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Roi feignant, fini le « en même temps », E. Macron désormais fait semblant

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 21 févr. 2024
  • 5 min de lecture



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Dans les temps troublés que nous traversons, la figure tutélaire du Président de la République devrait être le point fixe qui permet au citoyen de se situer au milieu des périls qui s’amoncellent dans le ciel noir. Hélas, cette attente légitime est chaque jour de plus en plus déçue. C’est un ectoplasme fluctuant qui semble occuper le palais de l’Elysée.


Depuis le début de son second mandat Emmanuel Macron ne fait plus du « en même temps », il fait simplement semblant.


Sur l’immigration, il a fait voter une loi destinée à maîtriser une vague de submersion, texte dont il disait la nécessité, tout en s’en remettant au Conseil constitutionnel pour en annuler l’essentiel. Mais surtout, il ne pouvait ignorer que le Conseil d’Etat, préparait un arrêt, prononcé en catimini, interdisant à l’Etat de refouler qui que ce soit à la frontière. Contre cet acte d’autorité de ces juges d’exception, outrepassant leurs prérogatives de l’Etat de droit, le Président n’a rien dit. Cette abdication montre que dans une matière qu’il proclamait d’importance, il n’aura fait que semblant d’agir.


Sur le soutien à l’Ukraine, E. Macron, aussi fait semblant. A l’entendre, la France soutiendrait l’Ukraine « jusqu'à la victoire ». Mais en pratique, les avions nécessaires à la défense de Kiev ne sont toujours pas livrés. On ne parle pas des Rafales, à construire, mais des vieux Mirages qui dorment dans les hangars. Le moment venu, quand la guerre sera perdue, il dira sans doute qu’il parlait évidemment de la victoire des Russes. Entre le “dire” et le “faire”, il y a la duplicité du faire semblant.


Face aux agriculteurs, aussi, le Président Macron fait mine de vouloir les entendre. Il dépêche Attal qui, honnête homme, énumère les justes revendications d’un monde pris à la gorge, et croit pouvoir promettre de les satisfaire. Mais, ce n’est qu’enfumage, car cette compréhension est un faux semblant. Les dés sont pipés et jetés. L’Europe et, en en son sein, la France ont choisi de sacrifier l’agriculture aux lubies de l’idéologie des écolos radicalisés. Sur les plaies d’une corporation agonisante, E. Macron propose de la poudre de perlimpinpin. Ce ne sont pas des moratoires qu’il faudrait concéder, c’est un revirement complet, une remise en cause du scélérat « pacte vert », mais, là, Emmanuel Macron est aux abonnés absents.


Sur l’Europe, plus généralement, le Président français simule une montée au créneau pour lutter contre les normes abusives et autres absurdités bureaucratiques. Il va jusqu’à convenir que tout n’est pas parfait dans le fonctionnement des institutions européennes, et parle d’une pause sur la frénésie régulatrice, mais c’est là faux semblant, car, derrière ce discours, il n’y a rien de concret. Paroles, paroles, paroles, dit la chanson.


A propos de la Dette publique abyssale, le chef de l’Etat déclare faire des économies, mais comme ces cantonniers qui pour boucher un trou en creusent un autre, il fait semblant d’y travailler, tout en aggravant le déficit public.


Sur l’éducation nationale en perdition, les initiatives Attal n’auront été qu’un faux semblant, une parenthèse vite désenchantée. Là encore, après avoir affirmé la nécessité de reprise en main d’un enseignement à la dérive, il revient aux errements anciens avec Nicole Beloubet qui contredit la politique de son Premier Ministre. La godille est une méthode macronienne, car elle fait suite au retournement entre Blanquer et Pap N’Daye. Ce n’est qu’un simulacre de politique, car le ministère qui emploie 600.000 personnes est un super-pétrolier dont on ne modifie l’erre qu’à long terme.


Afin de sortir de ce qu'il a appelé « un jour de crise sans fin », Emmanuel Macron a présenté de nouvelles mesures afin de réorganiser le travail à l'hôpital, fonder un nouveau pacte avec la médecine libérale, mais également assurer des logements dédiés aux soignants via « une grande initiative » qu'il souhaitait engager avec les élus locaux. Telles étaient ses annonces en janvier 2023. Quatre ministres de la santé se sont succédé depuis, oui quatre figurants (Braun, Rousseau, Firmin-Le Bodo, Vautrin) en un an, et les ambitions affichées n’ont été que gesticulation et simulacre d’action. L’effet d’annonce qui tient lieu de politique est une vieille recette enseignée à l’ENA pour donner l’impression que l’on agit, mais nul n’est aujourd’hui encore dupe de ces tours d’illusionnistes.


Sur la réforme de l’Administration, les actions du chef de l’Etat sont aussi en trompe l’œil ; la haute fonction publique bien qu’il l’ait déclarée responsable de la dégringolade de la France, est toujours aux commandes, et la petite et moyenne Administration sont toujours protégées par le statut d’airain de la fonction publique qui fait obstacle aux mutations et aux adaptations dont l’urgence est criante. La France est toujours une bureaucrature, après sept ans de macronisme.


Sur la liberté d’expression menacée par le Conseil d’Etat, qui ose tout en demandant le fichage des citoyens, et part en guerre ouverte contre une chaîne d’information, Emmanuel Macron est muet. Sur ce sujet majeur, il ne fait même pas semblant. A moins que le silence soit sa manière à lui de défendre la liberté. Délibérément il ignore la violation par une autorité publique d’un droit constitutionnel protégé par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, tout autant que par l’article 11 de la Charte de l’Union européenne sur les droits fondamentaux et 10 de la CDEH. Le devoir du gardien de la Constitution aurait été de déférer l’arrêt en question du Conseil d’Etat au Conseil Constitutionnel.


A force de simuler Emmanuel Macron est devenu inexistant, sauf quand il s’abstient d’agir.


On en vient à compter les jours qui séparent de la fin du mandat de ce non-Président, parfois avec agacement, quand donnant une interview à l’Humanité, ce qui est son droit, il déclare que le Rassemblement National ne devrait pas assister à la panthéonisation des résistants du groupe Manoukian. Cette position contestable lui appartient. Mais quand elle vient après qu’il ait contredit sèchement Mme Borne quand elle affublait le parti de Marine Le Pen du qualificatif de pétainiste, force est de constater que notre chef de l’Etat dit tout et son contraire, c’est-à-dire n’importe quoi.


On ne peut manquer d’observer aussi qu’à propos de l’appartenance ou non du RN à l’arc républicain, singulier objet propre à se tirer une flèche dans le pied, Emmanuel Macron contredit Gabriel Attal donnant le sentiment qu’il ne nomme pas des Premiers Ministres pour de vrai, mais à seule fin de les contrecarrer, leur intimant illico l’ordre de se contenter de faire semblant de gouverner.


La duplicité d’une langue fourchue présidentielle est parvenue à un sommet indépassable où la crédibilité de l’Etat qui parle par sa bouche est compromise par celui-là même qui prétend la restaurer. Le plus inquiétant est que si Tartuffe avait un but crapuleux quand il feignait la bigoterie, Emmanuel Macron dissimule seulement une absence de projet, Roi feignant, version nouvelle du roi fainéant incarné par Jacques Chirac, il aboutit au même résultat, le néant. Avec son gouvernement sans gouvernail, la France va, comme le bateau ivre de Rimbaud qui n’est plus tiré par ses haleurs, au gré des vents mauvais, se fracasser sur les récifs d’un monde hostile où seuls les peuples vrais et déterminés ont une chance de survivre.









 
 
 

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