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Epreuve de force ou conduite d’échec ?




Dans les palinodies d’Emmanuel Macron qui désorientent jusqu’à ses partisans, il faut lire un choix stratégique, celui du coup d’éclat permanent, a-t-on dit, mais il faut aussi s’interroger sur ce que cela implique sur le plan caractériel.


La provocation de l’invitation des Soulèvement de la Terre au débat avorté, par le fait, au Salon de l’Agriculture en est un indice. Le « bordel » (sic) qui en est découlé lui a permis de pointer du doigt l’extrême droite.


L’annonce qu’il serait possible d’envoyer des soldats en Ukraine, suivie d’une décision de provoquer un débat suivi d’un vote sur la guerre au Parlement l’illustre à l’évidence. Il s’agit de forcer le Rassemblement National à sortir de l’ambiguïté.


Le Président cherche l’épreuve de force. Il a perdu la séquence agricole, et espère se refaire sur l’Ukraine.

L’instrumentalisation des grands enjeux à des fins électorales est la marque d’une politique aux abois.


S’il veut faire entériner sa proposition de belligérance, il est presque certain que le Parlement ne le suivra pas. Si la question posée est simplement le soutien au peuple ukrainien, il est probable que le RN ne tombera pas dans le piège, saisissant l’occasion de se dédouaner d’un procès en attitude pro-Russe.

Une autre maladresse est l’argument qui accuse le parti lepéniste de voter contre l’agriculture à Bruxelles, car c’est justement le reproche que l’opinion adresse à sa majorité.


Ce qu’Emmanuel Macron ne comprend pas dans le mouvement d’opinion en faveur du RN, c’est qu’il est essentiellement un désir de donner congé à une élite défaillante qui a trop souvent invoqué l’impuissance pour expliquer ses échecs.


En choisissant l’épreuve de force au moment où ses soutiens institutionnels comme le Conseil Constitutionnel et le Conseil d’Etat sont critiqués, il risque, non d’endiguer la vague du dégagisme, mais d’accélérer la déferlante.


La seule stratégie payante pour le Président serait de chercher des alliances, mais il est clair que nul ne souhaite aujourd’hui venir à son secours, quand dans son propre camp, il y a plus de flottement que de cohésion. Les critiques d’Edouard Philippe sur l’inaction du gouvernement, et les réserves de François Bayrou sont un signe de ce que les uns et les autres préfèrent préparer 2027, en se démarquant d’un Président en perte de crédibilité.


En sortant de son chapeau le lapin boiteux de l’intervention directe, à l’issue d’une réunion de chefs d’Etat qui avaient acté des efforts sans précédents pour l’Ukraine, mais où rien de tel n’avait été évoqué, Emmanuel Macron a provoqué un tollé général des intéressés. Le coup de maître de les avoir réuni à Paris pour une démonstration d’unanimité, s’est transformé en fiasco.


Les thuriféraires des médias ont bien du mal à trouver de l’habileté cachée derrière l’évocation de l’éventualité, non actuelle et impossible de par la dissuasion nucléaire, d’une guerre frontale avec la Russie. Le Président Macron a, en fait, remis en selle les anti-guerre qui se fixent des lignes rouges imaginaires, et d’autres plus retors qui trouvent là un thème anxiogène qui concorde avec le bon sens de ceux qui ultra-majoritaires ne veulent pas de troisième guerre mondiale.  Ainsi les soutiens de l’Ukraine se trouvent pris à rebours, et ceux qui prêchent sa défense légitime deviennent des va-t-en-guerre inaudibles.


Evoquant ceux qui offraient la livraison de casques et couvertures au début de l’agression russe, l’intervention d’Emmanuel Macron est révélatrice de son agacement face à la pusillanimité du Chancelier allemand, qui reste très en retrait de sa propre majorité. Mais, manifestement excessive, et inopportune, la position française a eu un résultat inverse du but recherché. Voulant damer le pion à Olaf-le-timide, Macron-le-téméraire se retrouve seul et contredit par tous ou presque.


Cette attitude du Président français interpelle. Un chef d’Etat peut-il se permettre de laisser parler son ire personnelle ? François Hollande confiait « un Président ne devrait pas dire cela », il semble que son successeur n’ait plus conscience de ce que peut dire, ou pas, un Président de la république française.   


La question que l’on ne peut plus éviter de se poser est celle de la conduite d’échec, car on est là au-delà de la maladresse. On repense inévitablement à la nomination de Mme Beloubet, l’anti-Attal pour épauler celui-ci en appliquant son programme à l’Education Nationale, alors qu’elle y est viscéralement opposée.


La conduite d’échec, désigne un comportement de nature inconsciente face à une situation angoissante, qui conduit le sujet à une mise en faillite de ses propres désirs.


L’un des symptômes de la névrose d’échec est un acte manqué d’une telle maladresse qu’il est impossible que ses conséquences n’aient pas été mesurées. Il y a une différence de nature entre le disrupteur qui bouscule les tabous, le saboteur qui annule ses propres efforts.


Crédité d’une pensée complexe, à son avénement, il apparait qu’Emmanuel Macron en soit venu à un complexe de la pensée qui le pousse à affirmer sa supériorité en outrepassant les limites, et en prenant ses partenaires par surprise, de façon à apparaître en avance sur tous. Il se montre ainsi à la fois incohérent et irrationnel car à contre-temps. Trop tôt ou trop tard, sont des fautes politiques car des garanties d’échec.


Rationalité et cohérence qui sont les deux qualités que l’on est en droit d’exiger d’un chef d’Etat, apparaissent désormais des déficiences de la personnalité présidentielle. L’homme qui a la main sur la mallette nucléaire, doit maîtriser l’art du bon moment. Le sieur Dupont-Aignan, qui n’a pas souvent cette pertinence, a pu déclarer « cet homme est dangereux », et force est de constater que la question se pose.








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