top of page

La question de l’immigration ouvre celle de l’après-Macron

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 8 août 2023
  • 4 min de lecture

ree

Emmanuel Macron avait accoutumé les Français à une grande pertinence économique balancée par une vision superficielle des questions sociétales.


Dans le traitement du problème de l’immigration qu’il devient impossible de différer, il est victime de ces deux traits de sa personnalité. Le souci de ménager les « bien pensants » qui dans leurs beaux quartiers se contrefichent des « difficultés » des autres quartiers dits sensibles, que l’on qualifie à raison de territoires perdus de la République, il a posé comme principe absolu qu’il fallait «quoi qu’il en coûte » déconnecter la question de l’immigration de celle de l’insécurité.


L’exercice est périlleux, voire voué à l’échec, car il est patent que l’immigration ne se réalise pas de manière harmonieuse, elle crée des tensions et l’on assiste à des phénomènes de rejet, la société française devenant de plus en plus intolérante aux corps étrangers. De plus, à la délinquance s’ajoutent les soulèvements spontanés de banlieues qui provoquent la répulsion et à l’évidence sont le fait, l’une et les autres, d’une population qui refuse les lois de la République.


Ce point commun, qui inquiète d’autant plus les Français qu’il ne se limite plus à quelques banlieues autour de la capitale, mais gagne la plupart des grandes villes, devrait interpeler le Chef de l’Etat. Il préfère nier la réalité, bien qu’il n’ignore pas les ravages qu’engendre le déni.


On dira que c’est une concession à son cerveau gauche, une manière de retenir la partie de sa relative majorité venue du Parti Socialiste. Le dogme de cette fraction de la classe politique est qu’il ne faut à aucun prix amalgamer, pour ne pas stigmatiser. La Gauche a payé et paye encore ce refus du réel auquel elle ne voit pas comment répondre sans se renier, elle préfère se réfugier dans le déni des faits. Ce qu’il reste de la sensibilité socialiste répugne à reconnaitre l’inéluctabilité des mesures qu’elle a toujours condamnées comme des concessions au populisme voire au fascisme, mais que d’autres socialistes en Europe, les Danois par exemple, ont adoptées, vu les circonstances, sans états d’âmes.

Mais cette explication est insuffisante, Emmanuel Macron n’est pas homme à faire des concessions, sa nature orgueilleuse le lui interdit. La vérité est que le Président, qui le premier a vaincu le chômage le chômage de masse et considère avoir sauvé l’économie française lors de la pandémie covid, estime que l’économie est l‘alpha et l’oméga de la politique. Le reste, le sociétal, l’intéresse peu. Or, il est foncièrement convaincu que l’immigration est une nécessité. Elle permet d’introduire une main d’œuvre bon marché qui est indispensable au retour de l’industrie. Il ne peut, en effet, ignorer que ce sont les immigrés qui, dans les trente glorieuses, ont fait tourner l’industrie automobile, notamment. Plus qu’un gauchissement de sa pensée, c’est un raisonnement purement économique, donc cynique, qui le détermine. Les conséquences sur la société française, dont il sousestime la fragilité, comptent si peu à ses yeux qu’il croit naïvement pouvoir les nier Impunément.


Tout porte à penser que la sanction sera sévère. Dans la loi sur l’immigration que présentera Mme Borne, la pensée présidentielle sera fidèlement traduite, d’autant plus que la Première Ministre participe de la sensibilité de gauche des macronistes.

Sauf à se décrédibiliser totalement, les LR ne pourront faire autrement que de déposer une motion de censure, que les autres partis voteront. Les RN bien entendu, mais aussi la Nupes qui privilégie la rupture institutionnelle à toute autre considération idéologique.


Il n’est pas exclu que le Président ait intégré cette perspective, qui obligeant la Première Ministre à démissionner, le dispenserait de la congédier.


La vraie difficulté consistera ensuite à trouver un successeur à Mme Borne. Emmanuel Macron pense que les ambitions personnelles étant ce qu’elles sont, il parviendra à trouver un candidat.


Mais changer de Premier Ministre ne fera pas disparaitre le problème de fond. L’opération ne réussira que si le nouveau locataire de Matignon diverge de la vision du Président sur la question de l’immigration.


Si Emmanuel Macron s’y résout, ce sera une abdication partielle, le début d’un repli sur le bastion élyséen, et un partage du pouvoir avec Matignon.


Il s’ouvrira alors une période proche de la cohabitation, au cours de laquelle devrait se produire une recomposition des forces politiques au Parlement. Emmanuel Macron n’étant plus en position de faire prévaloir ni ses vues, ni sa volonté, sa mouvance de Marcheurs ne songera plus qu’à rejoindre sa famille politique naturelle, à pas pressés.


Contrairement à ce qu’imaginent les Le Pen et Mélanchon, l’ouverture de cet après-Macron ne se fera pas à leur profit, ils sont pour une majorité de Français, pour l’un et l’autre différemment composée, de véritables repoussoirs.


Ce à quoi il faut s’attendre est une résurgence des partis de gouvernement que les Français préféreront toujours aux aventures des extrêmes. Le spectacle du personnel politique qui ressemblera plus encore qu’aujourd’hui à une assemblée de nains de jardins sous hallucinogènes n’aura rien pour les rassurer. Gageons qu’ils se prononceront pour celui ou celle qui leur paraîtra le plus rassurant pour assumer les défis d’un monde psychédélique.


*






 
 
 

Commentaires


bottom of page