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Contraint et forcé, le patriotisme européen existe

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 14 juil. 2021
  • 3 min de lecture


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Boualem Sansal, le plus libre et l’un des plus brillant des penseurs algériens exhorte les peuples européens à être eux-mêmes et abandonner cette fiction technocratique qu’est l’Union Européenne.


Il applique cette clairvoyance au Monde arabe, un ensemble de 450 millions d’âmes qu’il rappelle être composé de peuples différents à l’histoire chacune bimillénaire, et où l’on trouve très peu d’Arabes. Il oublie cependant les Trucs et passe à côté de l’essentiel. La religion.


La tectonique de plaques est à l’œuvre. D’un côté la civilisation occidentale a façonné la mondialisation à son image, de l’autre, face à ses excès et ses faiblesses il n’existe plus de vrai contradicteur, ce rôle assuré au siècle dernier par l’Union soviétique et que la Chine n’assume évidement pas, étant la principale bénéficiaire de la mondialisation.

Seul l’Islam est réfractaire. Il refuse le matérialisme occidental. Parfois de manière paroxystique, par le feu, le feu et l’explosif. Le nouveau rideau de fer est un rideau de foi.


En ce sens, l’Europe est un continent homogène. Certes il se débat dans les contradictions mais moins profondément que le Monde arabe dont les peuples se font la guerre.

Vu d’Europe, il n’existe pas de nationalité européenne, mais dès que l’on franchit la frontière de l’Union son existences devient palpable.

Significativement, alors que le souvenainisme était une valeur de droite, il est désormais acclimaté à gauche. Mélanchon n’est pas un accident de l’histoire, il représente un rejet de la supranationalité. Ceux qui sont le plus gênés par le patriotisme européen sont les Islamo-gauchistes de la France insoumise, insoumise sauf à l’Islam ajouterait malicieusement Houellebecq.


Samuel Huntington avait raison de parler de « choc des civilisations ». Il heurtait les bons esprits qui refusaient de voir que, si parfois il existe des discriminations en Europe, il y a des persécutions des Chrétiens et des Juifs dans le Monde arabe.


Pour Huntington, « Le concept de civilisation universelle est caractéristique de l'Occident. »

Les critiques ont été sévères. Les plus stupides ont été celles qui lui reprochaient son manque de caractère scientifique. Stupides, car parler de méthode scientifique quand il s’agit de religion et de civilisation est une ânerie. La science est ce qui se mesure, or la religion ne se mesure pas.

Dans leur ouvrage de 2007 Le Rendez-vous des civilisations, Youssef Courbage et Emmanuel Todd répondent à Samuel Huntington avec une analyse démographique du « monde musulman » : étant donné la diversité de l'islam, il est très difficile de parler d'un monde musulman. Ils vont à l'opposé de la thèse d'un « choc des civilisations » et montrent que les processus démographiques vont faire aboutir à une convergence des civilisations, sans toutefois gommer toutes les différences. Les trois principaux facteurs sur lesquels s'appuie leur thèse sont le taux de natalité, le taux d'analphabétisme, le rapport endogamie/exogamie.

Ces démographes sont chaque jour démentis par les faits. La convergence des civilisations entre un monde matérialiste et un univers de croyants est une vue de l’esprit, elle est une impossibilité radicale. Ils oublient que les théocraties sont incompatibles avec la convergence si chère à l’Occident. Leur mode de pensée est moniste. Dieu est un, et Dieu est tout, car un est tout.

Dire aujourd’hui qu’il n’y a pas de divergence entre les Etats théocratiques et les Etats démocratiques est un aveuglement. Certes, l’Occident rêve d’une convergence mondiale vers son univers matérialiste, mais cela ne veut pas dire qu’elle existe. Tout prouve le contraire. Le dernier rempart à la mondialisation heureuse vue par les matérialistes est l’Islam. Il est agité de fièvres, mais il est vivace. Le terrorisme en est une preuve flagrante.


La conversion des européens au matérialisme, version américaine après avoir adoré la version marxiste, peut faire douter de la possibilité d’une patrie, donc d’une nation européenne. Mais il ne faut pas minimiser l’importance de l’origine chrétienne des valeurs de liberté, de fraternité et d’égalité en Europe. La religion est en Europe non pratiquée, elle reste présente dans les cœurs, ce qui est peut-être plus puissant encore que quand elle est imposée par la crainte.


Le patriotisme européen existe, il suffit de sortir de l’Europe pour le rencontrer. Au pied du mur de la foi, on ne peut dire que les européens retrouveront la primauté des religieux dont ils ont eu tant de mal à s’affranchir. Mais ils prennent de plus en plus conscience que leur mode de vie est imprégné de valeurs communes à l’ensemble du continent, et que ces valeurs, si elle ont une portée universelle, ne sont pas universellement partagées.



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