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Discrimination positive, le revers de la médaille

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 9 juil. 2021
  • 3 min de lecture


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Dans « La ferme des animaux », Georges Orwell raconte comment les fermiers humains sont chassés du pouvoir par une révolte animale, et décrit la société qui s'en suivit.


La ferme démocratique a ses sept commandements :

· Commandement no 1 : « Tout deux pattes est un ennemi » ;

· Commandement no 2 : « Tout quatre pattes ou volatile est un ami » ;

· Commandement no 3 : « Nul animal ne portera de vêtements » ;

· Commandement no 4 : « Nul animal ne dormira dans un lit » ;

· Commandement no 5 : « Nul animal ne boira d'alcool » ;

· Commandement no 6 : « Nul animal ne tuera un autre animal » ;

· Commandement no 7 : « Tous les animaux sont égaux ».


Au dernier chapitre du roman ils sont réduits à un seul : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. » Orwell expose comment sous couvert des grands mots de démocratie, de justice et d'égalité, une minorité porcine impose sa loi au peuple. Il visait la falsification soviétique qui permettait à un groupe de tyrans de dominer sous couvert de grands principes. L'absurde naît du dévoiement du principe d'égalité qui passe de revendication de justice à celle de pouvoir.


Cette dérive est assez semblable à celle qui parait régir la société que l’on nous propose. Les femmes et les hommes sont égaux, les noirs et les blancs sont égaux, les islamistes et les autres croyants sont égaux... Mais certains sont plus égaux que d’autres. Plus égaux, car victimes de discriminations qu’il faut compenser et que l’on doit donc favoriser pour satisfaire à l’égalité. Cette rupture dans l'égalité, qui devient égalitarisme, est le fait de minorités qui comme les cochons dans la ferme d'Orwell utilisent les nobles sentiments et hautes aspirations pour rouler le citoyen crédule dans la farine.


La mécanique de l’asservissement commence toujours par l’énoncé de grands principes indiscutables et finit dans l’absurde et l'iniquité. Dans le monde Occidental que l’on appelait jadis libre, c’est elle qui est à l’œuvre. De bonne foi, la population qui, par ses luttes opiniâtres, a construit un ensemble de hautes valeurs éthiques, dont celle d'égalité, se laisse déposséder par des minorités agissantes de la jouissance de son bien le plus précieux.


Le passage de l’évidence à la tyrannie. Orwell le constate, il ne l’explique pas, si ce n’est par le fait qu’une nouvelle élite (les cochons) finit toujours par remplacer la précédente (les fermiers humains). Cela est pour lui une fatalité biologique.


Bien entendu, le précepte porcin repose sur une erreur logique. On ne peut pas être plus égal. Cela implique un détournement de l’égalité. Certains auraient des droits supérieurs attribués au nom de l’égalité, des droits que les autres n’auraient pas. Il s’agit de l’effet inévitable d’une égalisation qui pour combattre un déséquilibre, réel ou supposé, en crée un autre. Cela montre que l’égalité est une notion distincte de la justice.


Dans une société juste, l’égalité n’existe pas, elle est sans cesse remise en cause par les efforts et le mérite. La société injuste fait reposer les distinctions sur d’autres éléments : la naissance, la race, la religion... rien de cela ne fonde l’utilité sociale, mais quand cela permet de réclamer un traitement particulier, il peut être qualifié de privilège. Sans cesse, chaque groupe justifie sa revendication sur des éléments inadéquats, mais qui lui sont favorables. C’est à une sorte de tyrannie des caractères socialement non pertinents que l’on aboutit.


Il y a une différence entre réparer un dommage et instituer un privilège. On ne corrige pas une injustice par une autre. C’est cette vérité mathématique que les tenants de la woke culture devraient méditer. « Moins plus moins » ne fait pas plus de justice. Le bilan est encore plus négatif.


La discrimination, même positive, est toujours une négation de l’égalité. C’est un venin qui aboutit, tôt ou tard, à rétablir la loi du plus fort. Chez les animaux d’Orwell, tous sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres, autant dire que l’égalité, ce principe supérieur dévoyé conduit à la servitude la population discriminée négativement. Car le négatif est toujours le revers de la médaille. La promotion des uns abaisse les autres, cette évidence mécanique n’est justifiable que par le mérite comme le rappelle la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. » Toute infraction à ce principe fait renaitre la tyrannie.



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