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Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à…

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 8 oct. 2022
  • 5 min de lecture

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Fauché par une balle devant la barricade, Gavroche chantait : « Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à… », il n’eut pas eu le temps de terminer, mais c’était bien la faute à Rousseau. Cette petite grande âme venait de s’envoler, conclut Victor Hugo.


Julien Bayou n’est pas Gavroche, mais c’est bien Rousseau (Sandrine) qui lui a mis le nez dans le ruisseau.


Ce pourrait être un fait divers, il révèle cependant une dérive délétère de la vie politico-médiatique. Au nom des conquêtes féminines, dont elle se considère comme le fer de lance, la candidate malheureuse à l'investiture d'EELV pour les présidentielles, l'a désigné à la vindicte populaire, et forcé à démissionner.

Le drame de l’avant garde est qu’elle n’est pas toujours suivie, car parfois elle s’égare. Les passionarias qui prennent des risques pour bousculer les idées reçues de sociétés corsetées et réactionnaires méritent le respect, et parfois l’admiration. Mais la provocation n’est pas une garantie de pertinence. il arrive que les boutefeu détruisent la maison dont ils prétendent faire le ménage.


L’écofénimisme, façon Sandrine Rousseau, croit faire « changer les temps » (cf. #lestempschangent ) en déconstruisant l’homme blanc occidental. La déconstruction, José Bové avait montré, en l’appliquant aux restaurants McDonald, qu’il ne s’agissait pas d’une amélioration, mais bien d’une démolition.

La stratégie qui consiste à mettre à bas les nations occidentales pour rabattre le caquet des hommes, revient à scier la branche sur laquelle on est assis. En effet, aujourd’hui, c’est bien l’homme occidental, quelle que soit sa couleur de peau (il s’agit non d’une ethnie mais d’une culture), qui est le meilleur, et sans doute le seul soutien de la cause des femmes.

Le patriarcat, n’est pas l’apanage de la culture occidentale, elle en a hérité, mais à la différence des autres, elle en a admis l’injustice, et elle seule a promu l’égalité des sexes comme un principe fondamental de l’humanisme. Ailleurs, le sort des femmes, et aussi la pensée dominante est absolument contraire. Dans l’Islam politique la femme est une personne de second rang. Elle reste une source de tentation satanique qu’il convient de dissimuler pour conserver pure l’âme des hommes.


L’homme détruit est un changement des temps, mais pas dans le sens souhaité par Sandrine Rousseau. C’est un retour aux violences du patriarcat qui s’annonce.

Quand les LGBT++ discutent du sexe des anges, en clouant les hétérosexuels hommes et femmes au pilori, les barbares sont aux portes, croyant pouvoir les enfoncer, tant ils sont convaincus de la perte de virilité des Européens. Il y a, bien sûr, la montée des extrêmes droites que l’on peut aussi appeler populismes, qui prônent un retour aux valeurs d’antan. Mais il y a aussi la guerre.

En Ukraine, il y a quelques femmes combattantes, mais ceux qui donnent leur vie sont les hommes. Les femmes et les enfants ont été autant que possible mis à l’abri, parfois à l’étranger. Les hommes dans la boue, les femmes aussi jouent un rôle essentiel, mais c’est en apparaissant sur les plateaux de télévision, belles et élégantes, pour convaincre l’opinion que les Ukrainiens sont des Européens comme les autres. Chacun son rôle. Les temps changent, mais pas pour le mieux. Au lieu de progresser, le statut féminin régresse, le monde devant de plus en plus violent.


Certains barbares sont déjà dans les murs. Ils déploient une stratégie du prétexte religieux pour saper les fondements de la culture occidentale, en particulier en ce qu’elle a libéré les femmes et établi leur égalité. Dans quelques territoires perdus de la République, le port du voile n’est pas une liberté. Il faut être aveugle pour le dénier.


On parlait de Houellebecq, pour le prix Nobel de littérature 2022, il a été décerné à Annie Ernaux, son opposée, féministe qui milite pour la liberté de se voiler et contre l’islamophobie. A la différence des jurés suédois, les femmes françaises ne s’y trompent pas qui sifflent Sandrine Rousseau quand elle prétend soutenir les iraniennes alors qu’elle milite en France pour la liberté de porter le voile qu’elle confond avec un accessoire de mode, alors qu’il est un instrument de soumission de la femme, aussi bien dans une grande partie du monde musulman que partout ailleurs où il tente de s’imposer.


Dans l’affaire Bayou, on ne peut pas dire que Sandrine Rousseau soit allée trop loin, elle a plutôt commis un contresens. Elle n’a pas instrumentalisé un fait répréhensible, elle a inventé un délit. Il ne s'agit pas du délit de non-partage des tâches ménagères ou de la pratique intempestive du barbecue qui peuvent relever de la veine humoristique, encore que cela suppose une intrusion dans la vie privée de nos concitoyens. Non, celle qu'un humoriste, un vrai, a parodié sous le nom de Sardine Ruisseau, a institué l'infraction de rupture brutale des relations.


A ce que l’on en sait, Julien Bayou est un coureur de jupons qui n’a forcé le consentement de personne, et c’est en s’en allant que, tel Don Juan, il a brisé des cœurs. On ne fera pas de ce personnage un héros, c’est un politique qui lui non plus ne recule que devant peu de bassesses. Son exclusion par un comité de discipline est conforme au droit des associations qui peuvent sanctionner ceux de leurs membres qui ne respectent pas les principes essentiels du club, n'en déplaise à Dupont-Moretti. Elle est néanmoins inadmissible, car il s'est agi d'une exécution sommaire par un tribunal qui aura refusé de l’entendre et même de lui dire de quoi il était accusé. La justice privée est une réalité banale, elle se doit néanmoins de respecter les droits individuels fondamentaux. A défaut, elle dégénère en une pratique répréhensible qui donne froid dans le dos. La belle société que EELV nous promet là.


Il n’est pas surprenant que d’affaire Coquerel à Quatennens la gauche trébuche dans des pièges qu’elle s’est elle-même tendus. Il en est toujours ainsi quand on insulte le réel. La complexité des relations entre les hommes et les femmes, qui n’autorise en aucun cas la violence, est une affaire privée, à laquelle, bien entendu, la Justice se doit d’être attentive. L’exploiter sur le champ du politique en oubliant que dans leur intimité de droite ou de gauche, les hommes restent des hommes et les femmes des femmes, expose à bien des surprises et des déconvenues.


On peut enfin être choqué par le signe de vagin exprimé par Sandrine Rousseau à l'Assemblée Nationale, car on frémit à l'idée de ce que l'égalité homme/femme autoriserait en réponse. De la quenelle de Dieudonné au salut nazi, en passant par le poing levé du Front rouge lui aussi à l'origine allemand, il serait temps de laisser les signes de ralliement d'un goût douteux au vestiaire, en tout cas quand on rentre en séance de la plus sacrée des enceintes républicaines.



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