Quand les femmes savantes rejoignent les précieuses ridicules
- André Touboul

- 17 juin 2023
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Le calembour, disait Victor Hugo, est la fiente de l’esprit qui vole, le gros mot est aussi une déjection de la langue, mais loin d’inviter à sourire, ce vocabulaire final est la signature d’une impuissance de l’argumentation. Comme l’injure, il ne prouve rien, mais, il faut l’avouer cela soulage.
On ajoutera ici que la lexicologie des mots chargés de vulgarité est parfois révélatrice d’un fait de société. Ainsi le retour en force du mot « con » sacralisé par Audiart, et un temps concurrencé par l’idiot, n’est pas sans illustrer la resurgence des cloportes malfaisants qui osent tout.
Quand l’on entend et lit les ravages que font les folles furieuses de l’écriture inclusive, l’on se dit que l’on avait tort. Tout portait à croire que « conard » n’avait pas de féminin et que c’était bien que le mot de »conarde » n’ait pas droit de cité. En fait, la langue française étant d’une richesse infinie, il existe un vocable qui résume bien ce que l’on peut penser de certaines viragos du verbe qui veulent imposer l’écriture inclusive, c’est celui de « conasses ». Ouf ! C’est dit.
La conasse est une conne crétine, comme le conard est un con, mais crétin. Du con ils (ou elles) en ont la malfaisance, ils y ajoutent une insondable égoïste bêtise.
La rapidité avec laquelle l’écriture inclusive, promue par quelques « femmes savantes » dont Sardine Ruisseau est le porte drapeau, a conquis les milieux universitaires est typique du besoin de cuistrerie de cette coterie, que l’on se retient, par courtoisie, de qualifier de cocotterie. Comme les professions ont leur jargon, les apprentis enseignants se sont précipités sur l’inclusive qui, il est vrai, n’est pas à la portée de tous, est proprement illisible et constitue un marqueur de l’entre-soi qui tient à l’écart le vulgum pecus. Il fut un temps où l’on parlait latin pour se dire instruit, il est resté quelques locution de cette langue morte, qui un temps ont survécu dans les pages roses du dictionnaire. Mais au moins était-ce une référence à ce qui a construit notre langue et non une entreprise de destruction.
On ne sait si l’espéranto est ou non inclusif, mais pourquoi ne pas l’utiliser et ficher la paix à la langue française.
En réalité, la défiguration de la langue n’est qu’un prétexte. C’est à la gent masculine toute entière que les desperadas du féminisme s’en prennent. Ces Trissotines auraient ravi Molière qui en aurait fait une comédie. Mais, bien que ces genreuses soient ridicules, elles ne méritent pas que l’on rie d’elles. Ce serait leur faire trop d’honneur. Leur préciosité est consternante de bêtise. Si l’on les laissait faire elles réécriraient Rimbaud et Verlaine en inclusive.
Sous couvert de revendiquer une égalité trop longtemps refusée, et qui laisse encore à désirer nos précieuses ridicules usent du plus puissant levier qui soit, le désir de paraître moderne. Ainsi se répand dans les formulaires et les affiches des points et des parenthèses censées réintroduire les femmes dans la langue. Mais pourquoi s’arrêter là ? Les LGTB++ ne méritent « iels » pas que l’on ajoute des ++ aux « e » surnuméraires ? S’y refuser serait un signe d’exclusion. Quelle horreur ! Le matriarcat tout juste affranchi du patriarcat serait sourd à la douleur des ++ de ne pas être inclus dans la langue. Mais la chose est terrible que de parler du matriarcat, ne devrait-on pas user d’un terme féminin : tel que matriarquerie ?
Au secours Molière, elles sont devenues folles ! Et là pas d’erreur, il n’y pas besoin de distordre la langue pour exprimer le féminin.
Bien sûr, l’entrée en force des femmes dans la société sur un pied d’égalité, conduit à modifier certains usages. On ne parle pas du « celles et ceux « utilisé à tort et à travers, et qui, de fait, souligne la différence des sexes et non leur égalité. Il s’agit, par exemple, de résoudre la difficulté que l’on rencontre pour écrire à une administration ou à une entreprise.
Si l’on peut admettre que le masculin est neutre, il est difficile de prétendre que Monsieur l’est aussi. Quand on veut s’adresser sans maladresse à une entité dont on ignore qui la dirige ou à qui sera attribuée la charge de vous répondre, le « Madame, Monsieur » est bien commode. On évitera, cependant, le « Mesdames et Messieurs » qui fait bonimenteur de fêtes et foires.
Mis à part quelques ajustements de cet ordre, point n’est besoin de féminiser le discours. Et quand on le fait, il importe que cela corresponde à une logique d’expression où l’on a besoin de distinguer les femmes des hommes, et sans jamais céder à la cacographie.
Les pires des erreurs sont souvent la directe conséquence de bons sentiments. Enlaidir le Français pour le féminiser, en est une illustration.
On ne s’étonnera pas que le Français recule dans le monde quand les Français eux-mêmes méprisent leur langue au point de lui infliger la torture de l’inclusion qui en fait un sabir disgracieux, difficile à écrire et impossible à lire.
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