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Pour l’argent magique, on attend Majax, ce sera  Garcimore

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 15 nov.
  • 5 min de lecture


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Quo non ascendet, telle était la devise de Nicolas Fouquet, Mozart de la finance avant Mozart. Signifiant « jusqu’où ne montera-t-il pas », elle accompagnait un écureuil, son emblème familial. Cette impudence lui fut fatale. Sur ordre de Louis XIV, c’est le mousquetaire D’Artagan, le vrai, qui vint l’arrêter, afin de l’emprisonner pour le restant de ses jours.


On ne sait quel animal totem pourrait convenir à Emmanuel Macron, mais l’on imagine bien quelle sera sa devise : quo non descendet, qu’il est inutile de traduire même aux non latinistes. En effet, son ambition initiale pour lui-même et la France semble s’être muée en une prédilection pour la descente aux enfers. Toujours plus bas.


On voudrait dresser un bilan objectif de l’action de ce Président qui promettait une startup nation rompant avec le monde d’avant et les mœurs politicardes. Hélas, son second mandat  n’est pas terminé, et il a déjà consenti à l’annulation de l’essentiel de ce que l’on aurait pu inscrire au crédit de sa présidence.


L’alternance au pouvoir est toujours l’occasion pour le successeur d’anéantir l’œuvre de son prédécesseur ; François Hollande en fit une politique centrée sur la contradiction de celle de Sarkozy. Singulièrement, Emmanuel Macron n’entend laisser ce soin destructeur à personne. C’est lui-même qui s’emploie à défaire tout ce qu’il a bâti, montrant par là le peu de conviction qu’il y avait investi.


La démolition a commencé avec la dissolution de 2024, que beaucoup ont analysée comme un caprice d’enfant tyrannique, que d’autres ont compris comme un défi lancé aux électeurs, mais qui fut, on le sait maintenant, la crainte d’affronter un dérapage inédit des comptes publics. La dernière indiscrétion de Bruno Le Maire, qui fut son loyal factotum, montre que Macron était parfaitement informé depuis plusieurs mois du plongeon financier. La manœuvre fut une trahison délibérée du corps électoral tenu dans l’ignorance  d’une situation financière hors de contrôle. Cette vilenie, à demi réussie,  a conduit à la survenance d’une Chambre ingouvernable. Cette décision fut, en vérité, la démission d’un Président, en panique, incapable de faire face à ses responsabilités.


Un autre refus d’obstacle d’Emmanuel Macron, au dos craintif, fut sa dérobade devant la menace islamiste. En s’abstenant de se joindre à la marche  contre l’antisémitisme, le chef de l’Etat adoptait une posture de soumission à son fantasme de la rue arabe. Cette couardise, le régime algérien l’a exploitée, multipliant les camouflets et, in fine, lui crachant au visage en attendant une requête du Chancelier allemand pour gracier Boualem Sansal. On repense à la libération par les Iraniens de l’Ambassade des Etats-Unis, refusée à Carter et accordée en un jour à Reagan.  Avoir dû recourir à un « tiers de confiance » pour faire libérer un otage français est une humiliation de plus que la France a subie. La reconnaissance, encore, d’un Etat palestinien, en oubliant les conditions qu’il avait lui-même énoncées, ne fut qu’un autre signe de démission d’Emmanuel Macron.


Démissionner est devenu chez le Président une seconde nature. La commémoration des attentats islamistes du 13 novembre 2015 perpétrés notamment dans une salle de concert, qui préfiguraient ceux du 7 octobre 2023 où une fête musicale fut aussi le théâtre d’horreurs, aurait dû conduire le chef de l’Etat à nommer (comme le fit Boualem Sansal) le terrorisme comme une guerre islamiste faite à la France. Il s’en est bien gardé, lui qui parlait sans ambages de guerre au COVID. Craignait-il les foudres de Rima Hassan pour qui les assassins islamistes sont des résistants ? La réalité est plus cruelle : le fauteuil présidentiel n’est plus celui du défenseur de la France, mais d’un squatter sans dignité.


La capacité de nuisance de ce chef de l’Etat que personne n’écoute plus, mais qui continue à parler au vide, est encore susceptible de mener les Français à la catastrophe financière, tant il parait s’employer à rendre impossible la tâche de son successeur. Laisser derrière soi un champ de ruine est une tentation des dirigeants médiocres contraints de quitter le pouvoir, Emmanuel Macron ne fait pas exception à cette règle funeste.


La suspension de sa réforme des retraites, et sa soumission à la frénésie fiscale du Parti Socialiste,  sont des renoncements majeurs, dont les conséquences vont marquer l’après-Macron, sans doute jusqu’à mettre en danger le futur de la 5ème République.


Après les revirements d’un Président versatile, sans colonne vertébrale, ces renoncements, probablement pas suivis d’effets, car le psychodrame du budget halloween fiscal n’est pas terminé, est une pilule dont le poison déjà diffusé dans la société française, sera fatal  aux candidats des prochaines présidentielles.


Bien habile celui qui saura persuader les Français que l’on ne peut consommer plus que l’on produit, que le pouvoir d’achat est inséparable de la productivité, et que depuis trop longtemps ils vivent au dessus de leurs moyens aux crochets de leurs enfants jusqu’à la septième génération. Qui aura le courage de pointer cet aveuglement d’une opinion, majoritaire (nous dit-on), réluctante au moindre effort ?


Cette attitude de gaulois égoïstes ne trouve d’explication que dans le fait que les Français ont acquis la conviction que tout concours de leur part serait encourager un Etat prodigue, véritable panier percé, qui ne veut pas réduire son train de vie, ni cesser de jeter leur argent par les fenêtres. Cela n’a rien de mystérieux, mais il n’existe aucun signe annonciateur d’une amélioration à cet égard. L’ensemble du personnel politique, tétanisé par la perspective des urnes, reste, en effet, aveugle à cette évidence.


On peut déjà prévoir que la prochaine élection présidentielle, qui sera un festival de promesses lunaires proférées par des raseurs gratis du lendemain, n’apportera aucune solution  à l’équation fatale léguée par Macron. Ceux qui prétendent que cette consultation tranchera le nœud gordien d’un Etat sans le sou qui persiste à jouer les nounous à la poitrine généreuse, sont les mêmes qui, bizarrement, affirment qu’une  élection législative d’aujourd’hui ne fournirait aucune solution. C’est bien, dans les deux cas, sur des programmes impossibles que l’un ou l’autre de ces scrutins aurait à se prononcer.


Il faudrait un Gérard Majax pour trouver la formule magique qui permette de faire disparaître les dettes et déficits sans tenir un langage churchillien qui est la garantie de perdre l’élection. On risque fort, hélas, de voir accéder à l’Elysée un Garcimore, spécialiste des tours qui foirent.


Contrairement à ce qu’Emmanuel Macron espère sans doute, les Français déçus par le prochain locataire de l’Elysée, ne le regretteront pas. Ils voudront bien plus certainement changer de République, dans l’espoir de voir rompre la spirale infernale de la redistribution, des impôts, du marasme économique, du déficit et de la dette…


Incapable d’affronter la réalité financière, celle-ci sera imposée à la France dans la douleur par la BCE et l’Allemagne. Bien entendu, le peuple voudra que des têtes tombent. Et puisque l’on croit en France, depuis Jean-Jacques Rousseau, que les institutions  déterminent tout, et peuvent tout guérir, il faudra que l’on change de République.


Pour calmer la fureur populaire, on annoncera la réunion d’une Assemblée constituante en vue de proposer un nouveau régime par référendum.


Ainsi sera avalée la potion amère du réel, dans l’émotion d’une révolution soft, tout bouleversement violent étant interdit aux Français par le contexte économique et politique de l’appartenance à l’Union Européenne et à l’euro.


 
 
 
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