L’Etat agonise, l’Etat est mort ! Vive l’Etat ?
- André Touboul

- 13 sept.
- 5 min de lecture

L’Etat-roi était mal en point. Obèse podagre, il avait perdu toute volonté, et ses finances étaient aux abois. L’Etat-roi était nu, et nul ne le lui disait.
Jadis, on le nommait « providence » ou « nounou ». Il devait préserver les Français contre tous les aléas de la vie. Son Administration, la meilleure du mode, était infaillible. Il était le bras puissant de l’exception française. Son volontarisme était garant d’une culture sans égale. Il était le stratège d’une économie à la liberté savamment dirigée par lui. Il se vantait de ses services publics, et de son modèle social unique au monde. Sous sa protection tout ce qui était « à la française » était une bénédiction.
Las ! Ces temps furent révolus, et la fièrté a sombré dans l’arrogance. Ce fut à ce point que l’on ne put bientôt parler d’autorité de l’Etat sans susciter des sourires navrés.
Gardien de l’intégrité du territoire national, il a progressivement perdu des cités entières où le narcotrafic a fait la loi quand ce ne fut pas l’abandon à un séparatisme islamique conquérant.
Après les Trente glorieuses où le niveau de vie des Français avait bondi en avant comme jamais, récompensant leur travail opiniâtre, l’Etat les a trahi durant les Trente piteuses en organisant l’exil de l’industrie et la disparition du monde agricole, entre autres démissions.
Pendant ce temps, toujours et encore, l’Etat grossissait d’une mauvaise graisse d’administration administrante, a l’abri d’un statut de sa fonction publique.
L’Etat a ensuite connu les Trente foireuses préparées par les 35 heures, le partage du travail, le principe de précaution, l’écologie punitive, et le quoi qu’il en coûte… Incapable de gouverner les Français, il en a fait des consommateurs obnubilés par leur pouvoir d’achat comme des veaux à l’embouche, leur laissant croire que, lui, l’Etat pouvait en distribuer toujours plus, pendant qu’eux produisaient toujours moins. Il a fait ceux des Français les plus talentueux qu’il n’a pas fait fuir, des accros aux loisirs, réfractaires au travail.
Doté d’une Constitution robuste conçue pour épargner au pays les affres de l’impuissance des 3ème et 4ème républiques, l’Etat a soudain versé dans une absence de majorité politique paralysante. Aucune médecine ne semble pouvoir l’en guérir.
Dans les soubresauts d’une population plus inquiète de n’être pas dirigée que mécontente de son sort, n’entendez-vous pas le râle d’un Etat moribond ? Vainement on recherche une preuve de vitalité, son encéphalogramme est désespérément plat.
Dans un cri de vérité, Nietzsche oserait le proclamer, l’Etat est mort.
L’odeur du trépas rameute toujours les charognards. Mélenchon et ses séides brûlent de dépecer le cadavre.
Les Socialistes, qui ne sont plus rien, pour avoir vendu leurs âmes flageolantes aux LFI, contre une poignée de lentilles électorales, font mine d’encore exister en attisant la haine des riches, jamais bien loin de celle des Juifs. C’est une vieille tradition de la Gauche que de collaborer avec l’abject… on se souvient de Doriot, Déat, Bousquet et d’autres qu’il est mal vu d’évoquer. Dans un Etat en putréfaction, ce sont les mêmes réflexes qui réapparaissent.
L’audiovisuel public participe à l’incinération d’un Etat défunt qui ne peut plus compter sur les élections pour reprendre un souffle de vie. Les médias privés étroitement surveillés par l’Arcom en sont réduits au triste rôle de pleureuses.
Le service funèbre est assuré par le Conseil Constitutionnel, le Conseil d’Etat, la Cour des comptes, et la Cour de Cassation, tous ces croquemorts sont dirigés par des notables socialistes. Ils veillent à ce que le cercueil vide de l’Etat soit porté en terre Sans fleurs ni courones. La musique qu’ils ont choisi est celle de l’Etat de droit, selon les principes mêmes qui l’ont laissé raidi, inerte sur son lit de douleur.
On dit que c’est l’Etat qui a enfanté la France, c’est bien la France que l’on a assassinée.
On aurait tort de croire que seule la République est gisante dans le caniveau. Elle n’est qu’un habit de l’Etat qui en change de temps à autre. En fait, à travers l’Etat, c’est le peuple français qui est voué à disparaître. Lui seul, en reprenant de la santé, peut faire renaître un Etat fort et vigoureux. Ce n’est pas d’une personnalité providentielle que viendra le salut, mais du peuple qui refuse le destin funeste que ses dirigeants lui ont préparé.
Du tréfonds de son énergie vitale peut être reconstruit un Etat qui affronte les défis du monde tel qu’il est. La maitrise de l’immigration, de l’insécurité, le retour de la liberté d’entreprendre, la défense de la patrie, le respect de son roman historique, telle est la feuille de route qui doit lui être assignée. Tout le reste, viendra par surcroît.
La représentation nationale, du Président jusqu’au parlementaires, feint de croire que l’Etat peut survivre par de petits arrangements entre copains et coquins. Passez-moi la rhubarbe fiscale, je vous passerai le séné du soutien sans participation. L’une est l’autre ne sont que des laxatifs. La stabilité n’est pas une fin en soi, s’il s’agit de persévérer dans l’erreur. Perseverare diabolicum, disait Sénèque.
Ce n’est pas ainsi que l’on pourra refonder l’Etat. Pour que vive l’Etat, il ne suffit peut-être pas, mais il faut absolument que ceux qui l’ont tué soient congédiés, et leurs idéologies dénoncées..
Parmi les illusions funestes qui ont empoisonné les derniers jours de l’Etat, on relève l’idée d’Emmanuel Macron selon laquelle les Corps intermédiaires sont inutiles, comme « les porteurs d’eau après l’invention de la plomberie », ainsi que l’affirme Ismaël Emilien ancien conseiller du Président. En clair, cela signifie qu’à l’ère de la communication généralisée et instantanée, le pouvoir n’a besoin d’aucun relais. A une société pyramidale et hiérarchisée, devait succéder une horizontalité totale où les individus consommateurs isolés devraient obéir à un chef omniscient et tout puissant. La société décrite par Orwell était le « progrès » imaginé par Macron qui allant plus loin encore imaginait pouvoir se passer de la garde prétorienne que constitue la Haute Administration. Seul, Emanuel M ne l’est pas devenu hasard. Il a voulu cette solitude.
La dissolution de 2024 avait pour objet de dissoudre les partis politiques qui s’interposaient entre le Prince et le peuple. C’est une ossification qui s’est au contraire produite. Bien que déconsidérés, ou peut-être à cause de ce discrédit, les partis se sont raidis et l’Assemblée est devenue ingouvernable du fait des positions incompatibles en présence.
Privé de la médiation des corps intermédiaires, le pouvoir macroniste devra jusqu’à sa fin affronter directement la colère populaire. Les Gilets jaunes, et autres mouvements spontanés de révolte sont consubstantiels de la société voulue par Macron. Cette destinée n’était pas inévitable, elle n’est devenue fatale que par la surdité du chef de l’Etat aux aspirations légitimes des Français.
Sur la pierre tombale de l’Etat, on pourra inscrire sans se tromper « Macron m’a tuer ». Il faudra bien que celui-ci s’en aille pour que l’Etat soit ressuscité.
Commentaires