La réponse de l’irréductible Schroumpf
- André Touboul
- il y a 6 jours
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Les Canadiens viennent de répliquer aux déclarations stupides de Donald Trump sur l’annexion de leur pays.
Ils l’ont fait de manière cinglante en inversant leur vote prévu comme largement en faveur de la droite. Les Canadiens étaient excédés du wokisme de Justin Trudeau, à ce point que celui-ci avait dû démissionner et laisser la place à Mark Carney, nouveau chef du parti Libéral majoritaire, et par conséquent devenu Premier Ministre.
Dans un climat électrisé par les déclarations du Président américain, Mark Carney a provoqué des élections. Il n’a pas obtenu de majorité absolue, mais il sera le prochain Premier Ministre, alors que le chef du parti conservateur donné largement gagnant n’a même pas retrouvé son siège. C’est la réponse de l’irréductible Schroumpf canadien au Président américain
On a remarqué que la méthode Trump est de se montrer faible avec les forts comme Poutine, et brutal avec les faibles ou ceux qu’il considère comme tels. Il démontre par là qu’il n’à rien compris à ce qu’est une nation, ce qui est tragique pour un prétendu nationaliste.
Les peuples ont la nuque raide. L’humiliation publique de Zelensky, dans le bureau ovale, a ressoudé les Ukrainiens derrière leur Président. Beaucoup en sont venu à souhaiter que les Américains retirent leur aide, même si cela signifiait plus de morts pour eux. Ils ont rejoint les Groenlandais qui brandissaient des pancartes MAGA, sous-titrées Make America Go Away. L’honneur d’une nation ne se piétine pas, il ne s’achète pas. Les prédécesseurs de Trump ont pu constater que les dollars n’achetaient que la rancœur quand ils prétendaient remplacer la dignité. Devant le rejet que suscitaient les Etats-Unis de par le monde, Obama en était venu à instaurer une théorie de l’empreinte légère (light footprint).
En brandissant des menaces économiques, pour plier les peuples à ses volontés, Trump commet une faute politique majeure. Mieux vaut être pauvre et même mort que sans honneur. C’est ce sentiment qui caractérise une nation.
Sans doute, la mondialisation, telle qu’elle a fonctionné jusqu’à aujourd’hui est une mécanique infernale qui assure à terme une faillite généralisée. Les pays consommateurs ne pouvant indéfiniment accroître leur dette vis-à-vis des pays producteurs, il fallait stopper ce glissement vers l’abîme.
Ce n’est pas une prospérité alternative et saine que peut promettre Trump. Dans l’immédiat les Américains vont voir fondre leur pouvoir d’achat. Leur Président tente de noyer ces épreuves à venir dans une crise économique mondialisée, et de compenser ce « mauvais moment à passer » pour les Américains par une vision décalée de l’avenir, où leur pays serait (avec le Canada, et le Groenland) le plus vaste de la planète. A cette promesse, il en ajoute une autre, celle de « faiseur de paix ».
En vérité, les maladresses de Trump sont de tragiques aveux d’impuissance.
Le plus déplorable dans la saga trumpienne est le dommage qu’elle porte à la cause qu’elle prétend servir. L’autorité juste de l’Etat, la tradition sage qui est le ciment des sociétés, la morale familiale qui protège de l’incivilité qui désormais verse dans l’ensauvagement, ces fondamentaux sans lesquels aucune société n’existe.
Trump fait de l’Etat un despote bas de plafond, il dissipe l’héritage démocratique de la première nation qui a fait de sa Constitution une religion que le Président jure de servir et protéger. En rejoignant le camp des autocrates pour qui la force prime le droit, il ne rétablit pas un rêve américain, mais fait de l’avenir un vrai cauchemar.
Il aurait fallu, pour contrer les délires wokes qui inversent les valeurs qu’ils prétendent défendre, non pas un Ubu-roi qui fait diamétralement l’inverse, c’est à dire les trahit tout autant en se conduisant en despote, mais un Président humaniste. L’humanisme de nos jours, ce n’est pas, comme à la Renaissance, la liberté de l’individu, ou, au XIXème et XXème siècles, la libération des peuples et minorités opprimés, c’est, à notre époque, une recherche d’harmonie dans la société et chez l’individu. L’harmonie humaniste, comme en musique, est une alchimie dont on ne connaît pas les recettes, mais dont tous discernent les fausses notes. La partition que joue Trump est celle d’un tintamarre, elle n’a décidément rien d’une symphonie.
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