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Le temps de Némésis


Du matin au soir on entend des journalistes et des intervenants, certains avec une gourmandise malsaine, déclarer sur les ondes radio et plateaux télé que le Hamas est gagnant, qu’il mène le jeu, qu’il tire avantage de tous les événements quels qu’ils soient.


S’il y une trêve, cela profite au Hamas, s’il n’y en a pas aussi. Si Israël bombarde et détruit les repaires du Hamas, le Hamas est gagnant en termes d’image. Si Israël ne négocie pas la libération des otages, c’est tout bénéfice pour le Hamas, et si Tsahal obtient des libérations d’otages, c’est une victoire pour le Hamas qui mène le jeu. Les civils Gazaoui tués serait selon le Hamas 15.OOO, d’autres comme G. Ancel prétendent qu’il s’agit de 30.000 morts. Là aussi, on explique que cela profite au Hamas. Quoi qu’il arrive, c’est le Hamas qui a la main.


Avec de tels attachés de presse le Hamas n’a pas à se faire du souci pour sa popularité, quant aux atrocités du 7 octobre, qui s’en soucie ?


La réalité est toute autre. Tout d’abord, jamais Israël n’oubliera les assassins d’octobre. Il leur sera appliqué la jurisprudence de Munich. Ils seront poursuivis et éliminés où qu’ils se trouvent, quelque soit le temps qu’il faudra. Emmanuel Macron déclare à la COP 28 que cela prendrait dix ans, c’est peu ; il a fallu dix sept ans pour capturer Eichman, le juger et l’exécuter. Les Dirigeants du Hamas en sont si convaincus qu’ils ont tenté via le Qatar de négocier contre les derniers otages, un engagement de ne pas être sur la liste. Israël est en guerre depuis plus de 75 ans, 10 ans de plus ce n’est rien, et moins que rien pour les Juifs qui sont sur le qui-vive depuis plus de 5.000 ans.


La tractation avec les preneurs d’otages loin d’être une preuve de faiblesse est une nécessité humaine qui ne préjuge pas du sort des criminels qui en sont coupables à l’issue de cette opération. Cela ne leur donne en aucune manière la qualité d’interlocuteurs valables pour un futur dialogue politique.


Si Tsahal a accepté de suspendre ses destructions en surface, à Gaza nord, c’est parce que les Hamas sont désormais terrés dans des tunnels ou réfugiés au sud. On a vu ce qu’il en est advenu quand les Hamas n’ayant plus d’otages à échanger contre du temps, ont fait mine de reprendre les hostilités.


A nouveau, le Hamas invoque des victimes civiles, mais c’est lui qui en est comptable.


Loin de nuire à Israël l’exagération du nombre de victimes civiles est un avertissement à tous ceux qui croiraient qu’il ne coûte rien de s’en prendre aux Juifs. Tel est le principe du pogrom. Cette fois, la preuve est faite qu’il existe un prix à payer, et celui ci doit être exorbitant.


Il est vrai de dire que pour le Hamas les vies humaines, surtout celle des autres et aussi des Gazaoui ne comptent pas, mais il est stupide d’affirmer que ces derniers sont tous suicidaires. Il serait bien surprenant que les Gazaoui ne réalisent pas que le bilan du Hamas est très négatif. Dès avant le 7 octobre, ils étaient mécontents de constater la discordance entre leur niveau de vie et celui des autres Palestiniens de Cisjordanie, et ceci malgré l’aide internationale massive, celle-ci étant détournée par les oligarques du Hamas.


Les Ayatollahs de Téhéran, se conduisant comme celui que les croisés appelaient le Vieux de la montagne, chef de la secte des Assassins, ainsi nommés parce qu’ils allaient commettre les pires crimes sous l’emprise du Hachich, se sont servis du Hamas comme des « Hachichins » dont on dit qu’ils étaient aveuglément obéissant au point de se précipiter et du haut des remparts sur son ordre.


Les islamistes du Hamas, manipulés comme des marionettes par l’Iran qui ne pouvait accepter l’extension des accords d’Abraham à son ennemi juré, l’Arabie saoudite, sans doute moins stupides que les Hachichins, étaient persuadés que leur attaque serait suivie par une offensive du Hezbollah, et un embrasement généralisé. Les petits Muftis de Gaza ont rêvé que se reproduise le déferlement arabe de 1948, conduisant cette fois à la reprise de Jérusalem comme à l’époque de Saladin.


Cet objectif n’a pas été atteint. Les raisons sont multiples. D’abord la sauvagerie du 7 octobre a frappé de stupeur, même à Téhéran qui a, en conséquence, autorisé le Hezbollah à se dérober. Les deux porte-avions US dépêchés sur place par Joe Biden ne sont pas pour rien dans cette prudence. Mais, l’échec plus profond est que les accords d’Abraham n’ont pas explosé. Même la Cisjordanie dont le Hamas espérait le soulèvement n’a pas, pour l’heure, vraiment bougé.


Sur le plan militaire, le repaire du Hamas, à Gazaville a été réduit à l’état de ruines, et ses combattants ont dû se terrer dans des souterrains, où ils savent qu’il ne pourront rester longtemps. La seule interrogation pour Tsahal est celle de savoir comment « nettoyer » le sud de la bande de Gaza, où se sont réfugiés beaucoup de miliciens du Hamas, car s’ils ont empêché beaucoup de civils de quitter le nord, ils ne s’en sont pas privés.


Ceux qui vantent les victoires du Hamas ont une vision de la réalité déformée ; certains par leur désir secret de voir Israël humilié, d’autres par leur croyance qu’il faut de nos jours absolument être la victime. Les premiers ne font que laisser leur antisémitisme de fond de marmite contaminer leur appréciation. Les autres n’ont pas pris conscience que dans le monde de Poutine où désormais nous vivons, le règne des victimes est révolu. La compétition victimaire est démodée. C’est désormais la loi des armes qui fait foi. Hélas, Hélas, trois fois Hélas.


Le seul adversaire dangereux de l’Etat d’Israël est paradoxalement son ami américain qui lui prêche une modération pour des raisons qui lui sont propres, tant intérieures que géopolitiques. Ces motifs sont d’ailleurs assez peu pertinents. A l’intérieur, flatter le wokisme apporte des voix à Trump sans en conserver pour Biden. Sur le plan international, l’affaire de l’Ukraine a montré que, passé le premier temps de l’émotion, chaque Etat revient à la stricte défense de ses intérêts immédiats. Les mois qui viennent diront aux Ukrainiens ce que vaut le soutien américain. Les Européens seront bien avisés d’en tirer la leçon. Indéfectible se dit en anglais unwavering, il ne semble pas avoir de traduction en américain.


Au second rang des handicaps de l’Etat hébreux est son dirigeant Netanyahu. Il devra partir et être jugé pour ses méfaits. Car il n’y aura d’impunité pour personne. Mais celui qui failli dans la défense d’Israël, par l’ensemble de sa politique imbécile, devra assumer jusqu’au bout la triste tâche de la vengeance. La vengeance est salissante, elle s’accompagne de terribles excès, mais Israël ne peut se payer le luxe d’y renoncer. Seuls les Etats invulnérables peuvent prétendre à la magnanimité.


Quand sera accompli le temps de Némésis, Fille de la Nuit, déesse personnifiant la vengeance chez les Grecs anciens qui la représentaient la foudre dans une main et un sablier dans l’autre, il faudra appeler d’autres dirigeants tant en Israël que chez les Palestiniens, et pour peu que les voisins et autres malintentionnés consentent à ne pas s’en mêler pour flatter leur rue toujours prête à se montrer vindicative, ou, ailleurs, pour se pousser du col, des gens raisonnables inventeront un modus vivendi, original aujourd’hui inimaginable.







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