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Malédiction fiscale, la force fatale du ruissellement

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 23 oct.
  • 4 min de lecture


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Notre personnel politique a sans cesse à la bouche l’antienne de la « justice fiscale ». Malgré une redistribution massive et digne du Guinness des records, les inégalités s’aggravent. Ce paradoxe français mérite que l’on tente de l’expliquer.


On se souvient qu’au début de son premier mandat, Emmanuel Macron vantait les « premiers de cordée » et l’effet de ruissellement de la prospérité du haut en bas de la société.


Méthodiquement les économistes français qui font toujours plus de sociologie gauchisante (un pléonasme) que d’économie ont entrepris de démontrer que ce phénomène favorable au regard de la prospérité de tous, était sinon inexistant, en tout cas très limité. Jamais ils n’ont pris en compte l’effet moteur de la réussite éclatante de quelques uns sur la machine économique, alors que dans le domaine sportif on admet qu’un champion mondial entraine une génération d’émules. C’est de cet instrument pragmatique que la Chine communiste a usé pour assurer son décollage économique. En laissant la bride sur le cou à des centaines de milliardaires, le PC chinois a hissé l’Empire du Milieu au rang de challenger des Etats-Unis.


Avec ardeur, nos virtuoses dans l’art d’expliquer pourquoi leurs prévisions ne se sont pas réalisées, assurent que les ultra-riches n’émigreront pas, statistiques à l’appui, sans bien entendu, parce que ce n’est pas quantifiable, mesurer les conséquences sur la fuite des jeunes entrepreneurs pour qui le rêve de faire fortune n’existe plus en France.


Il est une erreur encore plus grave que commettent nos experts auréolés de quatre distinctions du Nobel d’économie. Certes Gérard Dubreu (1983), Maurice Allais (1988), Jean Tirole (2014), et Philippe Aghion (2025), sont ultra-minoritaires à côté des dizaines d’Américains récompensés, mais en France on fait grand cas de ces médailles pour se considérer comme la patrie des grands économistes. Ainsi les Piketty et Zucman ne manquent pas de se pousser du col. Plus modestement, mais toujours à l’affût d’une démonstration de sa pensée « correcte », au sens de sociale, l’inévitable et médiatique  Cercle des économistes, ne manque jamais de dicter sa vérité, qui largement confère à l’impôt un rôle prépondérant de moralisation  de la vie économique, par rapport à ses effets négatifs sur la production de richesses. Pas un instant, ils ne s’interrogent sur la raison pour laquelle ni la morale, ni la prospérité n’y trouvent leur compte.


La faute de nos savants est de négliger un autre effet de ruissellement, celui de la charge fiscale. Elle consiste à croire que l’Etat  peut taxer les riches sans que ceux-ci n’en répercutent le poids sur les moins fortunés qu’eux.


De fait, les milliardaires font payer les millionaires, ceux-ci pressurent la classe moyenne, et cette dernière se venge sur les couches populaires, lesquelles exploitent les prolétaires immigrés.


Quelques exemples : les milliardaires disposent d’entreprises multinationales qui réalisent le plus clair de leurs résultats à l’étranger. Il leur suffit de « délocaliser » les profits là où ils ne sont pas contrôlés pour faire grossir leur trésor de guerre au détriment les millionaires actionnaires français de leurs  groupes. Ces derniers peuvent diminuer sans trop en souffrir leur consommation de biens services et travaux. Les ultra-riches peuvent aussi délocaliser les emplois ce qui les enrichit et appauvrit tous les autres. Les entreprises du CAC 40 réalisent 80% de leurs profits à l’étranger. Il est donc facile de moduler les remontées de dividendes.

Quant aux membres des classes moyennes, ils réagissent aux taxes en faisant appel à l’économie partiellement ou totalement parallèle. Et en bout de chaîne, ceux qui, n’ayant aucun pouvoir de négociation, n’auront pas ou moins cotisé auront de mauvaises surprises le temps de la retraite venu.


Ce phénomène de cascade explique que plus on taxe les plus hauts revenus et les grandes fortunes, plus le reste de la population en supporte la charge et doit être aidée pour boucler ses fins de mois.


Ce cercle vicieux par lequel un groupe fait invariablement supporter à un autre, moins bien placé dans la compétition économique, ce que la puissance publique lui impose, conduit à augmenter sans cesse les prélèvements obligatoires. Loin de réparer les inégalités, la taxation des riches aggrave la situation des pauvres.Toujours ce sont les plus faibles qui trinquent et ce n’est pas avec des coupes de champagne.


Ainsi l’Etat dépense « un pognon de dingue » et la pauvreté est toujours là, toujours plus criante. L’Etat impécunieux, lui-aussi, a de plus en plus de mal à finaliser ses budgets même au prix d’un endettement galopant.


La manière radicale de supprimer l’effet de répercussion serait de supprimer totalement le marché, et de le remplacer par une fixation générale de tous les prix par une bureaucratie omnipotente, c’est-à-dire un Etat totalitaire.


Nos économistes qui négligent les vertus des inégalités dans la dynamique économique devraient aussi méditer sur le phénomène de répercussion, mécanisme implacable qui est largement responsable de l’engrenage de l’impôt qui conduit à plus de besoin d’allocations compensatoires, donc plus impôt… et ainsi de suite. Ce phénomène est d’autant plus néfaste qu’il se superpose à un autre qui ne concerne que les caisses de l’Etat ; celui du déficit public lequel entraine une tension fiscale accrue, qui inéluctablement accroît le déficit.


Comme pour les chutes d’eau, le ruissellement fiscal, plus cela tombe de haut, plus cela fait mal.


Bien entendu, il est nécessaire de contrôler les effets abusifs du marché libre tels que ceux de la domination monopolistique, ou le déséquilibre dans les facultés de négociation des agents, particuliers ou entreprises, entre eux. Telle est la fonction de la réglementation qui doit encadrer l’exercice de chaque profession et activité. Mais il est illusoire et contreproductif de s’en remettre à l’impôt pour réaliser ce que l’on appelle abusivement une justice fiscale. L’impôt étant en bout de course inévitablent supporté par les moins favorisés.


Même lorsque les contributions ne sont pas confiscatoires et décourageantes pour les entreprises, même quand le consentement à l’impôt n’est pas remis en cause, il est nécessaire de les stabiliser pour éviter que chaque nouvelle taxe ne soit répercutée, parfois même au-delà de son impact initial. L’idée a priori évidente que taxer les hyper-riches peut remplir les caisses du Trésor public sans conséquences pour tous les autres, c’est-à-dire soi-même, est à la source de la démagogie fiscale délétère qui a ruiné la France.


C’est en ignorant ce type de ruissellement maléfique que notre pays a atteint le degré de prélèvements obligatoires inégalé qui est le sien, sans parvenir à financer ses services publics fondamentaux. Il faudrait une révolution idéologique de nos partis politiques qui se livrent à une surenchère fiscale aussi stupide que ridicule pour conjurer la force de ce destin funeste.

 
 
 
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