top of page

La grande déconnexion

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 6 juil. 2021
  • 3 min de lecture


ree

Plus que de la désaffection, l’hostilité des Français moyens vis à vis des politiques, des médias et de l’Administration est le résultat d’un idéologie périmée dont les dirigeants et acteurs de ces registres ont été nourris.


Le concept qui a prévalu au 19ème siècle est que le prolétariat, est trop abruti par le système économique où il vit pour avoir les idées claires.


Telle était la vulgate marxiste. Le peuple est un idiot, au mieux un enfant qui ne comprend rien à rien et doit être mené comme un aveugle. Cette vision du privilège de l’élite composée par les membres du Parti communiste, s’est perpétuée sous forme d’un mépris du populaire par les promus de la classe dirigeante. Cette vison était tellement partagée que l’anthropologue américaine Margareth Mead professait au 20ème siècle que le monde ne pouvait être changé que par l’action de petits groupes intelligents, sous entendu : en entraînant un peuple imbécile.


De fait, le peuple français de ce siècle est très loin du prolétariat de la société industrielle. Il est désormais composé de Français moyens qui ont un temps de cerveau disponible plus important. Et qui sont informés. Michel Serre disait que lorsqu'il donnait son cours, il avait face à lui un public, qui grâce à internet en savait autant que lui, sinon plus. Le problème est plutôt aujourd'hui que les gens sont surinformés, à ce point qu’ils ont du mal à trier le bon grain de l’ivraie. A cet égard les intellectuels ne jouent pas leur rôle, ils préfèrent pour les uns agiter « le c’était mieux avant », pour les autres, le monde de demain vient d’Outre Atlantique.


Mais le plus nuisible est la conjugaison du mépris et de la méconnaissance des élites PMA (Politiques, Médiatiques, Administratives) pour le peuple français, l'homme de la rue est pour eux un animal singulier, une chimère : mi mouton, mi fauve. Ovin, qu'il faut faire obéir en aboyant, et bête féroce capable d'enflammer la rue.


Les politiques croient habile, ou nécessaire de s’abaisser pour être près du peuple. Cela ne fait que les rendre ridicules, comme lorsque Macron joue les branchés et avilit la pompe républicaine, ou tels ces ministres qui vont se galvauder dans des éclissons de variété. Signe de cette hypocrisie, ils ne manquent jamais de se vanter d’avoir une maman femme de ménage, mais n’évoquent jamais leurs parents petits bourgeois.

Le personnel médiatique est aussi composé d’une élite qui a perdu contact avec le peuple et sa vie quotidienne. Il s’en fait une idée théorique apprise dans les écoles où la pensée marxisme fait autorité, faute d’avoir été remplacée par une autre.

Ainsi le politiquement correct est la règle, et de ce fait la réalité des médias est déconnectée de celle vécue par tout un chacun. Les journalistes vedettes croient connaître les réactions des Français, ils en sont éloignés, car ils vivent dans une tour d’ivoire, et ne fréquentent le population qu’à travers des sondages tout aussi biaisés qu’eux. Sous eux, les plumitifs de second rang n’osent pas se singulariser et perpétuent l’image d’un peuple théorique.


Quant à l’Administration, elle a subi le même formatage mental, mais en plus elle hérite de la tradition monarchique. Les citoyens sont pour elle des « administrés », des « assujettis », et au mieux des « usagers ». Moins ils en savent, mieux ils obéissent. Avec peine, ces dernières années, les lois ont tenté d’obliger l’Administration à parler un langage plus clair, à donner accès aux informations personnelles au citoyen. Les tentatives de simplification se sont toutes heurtées à une résistance administrative qui s’est ingéniée à rendre des plus complexe tout régime simplifié.

La réconciliation du peuple qui ne demande qu’à trouver des dirigeants en qui il puisse confier son destin sans abdiquer ses espérances et ses valeurs, avec une élite qui ne se fasse pas de lui une idée aussi fausse qu’offensante passe par un renouvellement idéologique.


Macron le disruptif, aura à cet égard ouvert la voie, sans s’en affranchir, car il s’est égaré dans des errements sociétaux navrants.


Les Français, lassés par le monde d’avant, ont voulu croire au monde d’après, ils ont été déçus, mais l’espoir n’est pas mort. S’ils ne veulent pas être victimes d’un dégagisme frénétique, qui après le politiques touchera les médias et l’Administration, les élites ont intérêt à se remettre en question. Macron, qui a souvent le mot juste, les y invite.


Tant qu'ils ne s'adresseront pas aux Français comme à des adultes, informés et responsables, fiers, malgré tout ce qu'on leur assène, de leur histoire et amoureux de leur patrie, ils resteront déconnectés de la population qu'ils dirigent et se tromperont de chemin en s'busant sur ce qu'elle attend d'eux.


*

 
 
 

Commentaires


bottom of page