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Pour un salaire jardinier

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 29 févr. 2024
  • 2 min de lecture


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La campagne que l’on dit riante quand elle est soigneusement ordonnée par la main de l’homme, ne rit plus, elle grogne. Ses jardiniers sont menacés de disparition.


Inévitablement, ceux qui pensent que l’agriculture est une industrie comme une autre, parlent de rentabilité et prônent une augmentation des tailles d’exploitation, permettant de faire des économies d’échelle, et de se passer de main-d’oeuvre. Bonne solution pour sauver le monde agricole, le supprimer. Mais a-t-on besoin des agriculteurs ?


Ceux qui pensent que l’on ne peut aller plus loin dans la réduction du nombre des Mohicans de la terre, promettent le prix plancher pour garantir un revenu décent. C’est une solution en trompe l’œil. Possible pour certaines productions, il est impraticable de manière généralisée. Parmi les obstacles, l’accord nécessaire de l’Union, la concurrence internationale et une fixation autoritaire. Ce retour à la logique de l’Administration est une garantie d’échec, comme l’illustre la multiplication des lois EGALIM qui partant du même principe n’ont eu aucun effet.


Face au déficit indéniable de rentabilité d’une partie l’agriculture, on peut et l’on doit la libérer de la bureaucratie et surtout ne pas confondre libre échange et concurrence déloyale.


Il faut aussi développer les mécanismes internes de péréquation entre les métiers agricoles, les filières et les régions, mais cela ne sera pas suffisant. Il faudra prendre en compte le fait que les agriculteurs sont en charge de la terre qui entoure les villes.   


Les agriculteurs devraient être rémunérés pour leur travail d’entretien de la nature, responsabilité qu’ils assument actuellement gratuitement. Au lieu de prélever un impôt foncier sur les terres agricoles, l’Etat devrait verser un salaire aux propriétaires fonciers auxquels il impose de plus en plus d’obligations.


Aujourd’hui, les exploitants sont exonérés à hauteur de 20% de l’impôt foncier, ce qui est insuffisant, il faudrait un impôt négatif. Le financement par l’Etat, c’est-à-dire tous, se justifie car tous en bénéficient.


Pas d’obligation sans contrepartie financière, ce principe économiquement sain est la seule façon de préserver à la fois la nature et l’agriculture.


Il est un fait indiscutable, ce sont les agriculteurs qui entretiennent les campagnes, personne d’autre, et pour ce travail d’intérêt collectif ils ne sont pas rémunérés. Un salaire jardinier ne serait que logique environnementale, car quand il n’y aura plus personne pour remplir cet office, la nature livrée à elle-même deviendra vite hostile. 


Les urbains n’en ont pas conscience, ils croient que la nature est bonne et l’homme mauvais. Il croient que les tomates poussent dans les rayons des hypermarchés, que la farine sort directement des  mains du boulanger, et que la viande est fabriquée par le boucher sur son étal. La campagne, pour le citadin, est au mieux un lieu de promenade.   


Rappelons enfin que la question de la rentabilité agricole commande aussi la qualité. La production la plus rentable nous conduira à bouffer du « soylent  green » (soleil vert) disent les optimistes, et les pessimistes savent qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. 


Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es, dit le sage. 

 
 
 

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