Retour de manivelle
- André Touboul

- 4 nov. 2022
- 3 min de lecture

Contrairement à ce que l’on se plait à dire avec délice ou masochisme selon ses convictions, le parti Les Républicains n’est pas devenu un simple ornement du paysage politique et le plus inutile.
Ceux qui prédisent sa disparition en évoquant celle du Parti Socialiste devraient se méfier d’un retour de manivelle. Ce phénomène bien connu à l’époque où l’on démarrait les moteurs des automobiles à la main fait référence au choc produit au moment de la mise en marche à la manivelle lorsque le moteur se mettait brusquement à tourner en sens inverse.
En effet, l’alternance est une incontournable loi de la vie démocratique. Aujourd’hui vidé de sa moelle par la droitisation de Macron et la centrisation du Rassemblement National mouvements de tenaille conjoints, le parti LR survit néanmoins.
Il est évident que si la droite classique est en crise de leadership, le centrisme l’est plus encore. Derrière Macron personne. Après lui, ce n’est pas Bayrou qui pourrait prendre les commandes, lui qui parle de plus en plus dans le vide du désert. Incapable de rallier la gauche des macronistes pas plus que de s’en concilier la droite, il est promis à organiser dans une cabine téléphonique ( s’il en trouve une ), les assises nationales de son parti le Modem, dépassé jusque dans son appellation qui sent le vieil âge de l’électronique d’antan, à l’aube de l’internet.
On croit toujours que la droite ne peut exister sans se réunir autour d’un chef charismatique, ce schéma sera probablement écarté dans les années à venir. En effet, les temps sont aux coalitions, à la collégialité. C’est probablement en passant par un triumvirat que les Républicains élargiront leur mouvance. En réunissant les Philipistes d’Horizon, les Ciotistes et les Wauquieristes, ils pourront espérer recréer un large parti de droite, libéré par la disparition d’une des branches de la tenaille.
Le parti de Macron, qui n’en a jamais été un, est voué à l’évaporation. Plus que le LR, c’est le parti Renaissance qui est frappé d’une date de péremption estampillée mai 2027. Il est clair que (contrairement à Vladimir Poutine) Emmanuel Macron, déjà atteint par le spleen du mandat de trop, ne tentera pas de contourner la Constitution en présentant un homme de paille. Il est plus que probable qu’il ne perdra pas son temps à animer un parti d’opposition, le macronisme n’ayant au demeurant aucune substance hors l’exercice du pouvoir du « en même temps ».
Quant aux Lepénistes, le couac, bien que contesté dans son intention, mais en toute hypothèse particulièrement malvenu et désastreux de l’interpellaiton proférée par un député RN à l’Assemblée Nationale lors de la prise de parole d’une député LFI noir à propos d’un bateau de migrants, montre que beaucoup pensent que « chassez le naturel, il revient au galop », et qu’un extrême droite fut-il en costume cravate reste infréquentable ; aussi peu que les racistes antisémites de la NUPES.
La reconstitution d’une droite raisonnable et honorable ne pourra se faire qu’autour des LR, s’ils ont résisté aux vents mauvais de leur automne politique. Si en revanche, le parti chrypto-gaulliste explose, l’alternance, car il y en aura une, se fera au bénéfice de la petite entreprise Le Pen. Mais tout pouvant arriver, même et surtout l’improbable, il est hasardeux de faire des prévision, surtout, comme le disait Pierre Dac, en ce qui concerne l’avenir.
Lors de la prochaine inéluctable alternance, qui se produira au plus tard en mai 2027, l’offre politique devra néanmoins couvrir tout l’éventail des sensibilités politiques. Il y aura une extrême gauche furibarde, un zeste d’écologistes ahuris, un centre orphelin et déserté, une gauche zombie et une droite qui devra convaincre de son sens des responsabilités, celui-là même qu’elle a si longtemps perdu de vue dans le passé.
Les partis vivent et meurent, parfois même ils renaissent de leur cendres. Ainsi la gauche si elle s’affranchit du piège de la NUPES et la droite si elle se reconstruit peuvent espérer. Ce seront, au bout du compte, les circonstances qui feront le choix.
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