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La bise à Bardella





Ceux qui indiquent qu’il existe un vote musulman devraient logiquement s’interroger sur le vote juif. Longtemps et massivement les Français juifs ont apporté à la Gauche leurs voix dans les urnes et partout où ils pouvaient se faire entendre. Leur militantisme humaniste et parfois dogmatique a marqué la Gauche française depuis la Libération.


Cette ère s’achève.


Avec une lucidité touchante JL Mélenchon s’est attristé de la perte des Juifs pour son mouvement, comme si c’était une conséquence inévitable de son discours à l’adresse des Musulmans. En réalité, son intention était d’expulser les Juifs devenus gêneurs dans une Gauche qu’il tente de dominer.


Cette politique a, en fait, explosé la Nupes, mais sa conséquence a été bien plus importante. Elle a rapproché les Juifs du Rassemblement National. Ce changement, qui nait d’un désamour pour la Gauche, va encore plus loin. L’accolade prodiguée ostensiblement par le député Meyer Habib à Jordan Bardella est un geste politique individuel, mais aussi significatif d’un nouveau regard des Juifs vis-à-vis du Rassemblement National. Inconcevable, il y a encore quelques semaines, l’élan du représentant des Français de l’étranger, principalement établis en Israël est intervenu immédiatement après sa semonce à Emmanuel Bompard, lors de l’hommage national aux victimes françaises du pogrome du 7 octobre, lui signifiant qu’il n’avait rien à y faire. Cette séquence est une illustration qu’il y a désormais à la fois un divorce d’avec la Gauche extrême et des fiançailles avec la Droite que l’on dit de moins en moins infréquentable.


Bien entendu, aucun juif ne peut oublier les blagues débiles du Fondateur du Front National et son antisémitisme viscéral. On ne peut passer sous silence que certains des vieux fourneaux du RN n’aient pas encore été éjectés, comme le fut JM Le Pen. Mais il faut se souvenir aussi que pour cette génération, les Juifs, c’était la Gauche.


Entre le marteau et l’enclume Emmanuel Macron, oscille entre une absence coupable au rendez-vous contre l’antisémitisme et un discours poignant aux Invalides.


Comme tous les échaudés, les Français juifs parce que nés tels, religieux, croyants, pratiquants ou non, sont à l’affût du moindre signe de réconfort. Mais ils sont aussi vigilants.


En ne précisant pas que les assassins Hamas ne resteraient pas impunis, le Président n’a pas été à la hauteur de François Hollande après le Bataclan.


Cette lacune, qui est plus qu’une nuance, était profondément blessant pour les Français juifs. Ajouté à d’autres signaux déplaisants, il contribue à aliéner l’âme juive à un Président qui lui mesure son soutien avec des calculs d’apothicaire.


Alors que Marine Le Pen est claire et nette, ceux qui prétendent ménager chèvre et chou sont simplement odieux comme ce couple de journalistes de BFM demandant à la femme qui a vu massacrer son fils et son mari le 7 octobre ce qu’elle pense d’un hommage aux victimes françaises de Gaza. Ce macronisme dégueulasse est le lot d’une part de l’opinion dont les grands parents applaudissaient aux accords de Munich au nom d’un pacifisme unilatéral.   


Par le fait et la faute d’Emmanuel Macron, après la Gauche, c’est le Centre que les Juifs sont en passe de déserter. Au même moment, le Rassemblement national leur ouvre les bras. On sous-estime l’importance de l’affectivité pour une âme meurtrie et des personnes à qui l’on rappelle que leur éradication est encore, et à nouveau aujourd’hui, une politique comme une autre.


Les plus clairvoyants des Français non catalogués comme Juifs ont compris que la vieille haine du Juif était aujourd’hui une des formes de la détestation de l’Occident et de sa civilisation. Les démolisseurs de la culture et des sociétés occidentales font cause commune avec les antisémites, cela devrait faire réfléchir tous ceux qui en douteraient.




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