Pourquoi Trump passe-t-il les bornes ?
- André Touboul

- 10 janv. 2021
- 2 min de lecture

Trump a prêté serment la main posée sur la Bible de protéger la Constitution américaine. Désigner, comme il l’a fait à la colère populaire, le Congrès avec la conséquence que l’on sait, est un parjure. Il semble fatal qu’il aura à répondre de ce crime, commis à la vue de tous.
Trump a ainsi passé les bornes parce que cela correspond à son attitude habituelle. En toute matière, sa méthode est d’aller trop loin. Puis de faire marche arrière. On l’a vu avec la Corée du Nord, avec la Chine, et dans le contenu de ses tweets, toujours excessifs. Ce débordement systématique est proche d’un désordre mental, mais nombre de leaders politiques ont traversé de telles périodes. Pour Trump ce déséquilibre est permanent. Tout simplement il ne sait pas se conduire autrement.
Si l’on veut trouver une rationalité à ce comportement, on peut supposer que Trump espérait par ce coup de boutoir contre la Démocratie représentative elle-même, en l’humiliant, par des comportements d’assaillants proches du ridicule, déstabiliser le régime.
A la faveur de cet événement, il espérait que les 70 millions d’électeurs qui avaient voté pour lui bougeraient. Et se mettraient en mouvement spontanément. Il n’en a rien été. A cette occasion on a pu vérifier que Trump était en politique un amateur, car un grand mouvement populaire n’est jamais spontané, il doit pour exister être organisé, diront les politologues. Rien n’est moins sûr, l’épisode des Gilets jaunes en France a montré qu’un mouvement quasi-insurrectionnel pouvait se produire, par la magie des réseaux sociaux qui à la fois accélère les mots d’ordre, et les amplifie, ce qui dispense de disposer d’une organisation pour créer le désordre.
On ne peut qu’approuver la décision des grands réseaux US de couper la parole à Donald Trump On peut aussi trouver déplacés les reproches qui leur sont faits de ne pas avoir agi plus tôt eu égard à la quantité de fake news déversées par le Président américain sur leurs médias. En effet, jamais Trump n’avait auparavant appelé à marcher sur le Capitole. Ses écarts avec le réel relevaient d’une interprétation sans doute abusive, pas d’une volonté séditieuse.
Encore une fois, les anti-Trump qui sont exactement les mêmes qui par ailleurs défendent à juste titre la liberté d’expression se tirent une balle dans le pied. Ils montrent que le ticket pour la libre parole n’est valable que pour eux et ne protège que leurs idées. En réalité, ils commettent le même pêché de sectarisme que lui.
Le Rubicon franchi par Trump le fait passer du populisme au fascisme. Avec le populisme, il restait dans le cadre des institutions démocratiques, par ses derniers propos il en est sorti. Mais, sans succès car il s'est trouvé seul dans cette démarche fasciste.
Le comportement et les propos de Trump ne sont criminels que parce qu’il est Président, car le respect américain pour la liberté d'expression est tel qu'un citoyen américain lambda pourrait critiquer et même appeler à combattre les institutions, sans être répréhensible au regard de la loi .
*
Commentaires