et pendant de temps là, Macron persiste à parler en zig-zag… pour ne rien dire, puisqu’il ne peut rien faire.
Nos irresponsables feignent de ne pas voir que le monde se retourne et s’en va sans eux. Leur rengaine, d’un autre âge, reprend. Et les voici réclamant tous plus de pouvoir d’achat et moins de travail. Plus de sécurité, et moins de sécuritaire pour l’obtenir. Ce sont des enfants gâtés par les dividendes de la paix, qui refusent de voir qu’il est urgent de devenir adultes, car au grand casino des affaires du monde, rien ne va plus, et les jeux sont faits... ou presque.
A en croire l’élite politico-médiatique, les Français se sont résignés au déclassement, au « sentiment » d’insécurité, au naufrage identitaire, au grand délitement. On tend vainement l’oreille pour entendre une seule voix qui appelle au redressement économique et moral de la France, l’un n’allant pas sans l’autre.
Imperturbable sur le chemin des enfers, on persiste dans ce qui a échoué pour conjurer la dégringolade, et bien entendu elle se précipite.
Les minutes de silence, les marches blanches, les homages posthumes, sont les seules réponses couardes qui ponctuent les séries de crimes qui sont révélatrices d’une société malade que les émeutes enfièvrent périodiquement, sans la guérir.
Notre représentation élue est pourtant sommée par la majorité silencieuse de parler et de dire ce que le peuple français voit. Il faudrait pour cela que nos politicards suivent le précepte de Charles Peguy : « D’abord, voir ce que l’on voit ». Puis, parler vrai. Pas, comme à l’habitude de nos élus dans une langue de bois faite pour ne rien dire, ou ce qui revient au même déplorer que l’on ne peut rien faire. Cette impuissance le Conseil Constitutionnel vient, une fois de plus de la confirmer en édulcorant la loi Attal sur la minorité pénale, comme il avait émasculée la loi Darmanin sur l’immigration.
Les uns et les autres font tout pour nous convaincre que l’État de droit, dont ils mésusent, et qu’ils invoquent hors de propos, est la source de tous nos maux. Dans la marine, on appelle baraterie le sabordage d’un navire par son équipage. C’est ce que notre classe dirigeante s’applique à opérer, paraissant mue par la croyance qu’elle pourra sauter hors du bateau avant qu’il ne coule. Pourtant chacun sait que les trous dans la coque financière vont l’entraîner par le fond, si soudainement que nul n’en réchappera.
On brûle de rappeler à ces cloportes qui prétendent nous gouverner que le rôle des politiques est non seulement de voir, de prévoir, mais aussi de rendre possible l’impossible.
Est-il impossible de sortir de la culture de l’explication qui excuse ? De celle qui culpabilise un peuple qui n’en peut mais, présentant les Français comme « tous des racistes », pour employer le titre d’une récente émission « engagée » du service public?
Est-il inconcevable de respecter la volonté, pour une fois exprimée majoritairement par l’Assemblée Nationale, de prendre du recul sur une décarbonation brouillonne et irréfléchie, comme vient de le faire le Gouvernement qui court-circuite par un décret la loi réclamant une pause sur la programmation énergétique en ce qu’elle cède à la religion de l’éolien ?
Est-il absurde de mesurer l’immigration à l’aune de la capacité de la société française d’accueillir les arrivants autrement que comme un nouveau prolétariat, et de faire le tri entre ceux qui viennent par amour de la France et ceux qui rêvent de la détruire ?
Est-il impensable d’exiger que le seul drapeau qui ait droit de cité soit notre tricolore, et non celui des Palestiniens, de l’Iran des Mollahs, ou même des Ukrainiens, sans que ce patriotisme soit trainé dans la boue ?
Sur tous ces sujets de mécontentement, on est en droit d’espérer une parole publique saine et salvatrice.
Dans le « même temps », et oui, à l’inverse, on apprécierait une bonne minute de silence d’Emmanuel Macron dont la pensée, que l’on dit complexe, est celle d’un roi Dagobert qui met ses idées à l’envers. Sa parole est reversible et confuse. Dans le monde tel qu’il est devenu, il faut choisir son camp. Et faute de pouvoir montrer les muscles de ses biceps, puisque l’on n’en a pas, il faut modérer ceux de sa langue .
Car, au fond, peu importe le côté que choisit Macron, la France étant désormais sur le banc de touche du terrain géopolitique. Il reste vrai que le macronage permanent nuit à notre pays, qui perd toute fiabilité. Qui peut se fier à celui qui appelle à une coalition contre le Hamas, puis se propose de reconnaître à contre temps un Etat palestinien ; et au même qui proclame le droit d’Israël à se défendre en s’en prenant au nucléaire iranien, puis appelle à un cesser-le-feu immédiat pour ne pas déstabiliser le régime des Mollahs. Avec un ami comme Macron, on n’a plus besoin d’ennemis.
Le plus significatif dans le déclenchement de la méga-frappe américaine est qu’elle est intervenue immédiatement après que sur l’impulsion de Macron, les européens se soient réunis avec le ministre iraniens des affaires étrangères pour « négocier », provoquant une réponse cinglante de l’urticant Donald Trump : les européens ne servent à rien. Quelques heures après les bombardiers furtifs décollaient armés jusqu’aux dents. Le message aux Mollahs était clair : « c’est avec moi qu’il faut parler ». Il a été entendu.
Ceux qui fustigeaient la réthorique de Trump, le qualifiant de TACO, Trump always chiken out, « poule mouillée », en sont pour leurs frais, comme ceux, souvent les mêmes, qui ont condamné la frappe américaine comme une entrée en guerre. Ils se consolent en prédisant que le programme nucléaire militaire iranien n’aura été retardé que de quelques mois, tant il est vrai que pour eux Trump a et aura toujours tout faux.
Il n’en reste pas moins que si le régime des Mollahs a mis les pouces, alors que le Président américain affirmait ne pas vouloir aller plus loin, ce ne peut être que par l’effet des méga-bombes US sur son programme atomique qui rend sa continuation problématique.
Pitoyables, les Européens qui n’ont pas de mots assez durs pour qualifier le Président américain, se dégonflent devant lui au sommet de l’OTAN. Ils tremblaient tous à l’idée de fâcher Trump, dont le désengagement les laisserait nus face à l’expansionnisme russe.
Il faut dire que les Etats-Unis ont un budget militaire dix fois plus important que la somme des leurs.
Tout est bien qui finit bien. Les Européens ont promis de porter leur effort à 5% de leur PIB, et Trump restera solidaire avec ceux qui lui achèteront des armes ; en tout cas, il l’a promis.
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