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De l'importance d'être sondeur

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 26 mai 2021
  • 3 min de lecture



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Les élections présidentielles sont un bal de sous-préfecture où valsent les notables invités par les sondeurs et autres médias.

Les sondeurs, qui bien qu'ils s'en défendent jouent les oracles, se trompent toujours. Pour s'en disculper, ils prétendent que leurs travail est une photographie instantanée, et que les événements précipitent des changements imprévisibles. A les en croire l’électeur serait une girouette qui varie au moindre souffle de vent. On sait cependant que s’il existe une marge fluctuante de l’opinion, celle-ci obéit, non aux caprices de l’actualité, mais à des inclinations profondes, que les politologues ne manquent pas de déchiffrer après coup.


Déraisonnable dans le détail, le corps électoral suit toujours une logique collective qui correspond à la situation de fond à laquelle il est confronté.

Bien entendu, sa sagesse est parfois prise en défaut. Il se laisse prendre à la manipulation médiatique et aux discours démagogiques. Mais ses verdicts, qui parfois tombent comme la foudre, ne viennent pas d’une ciel serein. Ce sont le nuages de l’orage qui en sont la cause.


La tromperie du sondeur, personnage le plus important du débat politique, est de faire croire que tout se mesure. La colère, la peur, mais aussi les bons sentiments, les chiffres ne peuvent en rendre compte. Or ces moteurs traduisent des inquiétudes majeures que le vote appelle à résoudre.

Pour connaitre une entreprise on examine plusieurs bilans successifs, de même les sondages peuvent, dit-on, souligner les tendances. L’importance de la dynamique en matière électorale est incontestable, mais curieusement ce facteur, qui dépend de la manière dont on pose la question, est analysé après les votes.


On croit que les sondages pêchent par leur interprétation, en fait, ils pipent les dès à l'origine par la construction même de leurs instruments.


Mais le problème principal posé par les sondages n’est pas technique, il est dans les intentions.


La statistique est la forme la plus élaborée du mensonge ; en apparence, elle n'affirme rien, en fait elle détermine tout.

En réalité, les sondeurs font de la politique. Ils ont des clients, ils ne peuvent en faire abstraction. Les clients sont pour les sondages politique les médias, mais là n’est pas le nœud qui les lie. Les sondeurs vivent de la commande publique et privée dans le domaine du marketing où ils se flattent de changer la donne. « Game changers », tel est le slogan du sondeur de premier plan IPSOS.


Les arrière-pensées du sondeur expliquent plus les erreurs de prévisions que la volatilité de l’opinion.

Le chiffre est un élément essentiel de l’opinion. On le sait faux, mais il est l’information de base sans laquelle la réflexion tournerait dans le vide spéculatif. Ce pouvoir d’influence est trop puissant pour ne pas être utilisé. Le nombre, même trafiqué, est une vérité ; il est parfois la vérité, celle dont nous devons nous contenter, faute de mieux.


Échapper à la tyrannie des sondages demande un effort. On a parfois le sentiment de penser dans un monde irréel. Comment prévoir de voter pour un candidat qui est crédité de peu de pourcents ? Ce serait un vote inutile.


On disait, il y a encore peu de temps, qu’au premier tour on choisit et au second on élimine. Mais la question est devenue aujourd’hui : qui sera au second tour ? Le vote du premier devient d’une importance majeure.

Espérons que pour lancer les invitations à concourir à la présidentielle de 2022, les sondeurs ne trafiqueront pas trop les chiffres.




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