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Le silence des agneaux

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 1 juin
  • 4 min de lecture


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Soudain au seuil de l’été, Bayrou qui en arrivant à Matignon avait promis de ne pas augmenter les impôts, déclare de son ton paisible de maquignon roué qui à la foire aux bestiaux va vendre un cheval boiteux, qu’il va mettre tous les Français à contribution.


Cette annonce aurait dû déchaîner un tonnerre de protestations. Tout le commentariat s’est au contraire mobilisé pour prêcher, une fois encore, la résignation.


Tout juste quelque modérés (?) critiquent la méthode. N’aurait-il pas mieux valu évoquer d’abord des économies sur le train de vie de l’Etat, en évoquer certaines que, certes, on ne fera pas, avant d’annoncer au peuple que le temps de l’effort nouveau est arrivé ?


La classe politique d’opposition rappelle, mezzo vocce, qu’elle censurera si… mais ne devait-elle pas le faire illico, devant une annonce aussi stupéfiante ?


La droite qui se dit hostile à toute augmentation d’impôt ne menace même pas de quitter le Gouvernement, et l’on comprend que son « hostilité » signifie qu’elle se réserve de le faire si demain elle prend les commandes. On n’insulte pas l’avenir.


Les macronistes se taisent. Ils tendent l’échine, espérant passer inaperçus dans ce concert de sourds-muets, où l’on oublie que la doctrine Macron c’est : pas d’impôts nouveaux. Il est vrai que désormais, ils font tout pour effacer leur étiquette de « Marcheurs » centristes extrêmes. Ce sont les promeneurs du vide.


Et le peuple français ? il se tait. C’est le silence des agneaux. Cette fois cela ne sera pas celui qui précède la tonte, mais l’abattoir. Car cela va faire mal.


Chacun sait que les Français consomment plus qu’ils ne produisent, que l’écart ne se comble que par de l’endettement, et que celui-ci en est parvenu à un point critique.


On a voulu croire les « experts » qui, forts d’une conjoncture des taux favorable, prétendaient que l’Etat s’enrichissait en empruntant… mais le temps des intérêts négatifs est révolu. Dans la chute du quatorzième étage, le dernier mètre arrive très brusquement. On se plaindra de ne pas avoir le temps de se retourner, mais ce temps, c’est maintenant, et il passe très vite.


Confusément, chacun sait qu’il est déjà trop tard, et si les annonces de Bayrou ne suscitent que peu d’émoi, c’est que l’on se doute qu’elles seront des cautères sur une jambe de bois. Déjà le FMI et sa meute rôdent. La bave aux lèvres, ils attendent le moment de faire la peau au modèle social français… si atypique dans un monde où les fourmis n’ont aucune sympathie pour la cigale.


La France, comme la plupart des pays de la planète, a un problème d’élite, mais il lui est spécifique. Elle n’a plus confiance dans sa méritocratie dont elle était si fière au siècle dernier. Cette force d’Administrateurs de l’État, s’est épuisée, engraissée dans le fromage, repue mais pas rassasiée. Elle regarde de toutes parts, appelant à la relève. Mais sœur Anne ne voit rien venir.


Les Français sont peuple de bon sens. Ils savent que quand un système est usé à la corde, il faut un chamboule-tout, autrement dit, une Révolution. De plus en plus, ce silence des agneaux ressemble au calme avant la tempête.


Hélas, dans le monde d’aujourd’hui, il ne suffira pas de changer de régime politique pour que la prospérité revienne. On devra rompre avec la culture profondément socialisante de la France, qui remonte bien plus haut que 1981, car les fondements remontent au Conseil National de la Résistance, et plus profondément encore dans la pensée du socialisme utopique qui, rappelons-le, est une idéologie française.


Du socialisme, plus ou moins mâtiné de Communisme, on persiste à promettre les roses, mais il ne reste plus que les épines. Il faudra pour espérer sortir de l’inextricable roncier que nos dirigeants ont laissé pousser, réunir dix conditions.

Un, rompre avec les technocrates au bénéfice des élus ;

Deux, libérer la France des dictats de son Administration en assignant  à celle-ci un budget de fonctionnement strict ;

Trois, réformer le modèle social inutilement universel, pour n‘aider que ceux qui ne peuvent vraiment pas se soigner, se nourrir, se loger ;

Quatre, augmenter la quantité de travail, au lieu le partager ;

Cinq, traiter la sécurité par la tolérance zéro ;

Six, moduler l’immigration au regard de la capacité d’assimilation de la société française ;

Sept, se réconcilier avec l’histoire et la culture françaises ;

Huit, s’interdire de réglementer à tout va et sur-transposer les normes européennes ;

Neuf, affronter sérieusement les deux sœurs siamoises délinquantes que sont l’islamisme et le narcotrafic ;

Et dix, limiter les obligations écologiques à celles qui ont un effet direct, réel et prouvé sur l’environnement, sur le traitement des déchets notamment, mais s’interdire toute démagogie à cet égard.


Ces objectifs sont sans doute susceptibles de réunir un large consensus, aucun n’est cependant en voie de mise en oeuvre par une classe dirigeante qui se dit progressiste mais agit en conservatrice d’un système qui lui profite, car elle y règne en maître.


Sa solution ? Son héros ? Celui qu’elle a désigné comme le favori des sondages, c’est, encore une fois, l’un des leurs. L’homme qui a mis les Gilets jaunes dans la rue, Edouard Philippe. Quand les agneaux ont fini de bêler, c’est le silence, car ils ont compris ce qui les attend, ils ont un sixième sens pour cela. On verra bientôt si ce qu’il en est des Français.


 
 
 

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