D’ultimatum en injonctions, voyage au bout de l’enfer, jusqu’à un Budget Frankenstein
- André Touboul
- 26 oct.
- 4 min de lecture

Les Socialistes aiment tant les pauvres qu’ils voudraient que tous les Français soient dans la misère. Ils s’y emploient sans faiblir depuis qu’ils ont la main sur le Budget.
Olivier Faure aurait tort de se gêner. Lecornu a démissionné en sa faveur, et Wauquiez, qui pourrait faire aboutir une censure, est aux abonnés absents. Quant au RN, il ne peut que s’aligner sur une démagogie qu’il a jusqu’ici exploitée sans vergogne pour conquérir les masses populaires.
Le PS voulait que son chef soit nommé Premier Ministre, nous y voilà, puisque c’est Olivier Faure qui manie la matraque fiscale, et hausse le ton comme si sa minorité de 61 députés sur 577, soit 10,57 %, lui conférait une majorité absolue à l’Assemblée.
Il ne suffira pas que le budget reprenne les demandes du PS, encore faudra-t-il que cela fasse mal au Centre et à la Droite, et bien entendu aux Français. Boris Vallaud a prévenu qu’il voulait des scalps, mais à considérer la calvitie totale du patron de Bercy, cette annonce relève de l’humour noir.
Le débat le plus stupide du mois est celui qui compare le coût d’une suspension de la réforme des retraites avec celui d’une prétendue instabilité créée par une motion de censure suivie d’une dissolution.
La suspension entraine un coût certain, sans promesse de solution pour quelque problème que ce soit, cela est incontestable. L’annonce d’une nouvelle législative comporterait certes un coût, qui reste à quantifier, mais elle ouvrirait, au contraire, la possibilité d’une solution au blocage institutionnel.
Certes, la survenance par les urnes d’une majorité que les partis politiques ne savent pas construire par des coalitions, n’est pas assurée, mais elle est possible. Elle dépendra de la volonté des Français, ce qui est bien légitime.
Somme toute, la suspension de la réforme coûte et ne supprime pas l’instabilité. « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur , vous aurez la guerre », prédisait Churchill à Chamberlain retour de Munich en 1938. Cette sentence résume le faux débat dont les médias se délectent. La stabilité, c’est-à-dire, le maintient de Lecronu à Matignon et Macron à l’Elysée, un pouvoir qui ne peut plus rien, est une calamité pour les Français dont aucun des problèmes ne seront traités.
La vraie question, la seule qui mérite d’être posée est : pourquoi le Parti Socialiste, qui se veut de gouvernement, a dégoupillé une bombe à fragmentation qui sera meurtrière pour quelque gouvernement futur que ce soit ? On invoquera les sondages, mais de plus 75 % de favorables à l’abrogation, on est passé à 56 % de satisfaits de la suspension. Nul doute que les Français auront enfin compris que la retraite magique cela n’existe pas. Il faut bien que quelqu’un paie, et il devient évident que ce seront les retraités qui verront leur pension d’abord non indexée et à terme baisser. En d’autres termes, ils ont scié la branche sur laquelle ils voulaient s’asseoir. « Degringolavit de branca in brancam, tombavit super terra et fecit poum » dirait Astérix, le seul gaulois plus populaire que De Gaulle, et refuse de prendre sa retraite puisqu’à 66 ans, il revient dans les kiosques.
Etant exclu que les Socialistes, qui ont ramé sous Hollande pour imposer la réforme Touraine, n’aient pas conscience des nécessités économiques et démographiques, on doit admettre l’évidence que le seul moteur du comportement irresponsable du PS est sa compétition avec le parti de Mélenchon. Pour ne pas être qualifiés de « sociaux traitres » par les LFI, ils brûlent leurs vaisseaux. Leur inconséquence est qu’ils imaginent pouvoir revenir en arrière… les débats pour les présidentielles leur montreront leur erreur.
Bien plus habile aurait été pour eux de réclamer des modifications nécessaires, une réforme de la réforme. Sur la pénibilité, ou le sort des femmes, ces trophées auraient été facilement obtenus sans hypothèquer l’avenir.
Le PS manie l’ultimatum comme un revolver chargé à balles réelles. Ce qu’il ne semble pas avoir compris c’est que c’est sur sa propre tempe qu’il le tient à l’image de Christopher Walker dans Voyage au bout de l’enfer. Son programme pour l’Elysée sera pavé d’impossibles volte-faces.
Une fois de plus, l’ennemi principal, sinon mortel, du Socialisme est l’extrême gauche. Dans les années trente, l’extrême Gauche était en Allemagne la plus puisante d’Europe, on a vu le résultat. En France, la Gauche parvient au pouvoir lorsqu’elle domine son extrême à gauche, comme en 81 ; elle n’y arrive jamais quand c’est l’extrême Gauche qui tente de prendre le pouvoir, comme, par exemple, lors de la Commune de Paris.
Le futur candidat socialiste aux présidentielles pourra écrire sur le tombeau de ses espérances : « Mélenchon m’a tuer ».
Cette stratégie erratique n’est pas l’exclusivité du PS, tous les autres partis s’emploient à marquer des buts contre leur camp qu’ils présentent comme des victoires.
L’inanité de tous ces simagrées auxquels on assiste à l’Assemblée Nationale est d’autant plus déplorable que chacun sait que ces votes « arrachés » sur telle ou telle mesure n’auront aucun effet, puisque le Budget Frankenstein, monstre tout couturé, ne sera votable par aucun groupe. Heureusement, car rien ne serait pire qu’un Budget incohérent et fou.