La république des sagouins
- André Touboul

- 9 juil. 2022
- 3 min de lecture

Dans la situation périlleuse dans laquelle se trouve la France dans un contexte économique mondial bousculé, où s’ajoutent les menaces de guerre et le retour en force de la pandémie covid, on devrait pouvoir compter sur le sens des responsabilités de la représentation nationale.
Nul ne peut sérieusement reprocher au Président Macron de ne pas avoir une baguette magique, ou une recette miracle pour affronter des défis inédits. Il attend que se lèvent des vents favorables, mais comme l’a dit Sénèque, ceux-ci ne viennent jamais pour qui ne sait pas où il va.
Néanmoins, Emmanuel Macron reste à la barre, et essuie les reproches et même les quolibets tel un capitaine courageux.
On a pas relevé qu’en nommant Elisabeth Borne Première Ministre, il a choisi non seulement une femme, mais aussi une Inspecteur général des Ponts et chaussées, qui n’a pas fait l’ENA. Après les énarques Édouard Philippe et Jean Castex, Elisabeth Borne marque un retour au bon sens et comme l’on dit dans le monde agricole, la confiance faite à ceux qui touchent les bœufs.
Certes, son profil est technocratique, mais la tradition de polytechnique n’est pas aussi bureaucratique et hors sol que celle de l’ex école nationale d’administration. A l'ENA, on considère que si les faits contredisent le discours, ce sont les faits qui ont tort. Les X ont parfois le défaut de raisonner juste sur des données fausses, mais ils acceptent le verdict des sciences expérimentales.
Face à l'image de sérieux, et pour l'avouer peu glamour de la Première Ministre, les médias complaisants tendent leurs micro à un battu de la présidentielle, arrivé troisième, et non candidat aux législatives. Au mépris de l’évidence, le sieur Mélenchon jouant son rôle d’énergumène déclare sans rire que le gouvernement Borne est illégitime : « un gouvernement de fait ». Autant parler d’un coup d’Etat. Pour occuper le devant de la scène, le vieux pirate répète que Emmanuel Macron a été battu aux législatives, alors que ce dernier a obtenu une majorité relative. Étrange analyse d’un partisan du système proportionnel, qui justement garantit de n’avoir jamais de majorité absolue. La méthode Mélenchon consiste à asséner le faux et le répéter pour le rendre vrai. Il rejoint en cela Poutine et Trump, Erdogan et Fidel Castro… Du Grand Guignol, mais du spectacle, tout ce dont les médias raffolent.
Le débraillé des mélenchonistes à l’Assemblée n’est pas fortuit, il affiche une mentalité irrespectueuse de la civilité la plus élémentaire. Il tranche avec les costumes et cravates bleus des lepénistes qui font trop uniforme pour être tout à fait rassurants.
Le chahut de la NUPES contre la Première Ministre pendant son discours de politique générale n'a pas été un geste politique mais le signe d’un manque d’éducation, cela ne surprendra pas de la part de déconstruits et heureux de l’être.
Et là aussi la tromperie est patente. Les féministes autoproclamés de LFI ne veulent pas écouter une femme avant de refuser par principe de lui faire confiance ; les femmes, ils préfèrent, comme Coquerel, leur chef de file, les peloter.
Après le refus ostensible d’un député de la Nupes de serrer la main d’un RN lors d’un vote au prétexte sanitaire d'une pathologie de l’extrême droite, il faut s’attendre à des rixes entre parlementaires, comme cela se constate parfois dans les démocraties balbutiantes.
Avec les Insoumis, l’on est entré dans une nouvelle république, celle des sagouins.
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