Candidature Zemmour ? Merci, non merci !
- André Touboul

- 29 juin 2021
- 3 min de lecture

En ce lendemain d’élections régionales et départementales perdues par l’extrême droite et l’extrême centre macronien, on voit fleurir d’étranges affiches sur les panneaux restés en place. On regarde une seconde fois, et l’on découvre un visage bien connu, celui d’Eric Zemmour. On lit, et l’on découvre qu’il y est inscrit : Zemmour Président.
On croit à un canular, il n’en est rien. Cet affichage est d’une grande ampleur. On se pose donc la question du sérieux de cette hypothèse.
La notoriété et le succès en librairie ou médiatique ne sont pas suffisants pour faire un destin politique. On est donc conduit à évaluer ce candidat qui voudrait s'inviter dans le grand bain, celui où l'on n'a pas pied et où l'on se noie si l'on ne sait pas nager.
On pourrait énumérer les insuffisances de Zemmour en économie où il patauge en donnant le sentiment de réciter des fiches sans les comprendre, sur le plan sociétal où il décline une nostalgie ringarde du glorieux temps du patriarcat, ou en géopolitique, registre dans lequel il en est resté au traité de Versailles.
Certes l’homme a beaucoup travaillé, surtout son dictionnaire des citations. Les Français adorent cela. Il existe même un site ETC (étale ta culture) pour les y aider.
Oui, avec intelligence et finesse Christine Kelly lui sert la soupe et manie la brosse à reluire. Il est souvent agréable à entendre, et parfois horripilant. Parfois ses raccourcis paraissent lumineux, ils ne sont pas toujours pertinents.
Mais, là n’est pas le rédhibitoire. Là où git le lièvre est qu’en politique, c’est à dire la confrontation avec l’élection, Zemmour est puceau. Et rebelote, il est aussi néophyte en exercice du pouvoir, n’ayant jamais été ministre ou même aux affaires de quelque manière que ce soit. Le choix des amateurs est une option que les Français ont déjà expérimenté avec les députés LREM, et en partie avec Macron. Ils en sont revenus déçus.
La démocratie est malade, mais pas à ce point. On peut prédire sans crainte de se tromper qu’il ne fera pas mieux qu’une autre people, Eva Joly, qui, elle, avait l’avantage d’être soutenue par le parti écologiste, alors que Zemmour est tout nu et ne peut que le rester, même si quelques mécènes semblent avoir décidé de miser quelques sesterces sur lui. Encore faudrait-il savoir avec quelles arrière-pensées.
Périodiquement, on voit des candidatures exotiques surgir dans ce type d’élection. Ce phénomène et l'engouement qu'il suscite dans les médias ne fait que révéler un désarroi profond des élites qui ne savent plus à quel saint se vouer, et s’inventent des icônes en papier mâché.
Si Zemmour ne veut pas que les valeurs conservatoires qu’il porte ne soient pas gravement compromises dans un fiasco électoral, il aurait intérêt à conserver le poste de prêche qui est le sien. Là, sans doute, il peut espérer continuer à briller et influencer l’opinion.
Le meilleur avis que l’on puisse lui donner est que la preuve la plus certaine de son intelligence serait de résister à la vanité de se prendre pour un grand politique, alors qu’il n'est qu'un grand polémiste.
Pour l’heure, l’agitation autour de sa candidature ne fait que surligner la médiocrité intellectuelle de Marine Le Pen, et déjà cela n’est pas rien.
Alors, merci Zemmour. Merci, mais non merci.
Ce que les Français attendent désormais, ce n'est pas du guignol people, mais un, ou une, réel candidat qui représente une droite dont les aspirations sont majoritaires, et s'agacent de devoir attendre.
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