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Polichinelle et son secret




Dans la Comedia del Arte, il est un ressort comique, repris par le théâtre de Guignol, et aussi par Molière dans Les Fourberies de Scapin, où un personnage est menacé par un danger qu’il ne voit pas à la différence du public qui est averti du péril. Il arrive aussi que s’étant glissé dans un sac, il se fasse bastoner sans savoir par qui.


Ce procédé que l’on peut appeler principe de Polichinelle, car le secret le plus mal gardé qui soit au point qu’il est connu de tous comme celui de Polichinelle, est à l’œuvre dans le monde politique. Les choses en sont à ce point que seuls les gouvernants l’ignorent.


Avec une constance qui pourrait consterner, nos dirigeants ignorent le péril que constitue pour la société un groupe social certes réduit en nombre, mais contagieux, de plus en plus haineux, hostile à la France et rebelle à l’autorité de l’Etat. Ses manifestations vont des actes terroristes, aux provocations vestimentaires, en passant par les refus d’obtempérer ou le rejet de toute autorité à l’école.


Comme Polichinelle personnage divers, bouffon, faible, versatile et cafouilleux, les adjectifs ne manquent pas, c’est le caractère qui fait défaut, nos politiques se croient à l’abri dans un sac où ils se font rouer de coups sans même voir leurs vrais agresseurs. A force, ces idiots inutiles, deviennent risibles, et si le ridicule ne tue pas, il les disqualifie radicalement.


Ces dangers imminents, le public, que forment les Français ordinaires, les perçoivent. Mais les Polichinelle qui les gouvernent ne voient rien. Pour eux l’insécurité est un sentiment, pas un fait. Les faits de sociétés ne sont pour eux que des faits divers. En conséquence, ils sont incapables d’en imaginer la parade.


Quand un drame aussi flagrant qu’à Crépol se produit, les jocrisses refusent de se prononcer en invoquant la lenteur nécessaire de l’enquête. La majesté de la Justice qui devrait cette fois prévaloir sur la précipitation du temps médiatique. Le public comprend qu‘il lui est enjoint d’attendre, cette fois, deux ou trois ans pour s’émouvoir.


La dissimulation des prénoms des auteurs a signé la couardise des Polichinelle. En effet, faute de pouvoir personnaliser les fautes, comme dans les attentats contre Charlie, ou le Bataclan, dont on a connu très vite l’identité des tueurs, c’est tout un quartier qui s’est trouvé incriminé, et peut-être au-delà.

Il en est résulté un sentiment, au demeurant injustifié, que les pouvoirs publics était défaillants dans la poursuite des criminels, ouvrant la porte aux ultras-droite de Gros lardon (apprécions l’aspect rabelaisien mais foncièrement antipathique) pour faire une descente punitive à Romans ; velléité de ratonade, faisant revivre une violence anti-maghrébine qui avait disparu depuis un demi siècle.

Les causes de ces débordements sont des secrets de Polichinelle. Tout le monde les connait. Mais il est interdit d’en parler. Et pourtant l’immense majorité des Français de toutes origines et confessions n’attendent que leurs dirigeants sortent du sac où ils se croient à l’abri, mais qui les rend impuissants.



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