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Raging bull, narcissique et politiquement pervers







Elle interpelle, la photographie du boxeur Emmanuel Macron, en “raging bull”, façon Jack LaMotta.


On pense évidement aux exhibitions à prétention viriles, mais ridicules pour un chef d’Etat, de Vladimir Poutine, d’il y a quelques années. Que devrait faire une femme cheffe de l’Etat ? Exhiber ses attributs mammaires ?


Il est vrai que nombre d’hommes engagés en politique aiment à pratiquer la boxe et à le faire savoir. Un psychanalyste pourrait y voir l’expression d’un complexe déficitaire d’une masculinité, qu’il faudrait ainsi affirmer.


C’est pourtant un double contre-sens. La virilité brandie comme un argument contredit le principe d’égalité entre les sexes au regard de la gestion des affaires publiques. Et d’autre part, on ne demande pas à celui (ou celle) qui dirige le pays et engage son avenir de montrer ses muscles, mais son intelligence.


La communication d’Emmanuel Macron va plus loin, son expression graphique que n’aurait pas reniée le jeune Marlon Brando de l’Actor studio, relève à l’évidence d’une esthétique narcissique.


Un jour, alors qu'il s'abreuve à une source après une rude journée de chasse, Narcisse voit son reflet dans l'eau et en tombe amoureux. Il reste alors de longs jours à se contempler, dépérit, et meurt, désespéré de ne jamais pouvoir embrasser sa propre image.


Dans l’ensemble de son comportement, Emmanuel Macron parait atteint d’un mal qui le fait rechercher son propre reflet dans toutes ses actions.


Son obsession d’être le protagoniste, c’est-à-dire sur le devant de la scène, en toute occasion, le pousse à se distinguer et se séparer de tous les autres. Inévitablement, il se retrouve seul, même quand il a raison sur le fond. Mais se distinguer est en réalité le but qu’il recherche.


Narcisse, l’amoureux de lui-même, se prend pour le Cid. “Sous moi donc, cette troupe s’avance et porte sur le front une mâle assurance”,  pour Emmanuel Macron, tout est dans le “sous moi”, qui est révélateur d’un “sur-moi” hypertrophié, alors qu’un fin politique dirait “avec moi”


Avoir raison n’est pas un sujet de préoccupation pour un énarque formé à ne douter de rien et surtout pas de ses propres avis. La vérité, Emmanuel Macron, veut avant tout être seul à la dire. De ce fait, il prend des positions en flèche, et isole la France, alors qu’il sait et répète à loisir que l’Union européenne est le niveau de pertinence de toute politique et la condition nécessaire d’efficacité. Privilégiant la satisfaction de l’ego, ce narcissisme est pervers, car il pervertit sa politique.


Narcissique, politiquement pervers, tel apparait le Président de la France en ces temps troublés, où les Français rêvent du simple bon sens d’un Pompidou qui avait la tête bien faite, mais aussi les pieds bien à plat.


La réalité est cruelle. Elle ne renvoie pas à Narcisse l’image dont il rêve.  Elle lui rappelle qu’il a ruiné le pays en “quoiqu’il en coûte”, parfois nécessaires, mais fatals quand c’est une méthode unique de gouvernement, réponse anesthésiante à toutes les crises.


En 2019, le hors bilan était passé à 4.000 milliards d'euros et sa croissance était estimée à 360 milliards d'euros par an. En 2020, en consolidant les deux dettes, on parvient au chiffre de 2.668 + 4.480 = 7.148 milliards. Soit 324 % du PIB estimé à 2.200 milliards”. Peut-on lire dans Capital du 19 févr. 2024.


Le visage grimaçant de la photo d’Emmanuel Macron publiée par l’Elysée est celui d’un Narcisse qui a cramé la caisse.



Le complexe narcissique du Président a aussi perverti la politique internationale de la France.


La diplomatie, qui se faisait encore au siècle dernier dans les échanges feutrés des ambassades et pour laquelle la discretion sinon le secret était de mise, se fait désormais sur la place publique.


Prenant à témoin l’opinion en permanence la politique internationale est aujourd’hui empêtrée de postures qui s’entrecroisent avec les discours de politique intérieure. Loin de constituer un progrès de transparence, ce mélange nuit, tant à la crédibilité internationale qu’à la cohérence de la politique domestique, l’une et l’autre étant polluées par des arrière-pensées.


Aux Etats-Unis, la géopolitique s’invite dans la campagne présidentielle, où s’opposent les isolationnistes surtout Républicains et les interventionnistes Démocrates. Mais les précédentes élections ont montré que, in fine, ce sont les considérations économiques et identitaires qui sont déterminantes.


Jusqu’à Emmanuel Macron, la France pouvait se targuer de pratiquer une politique internationale marquée par la continuité. L’alternance des partis tous également soucieux des intérêts supérieurs du pays ne troublait pas ce principe. Le Président narcissique ne veut ressembler qu’à lui-même, au point qu’il se prend à son propre contre-pied. Contre tous, il déclarait qu’il ne fallait pas humilier Vladimir Poutine, sauvage agresseur de l’Ukraine, et seul, il annonce qu’il ne reculera devant rien, même la guerre frontale, pour contrer Moscou.


Loin d’être anecdotique, la photographie d’un Macron rageur au muscle saillant est le symptôme d’une rupture avec la réalité d’un chef de l’Etat qui préfère l’image qu’il a de lui-même à celle qu’il devrait avoir de la France.



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