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Les feuilles les plus persistantes qui soient sont celles des impôts

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 21 avr.
  • 3 min de lecture




Une légende tenace prétend qu’il est un grand tableau suspendu dans le salon d’attente du Ministre des Finances, à Bercy, et que celui-ci représente la cueillette des poires.


Il est vrai qu’en France, tout finit toujours par des impôts.


C’en est à ce point que quand le Gouvernement annonce qu’il va faire des économies, il  ne s’agit pas de réduire son train de vie, oh  que non ! C’est qu’il va supprimer un abattement, une franchise, ou carrément créer une nouvelle taxe à laquelle personne n’avait encore pensé.


L’abattement rabattu est le signe d’une grande vertu fiscale. En effet, c’est une niche qui empêche l’argent de se diriger vers sa destination légitime : les caisses du Trésor public.

Les revenus des retraités bénéficient (le mot est charmant) d’un abattement (bien entendu plafonné) de 10% de même montant que celui des travailleurs salariés ou indépendants. L’idée géniale du patronat, pour que l’Etat fasse des économies, est de le supprimer puisque les retraités n’ont plus de frais professionnels. Comment ne pas y avoir pensé avant ? Peut-être parce que les retraites sont des revenus de l’activité simplement différés ?


Au fil des années, certaines activités, certains placements ont bénéficié d’exemption ou de franchise, ce sont des niches, où dit-on se cache un chien féroce. Mais la raison de ces « anomalies » est toujours dans le fait que l’Etat a voulu diriger l’épargne, ou le travail vers certains emplois. C’est le rôle incitatif de l’impôt qui peut aussi être totalement arbitraire quand le Gouvernement le veut dissuasif.


L’innovation fiscale est une technique imparable. Elle prend le contribuable par surprise, ne lui laisse pas le temps d’organiser son évasion. Car le citoyen est un  prisonnier qui rêve de s’évader. Même quand il respecte la loi, il est suspect d’abuser des droits que l’Etat lui aurait consentis par mégarde.


A l’assujetti, là aussi le vocabulaire rappelle que les Français ne sont que les sujets de Bercy, qui renâcle, on rétorque que les Services Publics doivent être financés. Voudrait-il, ce mauvais citoyen, que l’on ne trouve plus d’infirmières, de médecins, d’enseignants, de policiers (sur ce point on insiste moins),  de juges, bref  les commodités, voire les nécessités que l’État  assure pour lui ?


L’ennui, c’est que sans cesse les prélèvements augmentent et ces services diminuent. On peut même dire que les courbes se croisant, plus les uns croisent, plus les autres disparaissent ou deviennent payants.


Où passe l’argent ? Dit l’homme de bon sens. Dans des allocations aux plus défavorisés, il répond-on. Mais étrangement, les pauvres ne disparaissent pas.  Au contraire, ils sont de plus en plus à passer sous  le seuil de pauvreté. C’est à croire que notre régime attire les pauvres, ou bien qu’il en crée, par exemple en supprimant des emplois.


En vérité, personne ne reconnaîtra que les gestionnaires « hors paires », puisqu’ils sont l’élite de la nation, produits de sa méritocratie sans égale, sont simplement de mauvais régisseurs. Mais ce sont  aussi des profiteurs qui créent des fonctions inutiles pour mieux prospérer au dépens de la prospérité commune. Ils se gobergent, et comme un goinfre produit de la mauvaise graisse, il se barde de toute une armée de subalternes.


A cet état de fait, nul ne peut porter atteinte, puisque ce sont ceux qui en  sont les architectes qui sont chargés de le mettre à bas.


Certaines de ces altesses, parfois, saisis d’une brusque (mais passagère) lucidité, parlent de « ras-le-bol fiscal », comme si c’était une humeur du « cochon payant ».

Un Premier Ministre avouait récemment qu’il existait environ 1250 agences para-étatiques, lui même n’en connaissant  pas le nombre précis, qui doublonnent les services de l’Etat, et se triplonnent ou quadruplonnent entre elles.


Les experts de Bercy savent bien que l’impôt freine l’activité économique, ce  qui produit du chômage de masse, lequel exige des cotisations supplémentaires.


L’inversion de la courbe du chômage, à laquelle s’est évertué Hollande , en vain, Macron y est parvenu en modérant la hausse des impôts, mais les  jeteurs d’argent par les fenêtres étant toujours là, cela s’est traduit par 1000 milliards de dette publique en plus.


Et nous voici revenus à l’impôt.


Aujourd’hui les feuilles d’impôts sont dématérialisées, ce progrès ne les empêche pas d’être plus persistantes que celles du règne végétal.

 
 
 

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