Comme des images
- André Touboul

- 22 mai 2023
- 3 min de lecture

L’image du mois sera celle apparue sur les écrans de ce “sans dent” comme les appelait François Hollande avec son humour de plomb. Ce casseroleur embrigadé par les Insoumis pour pourrir la vie du Président Macron s’est trouvé présent lors de l’agression d’un certain chocolatier, sans lui porter assistance.
Tel est le visage de la France de Mélanchon, il est beaucoup plus prosaïque que le minois de Sophie Binet dont il sort de la bouche des serpents venimeux, mais effroyablement plus réaliste.
Les avocats des agresseurs du jeune Trogneux les présentent comme des débiles légers. Cela ne surprend guère. Il faut bien de la simplicité mentale pour s’en aller de par les rues scander les slogans concoctés par la Nupes et les Cégétistes.
Des images encore, celle du dauphin avorté des Insoumis pour cause de violence conjugale, dont la coupe de cheveux et le sourire glacial, fait pendant à l’image d’un Bardella, si propre sur lui et sanglé dans un costume bleu marine (évidemment). Ces deux jeunes gens donnent froid dans le dos.
Les apparitions ostensiblement bon genre de la fille Le Pen contrastent avec les prestations du séminariste Macron. Il s’en dégage un parfum de déjà vu, pour ne pas dire de dépassé. Leur avenir est derrière eux. Le Président s’est résigné à gérer la France, au grand dam des médias, mais au soulagement immense des Français à qui l’on va enfin ficher un peu la paix, comme dit la chanson de Maurice Chevalier. Quant à son adversaire malheureuse, on voit bien qu’elle se rêve un destin à la Mitterrand. Hélas pour elle, heureusement pour la France, il lui manquera un Programme Commun et un Parti Communiste à enrôler pour l’emporter. Le Rassemblement National ne rassemble que lui-même, et son programme fait figure de saut à pieds joints dans l’inconnu. Les électeurs Français sont certes las des Partis dits de Gouvernement qui produisent une fatigue démocratique, voire des courbatures, mais ils ne sont pas fous au point de donner les guides du char de l’Etat à des cancres déguisés en premiers de la classe. Les Lepénistes ont beau faire des efforts pour paraître fréquentables, personne ne voudra s’acoquiner avec eux.
Laurent Berger s’en va. On l’a porté aux nues. Il a uniquement montré que sous sa mine bonasse, il avait un caractère buté. Ses partisans qui le voyaient déjà entrer en politique par une porte triomphale doivent déchanter. Le voilà réduit à tendre la sébile pour quelques maravédis.
Madame Borne semble jouer le personnage de Mme Pète-Sec, institutrice indifférente au chahut des mauvais élèves. Elle réussit l’exploit de donner l’impression d’échouer en accomplissant néanmoins la feuille de route que lui a assignée le Président. Elle contraste avec l’entrain des trois cheveaux légers, Attal, Beaune et Dusopt, fines lames qui font merveille là où le Prince les place.
Darmanin fait du Darmanin, il surjoue au dur, mais reste un cogne-mou.
Bruno Le Maire reste transparent, malgré ses efforts pour faire parler de lui.
Invisible, Edouard Philippe a fait sa mue. Ce technocrate si sympathique que l’on oubliait que son sourire était celui qui avait mis dans la rue les Gilets jaunes et fait capoter la réforme des retraites à points, ce type au poil a perdu les siens. La question est posée de savoir s’il continuera à “imprimer “ pour que ses partisans, la bande à Juppé qui règne sur les hauts esprits du régime, puissent encore le présenter comme la “personnalité politique préférée des Français”. Qu’on le veuille ou non, l’image est en politique d’une tyrannie absolue. Elle surpasse le verbe, elle le contredit parfois.
Toujours pressés d’avoir la primeur, les journalistes recherchent avec fébrilité qui sera le successeur de Macron. En vain, car il coulera beaucoup d’eau sous le pont Mirabeau sans parler de celui de Tolbiac d’ici la prochaine présidentielle. En attendant, les acteurs du petit théâtre de la vie politique, devront soigner leur image, sans perdre du vue que le citoyen n’est jamais dupe des grimaces qu’on lui fait. Forcez votre nature, il vous la renvoie en pleine face. Chacun des candidats devra chercher avant tout sa vérité, et espérer qu’elle corresponde à l’attente des Français, hic et nunc.
Pour gagner une présidentielle, il faut une tectonique des plaques. L’élection est toujours la conséquence d’une dérive des continents politiques. Les professionnels de la communication croient, ou feignent de croire par intérêt commercial, que le corps électoral peut se gagner par segments. Ils vendent leurs conseils et leurs sondages. Mais la réalité est autre. C’est l’appel d’air d’un candidat, dont la vertu essentielle de l’image aspire les ralliements, qui est déterminant. Pour vaincre, il faut le panache blanc d’Henri IV.
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