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Monsieur le Président

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 27 oct. 2022
  • 3 min de lecture


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Monsieur le Président, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. Je viens de vous entendre sur les ondes faire de la « pédagogie » comme si les Français étaient des écoliers ignorants qu’il fallait instruire de vos lumières.

Le procédé est un brin vexant, il aurait été plus délicat d’annoncer que vous avez condescendu à vous expliquer. Mais cela aurait été vous abaisser au niveau du vulgum pecus. Quoiqu’il en soit et dussiez-vous le mal prendre comme une irrévérence à votre intelligence, je vous ferai deux remarques qui sont elles aussi du ressort de la pédagogie.


Il s’agit de l’art de gouverner d’une part et de la question énergétique de l’autre. Ce deux registres sont différents, mais, à vous entendre pérorer, j’ai acquis la conviction que vous aviez besoin d’un certain soutien scolaire à leur propos.


La politique, d’abord. Avec raison vous avez fustigé le contresens des votants de la motion de censure qui, tenants de politiques incompatibles, sont incapables de formes une majorité de rechange. Vous auriez pu ajouter que c’était là un détournement de la finalité constitutionnelle d’une procédure qui n’a pas pour finalité de montrer la défiance, pour faire tomber le gouvernement comme sous la quatrième République, mais de s’assurer que la France serait en permanence gouvernée par une majorité efficiente.


Là où cependant vous méritez un zéro pointé, c’est sur votre conception de la constitution de majorités occasionnelles sur quelques mesures, en y ralliant des députés ( par exemple LR, sur les retraites, ou LFI sur des mesures wokes ) qui sont par ailleurs révulsés par d’autres actions qui leur sont inacceptables.

Une politique véritable se doit d’avoir une cohérence. Distribuer des douceurs ici ou là, faire des sourires de connivence, des concessions, godiller, aller de droite et de gauche est un luxe réservé à qui dispose d’une majorité absolue.


Une coalition n’est pas un repas à la carte, c’est un menu où chacun fait un pas, mais qui reste cohérent. Faute de quoi il est immangeable. Il faut vous y résoudre, Monsieur le Président, c’est la fin du « en même temps ». Pour obtenir une majorité, vous devrez négocier un accord global de gouvernement, ou vous n’en aurez point.


Leçon numéro deux, l’énergie. Votre « pédagogie » n’a pas été jusqu’à expliquer aux Français pourquoi le prix de l’électricité dont le coût de production n’a pas varié depuis l’an dernier pour l’essentiel, devrait être multiplié par des mille et des cents, menaçant la survie de moult entreprises nécessaires au pays. Certes, il faut importer un peu d’électricité chère, du fait de l’imprévoyance qui a mis à mal notre parc nucléaire, notamment en détruisant le tissus de sous-traitants indispensables à son bon entretien. Mais cela reste marginal et devrait faire l’objet d’une péréquation. Faute de vous être expliqué sur ce qui heurte le bon sens, le soupçon nait d’une manœuvre de Bercy qui aurait une finalité cachée. Il s’agirait de faire renflouer par les consommateurs, bien heureux de voir par votre magnanimité leur facture haussée de quinze pour-cent seulement, d’autres caisses. Celle des opérateurs de l’énergie (tels ENGIE) qui ne produisant rien achètent l’électricité à prix cassés et la revendent à des tarifs exorbitants. Mais on voit aussi le calcul du Trésor public qui achète aujourd’hui EDF en bourse à bon compte, et bénéficiera de l’afflux de la mane tarifaire dès l’an prochain. De tels agissements conduiraient les spéculateurs privés en prison. On voudrait croire que ces soupçons sont infondés, mais l’on attend vainement vos explications à ce sujet. On ne fait que supposer. Découpler le prix de l’électricité de celui du gaz, est-il impossible, ou difficile ? Quels sont les véritables enjeux ? Vous n’en avez rien dit. Pour ne s’en tenir à ces deux questions vous méritez le bonnet d’âne.


Bien entendu, une mauvaise note sur la matière de l’énergie ne vous nuira qu’au plan de la moyenne générale qui n’est pas bien brillante. Vous pourrez la compenser par les bonnes prestation au niveau international, et surtout la médiocrité du reste de la classe. Mais attention au cours de politique gouvernementale, dans ce domaine le zéro est éliminatoire.


Sur un malentendu et un concours de circonstances vous avez été admis à redoubler, il faut cependant vous renouveler. Mais ce n’est pas en copiant sur des Conseils citoyens tout aussi ignorants que vous y parviendrez.


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