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Maman, j’ai rétréci ma majorité




Relative, la majorité à l’Assemblée Nationale d’Emmanuel Macron, était un petit corps malade à la cohésion problématique. Par le choc révélateur du projet de loi Darmanin, elle apparaît disloquée, comme brisée sur les récifs de la réalité d’un pays qui réclame presque unanimement de la fermeté sur la question migratoire.


Quand Alfred de Musset écrivit Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, il ne pensait pas à l’immigration, mais aux vertus de la clarté du discours dans les affaires de cœur. Emmanuel Macron eut été bien avisé de s’en inspirer, tant les discours sur l’immigration sont affaires d’émotion.

Dans un exercice réthorique laborieux, et destiné à la France des Bobos, il a tenté de montrer ce mercredi que la loi votée au Parlement était ambidextre. Elle serait tant de gauche que de droite, alors qu’il indiquait compter sur le Conseil Constitutionnel pour expulser ce qui le chagrinait dans ce texte. D’évidence, c’était le sceau du «contrariant » dont la loi était tamponnée. Plus claire était la position de Bruno Le Maire qui déclarait approuver la loi à 100%.


Le Président aurait pu assumer, lui aussi, l’orientation droitière de la loi, correspondant au vœu de la très grande majorité des Français. Il a cru habile de godiller dans un flot de contrevérités.  Selon lui, elle était un bouclier nécessaire, mais la conséquence malheureuse d’une majorité insuffisante, ajoutant qu’elle ne devait rien à l’extrême Droite  et peu à la Droite, alors que son aile gauche effarouchée quittait le navire, dans un remake des frondeurs de Hollande. Comprenne qui pourra. Emmanuel Macron aurait été plus convaincant en avouant avoir soupiré en privé : Maman, j’ai rétréci ma majorité, sans en trouver une autre.


La palme d’or de la jobardise, dans l’aventure, revient aux élus qui ont sans rougir revendiqué ne pas regarder quelle mesure ils votent, mais uniquement qui va la voter. Terrible aveu de leur incapacité à savoir ce qui est bon ou mauvais pour le pays.


Emmanuel Macron est, dit-on, passé maitre dans l’art de pulvériser les anciens partis, ceux de l’ancien monde. Cela n’a jamais été tout à fait vrai, et c’est même désormais complètement faux.


Certes, le Parti Socialiste est moribond, et ne survit que sous l’égide de la Nupes qui le soutient comme la corde soutient le pendu. Mais, il était déjà un cadavre à la renverse à la fin du règne de Mitterrand et il fut laissé cliniquement mort par François Hollande. Emmanuel  Macron n’est pour rien dans l’agonie du PS, il en a ramassé quelques dépouilles. La parenthèse Renaissance aura, en fait, été un passage en réanimation pour bien des socialistes qui désormais retrouvent leur souffle d’origine, comme après un covid long.


On disait Les Républicains déboussolés, dispersés façon puzzle, errants comme âmes en peine, auxquels les médias ne manifestaient qu’un mépris ironique. Les voici qui, bien que minoritaires, imposent par leur habileté manœuvrière leurs exigences à l’exécutif.  Requinqué, le parti de la Droite traditionnelle a montré que même sans leader charismatique, il pouvait se montrer déterminé et uni, ses membres ayant voté la loi comme un seul homme.


Quand au Rassemblement National, dont Emmanuel Macron a fait son opposant privilégié, de sorte que tout lui profite, il le sacralise dans sa posture d’alternative au système en proposant de ne pas tenir compte de son vote favorable à la loi. Cette stratégie est effroyable. Elle pousse, mécaniquement, les Français aux extrêmes pour la prochaine alternance dont la date ultime est déjà fixée à mai 2027.


Trop longtemps, les membres du Gouvernement, en cela approuvés par les médias main stream, ont affirmé que l’on ne pouvait rien contre la pression migratoire, que les reconduites à la frontière étaient impossibles, que les OQTF ne servaient à rien, et que les délinquants avaient des droits qui interdisaient de les mettre hors d’état de nuire… pour qu’il ne vienne pas à l’esprit qu’il faudrait, un jour ou l’autre, congédier les incapables.


Le slogan des prochaines élections est prévisible, il sera certainement : Du balais !


Bien entendu, conviendront les plus lucides, cela n’assurera pas que les suivants seront plus compétents, mais au moins, on peut penser qu’ils essayeront de faire quelque chose, là où les actuels gouvernants ont renoncé. En ce sens, Emmanuel Macron a raison de dire qu’il se devait d’agir. Mais, il est douteux que les pas de tango qu’il a esquissés puissent être confondus avec un quadrille des Lanciers.


De plus, à force d’entendre dire par les impuissants de l’État, que l’insécurité est un sentiment, que le risque zéro n’existe pas, et que finalement l’immigration, toute ratée que soit l’intégration des arrivants, est une chance… le simple soulagement de voir « dégager » ces dirigeants qui se payent leur tête donnera aux électeurs une satisfaction, en soi, décisive. Du balais ! Du balais ! Du balais ! Penseront-ils.


La question de l’immigration n’était pas dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron en 2022. On le dit. Et c’est une surprise que d’apprendre que le Président reconduit plus que réélu, dans un contexte de guerre en Europe, avait un programme, on avait plutôt entendu qu’il n’avait pas pris la peine de faire campagne.


Le plus préoccupant est que malgré la tempête d’indignation de la Gauche outrée par une loi qu’elle juge scélérate, la montagne macronienne aura accouché d’une souris. En effet, un grand nombre des immigrants venant d’Algérie, ils sont laissés hors du champ du texte nouveau par l’effet du traité franco-algérien de 1968.


Selon l’INSEE, les pays de naissance les plus fréquents des immigrés sont l'Algérie (12,5 %), le Maroc (11,9 %), le Portugal (8,2 %), la Tunisie (4,7 %), l'Italie (4,0 %), l'Espagne (3,5 %) et la Turquie (3,3 %). Nul doute que la loi qui vient d’être votée, augmentera la part des Algériens dans l’ensemble de l’immigration.


L’impréparation de la stratégie laissée à Darmanin qui n’insistera pas pour que son nom soit associé à la loi, laisse perplexe. Emmanuel Macron n’a pas pour habitude de déléguer.

La vérité est que pour le Président de la République, l’immigration est une question qui se traite exclusivement pour et par l’économie y compris dans ses implications sociales. Il y voit de la main-d’œuvre pour les métiers en tension, et compte sur la prospérité qui en résultera pour apaiser les tensions. Cette martingale présente un défaut majeur, elle méconnaît la nature, tant en quantité qu’en qualité, de l’immigration à laquelle la France, et ses voisins européens sont confrontés.


Pour rebondir, le Président va mettre la barre à gauche, annoncent les médias avec gourmandise.

Le sociétal sied à Emmanuel Macron, il en use comme d’une variable d’ajustement politique, d’autant plus volontiers qu’il ne coûte rien.



Face aux difficultés de changer la vie, le Président pense à agir sur la mort, à ses deux extrémités.


Inscrire l’IVG, que nul ne conteste, dans la Constitution n’est pas une avancée, c’est enfoncer une porte ouverte.


En revanche, il est loin d’être acquis que légiférer sur la fin de vie ramènera à Emmanuel Macron sa jambe gauche, tant il est vrai que le sujet est périlleux, et de nature à diviser ; car, si nombre de Français sont partisans de plus de maitrise dans leur souffrance ultime, peu d’entre eux sont  acquis aux bienfaits de l’euthanasie.


Notre Président aurait été mieux inspiré de proposer une loi sur l’intégration, avant même de parler d’immigration.  En effet, si nombre de Français et d’Européens  sont aujourd’hui hostiles à l’immigration, c’est uniquement en raison de l’échec de l’assimilation au corps social des nouveaux arrivants. Il est aussi probable que pour beaucoup, une intégration paisible suffirait à désarmer leur prévention.


L’intégration est un chantier dans lequel tous les Français pourraient se reconnaitre. Certes la politique à mener en la matière n’est ni facile, ni d’une évidence aveuglante, tant les obstacles à surmonter sont immenses. Les adversaires de l’identité française, islamistes et wokistes sont virulents. Mais la force d’âme est le seul discours qui vaille dans les temps troublés.


Il faudrait au pays la stature d’un De Gaulle pour redonner leur fierté aux Français. Emmanuel Macron n’en a pas la pointure, ni la fermeté de conscience. L’ennui, c’est que, derrière lui, la relève ne promet guère mieux. Les événements font, dit-on, les grands hommes, ils n’ont jamais été aussi propices, mais cela tarde à venir.


Avec un sens des priorités qui les caractérise, les médias nous servent des plateaux télé immangeables, donnant une place disproportionnée à l’affaire Gérard Depardieu.  Voilà que l’on instruit en direct et sans contradiction, information, ni défense le procès de l’acteur avec, au bout de ce lynchage, sa mort professionnelle… et sa légion d’honneur qu’une Ministre de la culture, la même qui voudrait supprimer CNEWS, voulait lui retirer séance tenante. On pense évidemment à une cérémonie où la médaille serait arrachée de la poitrine de l’acteur, ses films étant foulés aux pieds.


Quel rapport avec notre propos ? Simplement, dans toute cette agitation autour de paroles salaces tenus il y a cinq ans… en Corée du Nord, et d’accusations qui restent à prouver, nul n’évoque le fait établi que Depardieu ait choisi la nationalité russe et a copiné comme cochon avec le sieur Poutine. Cette attitude est autrement plus insultante pour la France et les Français que des mots volés par des journalistes peu scrupuleux. Emmanuel Macron a eu raison de se démarquer de la meute de ceux que François Mitterrand appelait « les chiens », il aurait pu d’un mot regretter ce passeport russe, avant de célébrer un homme qui fait honneur à la France.





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