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Fahrenheit 451

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 2 nov. 2020
  • 3 min de lecture

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La température à laquelle les livres prennent feu est « Fahrenheit 451 », Ray Bradbury en fit le titre d’un de ses livres de science-fiction où le pouvoir brûle les livres pour que les individus n’aient pas la tentation de penser.


Fermer les librairies, parce que considérées comme des commerces non essentiels, quelque soient les motifs, revient à brûler des livres.


Vainement prétendrait-on que la privation de lecture est temporaire, en effet, les livres sont des denrées périssables, ceux qui n’auront pas été accessibles pendant des semaines seront poussés par d’autres.


Les éditeurs feront faillite, et les auteurs, leurs créanciers, ne seront pas payés. Il y a pire que de censurer la pensée selon son contenu, c’est la différer à l’aveugle.


Le livre, déjà mal en point, ne se relèvera pas.


On ne peut sérieusement prétendre que les moyens électroniques prennent la relève, car les contenus en sont largement différents, et toute une population, justement celle qui lit, n’est pas prête à s’y convertir.


Amazon, qui peut livrer les livres, est le grand bénéficiaire de cette vilenie. Encore un coup bas porté aux libraires. Le comble du cynisme, à moins que ce soit celui de la plouquerie est atteint quand le Premier Ministre appelle à boycotter Amazon. Jean Castex se comporte tel un pyromane qui prétend, en jouant le pompiers, éteindre le feu en l’aspergeant de kérozène, un Attila derrière qui la littérature ne repoussera pas.


On dit que la décision vient d’Emmanuel Macron, cela ne rend pas cet autodafé plus intelligent, ni plus moral.


On s’en doutait depuis l’union sacrée de Marseille contre les mesures parisiennes. On en a la confirmation quand on entend Bruno Le Maire insulter les Maires réfractaires qui veulent, pour sauver leurs centre ville, adapter les mesures bureaucratiques, les accusant de mettre en danger la santé des Français. La politique de coopération avec les édiles voulue par Emmanuel Macron est enterrée. L’Administration se moque de la ligne politique du Président qui décidément n’est pas un chef. Il n’a pas retenu la leçon du livre du Général de Villiers, il ne sait pas se faire obéir, pas même par les Ministres qu’il nomme.


Fahrenheit 451 pourrait bien devenir la température à laquelle on peut dire qu’un projet présidentiel est complètement calciné, non seulement parce que sa stratégie est contredite, mais parce qu’il légitime les méthodes des régimes totalitaires face à une démocratie déjà bien mal en point.


Derrière les restrictions de vie infligées par le Gouvernement, on perçoit, bien qu’il s’en défende sans convaincre, qu’il s’agit d’une idéologie de la pénitence. Le mal ne partira pas, sans contrition, sans mortification. Il faut que le peuple ait mal. Car le peuple est coupable de s’être livré à la débauche du déconfinement. On ne cesse de le lui répéter, et les excuses qu'on lui accorde n'ont pour but que de dédouaner les dirigeants qui n'a pas su l'encadrer.


Tartuffe apparaît sur la scène par ces premiers mots « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline ». Molière a fait de la mortification l’enseigne de la tartuferie, cela reste un réflexe profond de nos petits tyrans de sous-préfecture, à contre-courant de la culture du siècle qui considère toute douleur comme un scandale.


Nous assistons au retour sournois, chez nos dirigeants, de la croyance des Flagellants (nommés disciplinati ou battuti au Moyen Âge), ces groupes de fidèles qui se donnaient la discipline collectivement en public. On demandait pardon par des processions pour se libérer des épidémies. Pendant la grande peste, ces processions de fidèles se fouettaient pour expier leurs péchés, avec l'idée que l'épidémie est une punition de Dieu, elles ont marqué profondément les imaginaires, surtout ceux de l'Etat profond dont la culture ne dépasse pas le verni à ongle, celui qu'il faut pour réussit au concours d'entrée à une certaine grande école.


Bien que les donneurs de leçons de morale agitent en permanence le grelot de la repentance, il n’est pas évident que le peuple français ait, en tant que tel, tant de crimes à expier que cela, mais sa punition est là, c‘est celle d’être dirigé par une théorie d’incapables, d’autant plus autoritaires qu’ils sont dépassés par les événements.

 
 
 

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