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Réarmement moral

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 1 juil. 2023
  • 4 min de lecture

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Le son du canon qui assourdit l’Ukraine averti de la nécessité de réarmer. La chose serait aisée s’il ne s’agissait que de réouvrir les chaînes de fabrication de munition, de passer des commandes de chars et d’avions de de combat à une industrie qui ne demande pas mieux. Cette manière de réindustrialiser n’est pas celle dont on rêvait, mais, à la différence de l’industrie verte largement fantasmée fantasmé et promise, elle, elle est là.


De fait, le réarmement le plus urgent et indispensable est moral. Nos démocraties sont malades d’une déficience immunitaire. A l’image du corps humain qui privé de ses défenses immunitaires est sujet à toutes les infections et en meurt, les sociétés occidentales sont, sans défense, offertes à tous les assauts de ceux qui ne leur veulent pas du bien.


Ce syndrome immunodépressif nécessite une trithérapie sévère dont il ne faudra pas se plaindre des effets secondaires.


D’abord, il faut penser le bien. L’intérêt général est à prendre en considération chaque matin et soir. Il a sombré avec le mythe du service public. Que l’on parle de santé publique où la discipline fait défaut dans les pandémies mais aussi dans le bon usage des urgences et des hôpitaux, ou de l’immigration à propos de laquelle l’intérêt des minorités doit se subordonner à la survie de la majorité, il faut réviser l’échelle de valeur du bien et du mal.


La politique qui est l’adaptation permanente des lois aux variations environnementales qu’elles soient climatiques, économiques, sociales ou géopolitiques, ne peut prétendre à la morale du bien absolu. Sa morale est, par nécessité, relative.


Dans le débat des libertés individuelles et de l’intérêt collectif, la révision est de rigueur.


Ce que l’on nomme populisme n’est rien d’autre que l’exigence de protection d’une majorité qui avertit des limites de sa tolérance.

Certes, les minorités doivent être protégées des excès minoritaires, mais la réciproque ne doit pas être perdue de vue. Les minorités agissantes, turbulentes, en colère ou enragées doivent savoir quelles sont les limites.

Tout éducateur sait qu’il faut à un certain moment dire stop. La liberté de manifester ses opinions ne peut aller jusqu’à enfreindre la loi fondamentale du respect de la liberté, celle de la propriété d’autrui et celle de l’intégrité des biens publics.

Les atteintes auxquelles on assiste ne sont pas des incivilités, ce sont des crimes.


Il est temps de reconnaitre que les lois ne sont pas destinées qu’aux honnêtes gens assez stupides pour les respecter. Il est urgent de faire comprendre que l’on prend des risques en les enfreignant. De vrais risques pour sa santé et parfois sa vie.

En dépassant les limitations de vitesse, on risque la mort, personne ne dit que c’est injuste. En se jouant des règles qui s’appliquent à la conduite automobile jusqu’à conduire sans permis et refuser de se soumettre à l’interpellation, on doit savoir que l’on risque sa vie. Dans les deux cas on met en jeu celle des autres.


Le réarmement moral consiste à refuser le pathos qui consiste à pleurnicher sur le sort d’un contrevenant qui, il faut le dire, « l’a bien cherché », pour avoir trop ostensiblement traversé hors des clous. La « marche blanche », non merci. Cette France qui défile pour un délinquant n’est pas la notre.


Ce désarmement éthique ouvre largement la porte aux insurrections. Il est alors trop tard pour réagir et hypocrite de s’alarmer contre les excès des révoltés des banlieues.


Le pire du pire est chez ceux qui se frappent la poitrine en psalmodiant des mea culpa, maxima culpa, énumérant tout ce qui n’aurait pas été fait pour ne pas en arriver là. S’en suit une justification des méfaits des ennemis de la République. Il est sain de tirer les leçons d’une situation tragique et conflictuelle, mais le réarmement moral exige que l’on serre d’abord les rangs sur l’essentiel.


La vie humaine est sacrée par nature, mais si le pays devait s’arrêter en une minute de silence à chaque décès individuel, l’éternité n’y suffirait pas. Il faut avoir l’audace de le reconnaître, le décès de l’interpelé de Nanterre est un fait divers. L’ériger en fait de société est une politique destructrice de notre pays. Il est évident que les médias qui s’émeuvent à qui mieux mieux ne se rendent pas compte qu’ils commettent un contresens. Le drame humain est en l’espèce celui du motard dont la vie a été détruite, et dont le calvaire commence pour avoir voulu faire son devoir de protection de la société. En criant haro contre lui, les médias, le Gouvernement, le Président se donnent bonne conscience, ils font simplement preuve de duplicité. La violence des banlieues qu’ils déplorent, ce sont eux qui la rendent inévitable car justifiée.


On peut se demander si les émeutes ne sont pas les bienvenues pour l’Etat et ne sont pas le but recherché pour reprendre la main. Cette stratégie du pompier incendiaire serait moralement inacceptable.


Si nos démocraties veulent survivre elles doivent comprendre que le consumérisme qui offre une liberté totale à l’individu ne peut aller jusqu’à faire le choix des lois que l’on respecte et celles que l’on foule aux pieds. La société n’est pas une supérette où l’on fait ses courses. Le retour des devoirs sociaux est un impératif catégorique du réarmement moral. La liberté du consommateur est un leurre, à la fin il faut passer à la caisse.


Le droit chemin n’est pas montré par la main ferme lors des soulèvements de banlieues, il doit être exigé tous les jours du matin au soir. Pour avoir oublié ce principe, le pouvoir n’est pas crédible quand il prétend défendre la République.


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