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Serments d’ivrognes

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • il y a 21 heures
  • 3 min de lecture




Le Gouvernement Bayrou, comme ses prédécesseurs jure qu’il n’augmentera pas les impôts, et, comme eux, il en inventera d’autres qui s’ajouteront aux précédents.


Pourquoi changer une politique qui gagne ?


Il est vrai que tout va pour le mieux. « Pas d’inquiétude, tous les voyants sont  au vert », déclarait Pierre Mauroy… le lendemain c’était la dévaluation de 1983, et le « tournant de la rigueur ». Aujourd’hui, c’est la dette qui fera sauter la banque.


On s’étonne que l’Assemblée Nationale branle dans le manche. Ce n’est que la traduction de tout ce qui va mal dans le pays : services publics, santé, éducation, sécurité, police, prisons, défense, comptes publics bidouillés, déficits budgétaires incoercibles, dette abysale…


Les citoyens ne font, par leurs votes incohérents et courroucés, que traduire leur exaspération. À aucun point de vue, ils n’en ont pour leur argent, et pour remédier à cela l’on se contente de leur en demander plus.


La raison de ce dysfonctionnement majeur tient en quelques mots : on a confié à une  famille de renards la gestion du poulailler, et comble de l’absurdité c’est à elle que l’on s’adresse pour en renforcer la garde.


La démocratie française croyait être un régime politique où la nation était gouvernée par une classe désignée par l’élection, la réalité a été que le pouvoir a échu à une bureaucratie boulimique. En effet, son régime économique dit « dirigé » a donné à l’Etat une importance majeure, et de fait excessive. Les Français voulaient un Etat fort, ils ont eu un Etat gros, et même obèse. Avec toutes les tares de cette maladie qui rend impotent et produit un effet boule de neige.


Le cercle vicieux qui va de toujours plus d’État, à toujours plus de fonctionnaires, et par conséquent plus d’État, a conduit à instituer une voie royale d’accès « aux responsabilités », c’est-à-dire au pouvoir réel, par une méritocratie du diplôme. On parle ici de pouvoir réel par opposition au pouvoir apparent des élus.


Méthodiquement, ceux qui étaient formés pour être les permanents de l’Etat-tout puissant, usant de leur poids pour coloniser les grandes entreprises, et contrôler les médias, ont « fait  la peau » des élus. Et ce furent les interdictions de cumul des mandats, les lois de moralisation, les procédures judiciaires s’invitant dans les débats électoraux, et pour finir  les jugement d’inéligibilité.


Cette caste, sélectionnée au mérite par concours, avait une religion : le Service public. Telle était la justification de son pouvoir de fait. Par la maitrise des dossiers, la compétence et la permanence, les grands ou moins grands commis de l’État étaient censés veiller à l’excellence du Service public, c’est-à-dire de l’intérêt général.


Il faut dire qu’au début, l’État était censé s’occuper de tout et de tous.  Dormez tranquilles, l’Etat-providence veille à tout. Il est administré par les meilleurs d’entre les meilleurs, puisqu’ils sortent de l’école où l’on apprend à avoir toujours raison.


Ce monde parfait s’est écroulé. De Jospin qui avouait « l’Etat ne peut pas tout », à Fillon qui se déclarai être un Premier ministre « à la tête d’un Etat en faillite », la prise  de conscience aurait dû avoir lieu. Mais non ! Emmanuel Macron, l’homme des mille milliards de dette en plus, remettait le couvert avec son « quoi qu’il en coûte », dernière version de l’Etat omnipotent.


Ce dernier avatar de l’Etat-providence est un ultime sursaut d’agonie, car financé par la dette, la main invisible des marchés financiers le prennent à la gorge.


Dans cette situation nos Diafoirus, docteurs en finances publiques, n’ont qu’une seule réponse, la saignée. Et tant pis si elle tue le patient, et ne règle rien.


Pour ne pas affronter la question essentielle de l’organisation de l’Etat, c’est-à-dire les économies de gestion et donc leur propre sort, les hauts fonctionnaires de Bercy ont une méthode.


Ils dramatisent et minimisent.  Le drame serait que dépenser moins remettrait en cause le modèle social auquel les  Français tiennent tant. Quant aux bouts de chandelle que l’on pourrait économiser, ici où là, ils ne sont pas à l’échelle. C’est dit, la seule solution c’est l’impôt nouveau qui  comme le Beaujolais revient chaque année avec de nouvelles saveurs.


Les promesses des Gouvernements, notre méritocratie n’en a cure. Ils ont appris à lever l’impôt, pas à gérer les entreprises. Les prendrait-on pour des cost killers? Ce serait leur faire injure.


Avec effroi, ils entendent parler de « comités de la hache », de « tronçonneuse, à la mode argentine », de DOGE à l’américaine. Ces horreurs les prétrifient. Autant demander à une bande d’ivrognes invétérés de se muer en association d’Alcooliques Anonymes.


Il est trop cruel d’exiger cette mutation de notre haute Administration. Un peu d’humanité consisterait à confier à d’autres qu’aux fonctionnaires la réforme de l’Etat.


Si les candidats à la prochaine élection présidentielle veulent avoir un brin de crédibilité, ils devront promettre aux Français de les libérer de leur dictature bureaucratique, et pour cela de confier la tâche à d’autres que des fonctionnaires.

 
 
 

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