Existentiel
- André Touboul

- 18 oct. 2023
- 5 min de lecture

Faut-il demander à ChatGPT ce qu’il faut faire pour conjurer la menace de ce nouveau monde vanté par Poutine, suivi par le Sud Global et tant de commentateurs Woke ou non qui se délectent des déboires de la « scélérate civilisation occidentale » ?
Sa réponse devrait être claire et simple, car l’intelligence artificielle est d’autant plus intelligente que celle des humains s’appauvrit.
Cette perspective n’est en réalité qu’un retour à la barbarie, dira le robot qui ne peut oublier qui l’a fait naître. Il ajoutera, sans hésiter, car sa main ne tremble jamais, qu’il faut utiliser pour se défendre la manière forte. Ajoutant qu’elle est la pire, à l’exception de toutes les autres.
La machine, sans affect, mais pleine de bon sens, observera que d’un côté il y a ceux qui respectent la vie humaine, et de l’autre des peuples qui en font fi, même quant il s’agit de leurs congénaires. Elle rappellera, la chair à canon des soldats russes en Ukraine, le sacrifice cynique des vies palestiniennes par le Hamas, les attentats suicides ici et là. Mais elle soulignera aussi la différence entre les Etats qui accueillent et protègent tous ceux qui, même non européens, sont chassés par la guerre, et ces autres qui refusent l’entrée de leur territoire à ceux qu’ils proclament comme leurs frères.
La brave IA ajoutera qu’il est, pour elle, incompréhensible que les Occidentaux n’exigent pas la réciprocité, et continuent de pratiquer la tolérance religieuse à l’égard de gens qui dans leur pays d’origine ne la conçoivent nullement. Elle notera enfin qu’il est normal de ne pas commercer avec des pays qui projettent notre destruction, et qu’appeler cela « sanction » est stupide, pour ne pas dire »humain, trop humain ».
La question que l’on se posera alors est celle de savoir si le moment n’est pas venu de confier le gouvernement du monde à l’intelligence artificielle, et le simple fait que cette idée existentielle nous soit venue provoquera une incoercible nausée.
En vérité, ce haut-le-coeur ne fera que s’accentuer, car les occasions ne manquent pas d’en éprouver dans le spectacle que nous offrent nos contemporains. Cette révulsion le dispute à la désolation qui saisit à entendre les commentaires imbéciles qui déferlent sur les ondes et les écrans. Chacun y révèle sa vraie nature. Un florilège de jobardise des uns et malveillance des autres.
Dans les premiers rangs de l’ignominie, on relève l’affirmation, sortie du chapeau de ceux qui ont des âmes de complotistes, et qui prétend que le Hamas était financé par la Qatar « à la demande d’Israël ». On ignorait que le Qatar, qui, effectivement payait les fonctionnaires palestiniens, fut un exécutant d’Israël. On nous dira bientôt que l’Union Européenne aussi dispensatrice de subsides aux Palestiniens était manipulée par les Juifs.
En fait, apprend-on de ces jocrisses, c’est l’État hébreux qui est responsable de ce qui lui arrive, c’est lui qui attise la haine des juifs, voire qui l’a inventée. Au bout de ce discours, on dira bientôt qu’Israël s’est lui-même attaqué, par calcul machiavélique.
Les mêmes ou d’autres refusent toute responsabilité des Gazaouis dans les exactions bestiales du Hamas. On ne peut certes dire que tous les civils de Gaza sont des assassins décapitateurs de nourrissons, mais il ne s’en est trouvé aucun pour exprimer la moindre condamnation ou réserve pour se désolidariser de cette bestialité qu’aucune bête féroce n’aurait commise.
Il est convenu de répéter la formule de Sarkozy selon laquelle la bande de Gaza serait une prison à ciel ouvert. Mais étrangement cette « prison » s’est couverte d’immeubles d’une densité à la mesure de l’explosion de sa population ( la moitié des habitants de Gaza ont moins de 18 ans ). Cette « prospérité démographique » a été favorisée par l’afflux des aides financières internationales, et l’activisme des ONG qui y trouvent un fond de commerce très vendeur, car il permet de collecter des quantités de subventions. Réflexe conditionné, l’UE annonce aujourd’hui un triplement de son aide humanitaire dont on espère qu’elle ne sera pas détournée.
Ce que l’on nomme « dommages collatéraux » ne peut s’apprécier in abstracto. Les bombardements alliés ont causé plus de 60.000 victimes civiles uniquement en France durant la seconde guerre Mondiale. La menace pour la nation française était alors existentielle. Aujourd’hui, on ne peut passer sous silence que l’enjeu pour Israël et peut-être les Juifs du monde entier l’est aussi.
Autre sujet, mais le même. L’ampleur de l’émotion soulevée par l’assassinat de l’enseignant Dominque Bernard interpelle à double titre. D’abord, elle contraste avec le silence sur les 21 Français tués par le Hamas et les 11 autres détenus en otages. Sans doute ces victimes n’étaient pas assez françaises. Ensuite, cette manifestation de solidarité avec l’enseignant, relayée abondamment, ne se traduit, une fois de plus, que par des mots d’apaisement lénifiants.
La politique du chrysanthème est la seule qui ait cours ici, quand on déplore des morts dans des attentats, on se contente de prendre des mesures pour les cercueils, et l’on dépose, la larme à l’oeil, des fleurs de cimetière au bord des trottoirs ensanglantés.
Quand, devant la nécessité impérative d’une action, un texte est voté, il reste à le faire appliquer, alors que les lois existantes ne le sont pas. L’état de droit est en l’espèce optionnel. Il est, de plus, ahurissant qu‘alors que l’on tue dans les rues, et décréter qu’il est impossible d’exécuter les décisions judiciaires d’OQTF, le Conseil d’Etat n’ait rien de plus urgent que de s’émouvoir des contrôles au faciès. On a tort de dire que le christianisme a disparu en France, le réflexe de tendre l’autre joue y est devenu pavlovien.
Nommer l’ennemi. La pleutrerie des gouvernants et médias rend à peine audible le constat inévitable que la France est la cible du fanatisme islamique. « L’acte individuel, le loup solitaire, l’impossible risque zéro », on ne manque jamais de minimiser la portée des attentats pour surtout éviter de prononcer les paroles fatales qui dénonceraient une agression islamiste organisée contre la société française et sa République. La séduction de l’Université et la corruption de l’école par les combattants ensauvagés de l’Islam sont subies par une élite inerte qui manque à son devoir de protection des Français. La faute des dirigeants israéliens qui ont failli dans leur devoir de protéger Israël dont ils devront répondre, est aussi la leur. Ils seront un jour désavoués, mais, en attendant, c’est le peuple de France qui en paye un prix sans cesse augmenté, et qui promet de devenir exorbitant. .
En effet, quand Emmanuel Macron énonce que la guerre que font les islamistes est un problème européen, il ne fait que diluer et minimiser le caractère existentiel spécifique de la menace islamique pour la France, où c’est l’enseignement national qui est gangrené, de haut en bas par une idéologie mortifère.
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