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Soulages, peintre de l’aujourd’hui

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • il y a 1 jour
  • 5 min de lecture


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Noire est l’absence de couleur de la grande illusion qui est de croire que nous ne connaîtrons plus jamais la guerre sur le sol européen. Depuis 1945, l’Europe est en paix avec elle-même. Ces 80 années sont une période de paix anormalement longue que l’on peut attribuer à trois raisons. La construction d’une Union européenne, la protection du gendarme mondial américain, et la dissuasion nucléaire.


La guerre froide a aussi participé, pendant une quarantaine d’années, à une intertie politique des Etats européens.  L’effondrement sur elle-même de l’URSS a fait disparaître cet élément stabilisateur. Depuis les années 90, le glacis de pays vassaux de l’Union Soviétique s’est désagrégé. La plupart ont rejoint l’Union européenne.


Le réveil de la Russie qui souhaitait d’abord reconstituer son emprise sur les populations slaves, essentiellement pour pallier le déficit démographique d’un pays immense, le plus étendu du monde, comptant 143 millions d’habitant, dont seulement 100 millions de slaves.


C’est cette situation qui a induit une concurrence avec l’Union européenne, très attractive par sa prospérité et son libéralisme politique, sur les ex-démocraties populaires.


Le premier heurt violent fut celui de la guerre du Kosovo qui fit comprendre à la Russie qu’elle ne reprendrait jamais la main sur les populations slaves sans avoir recours à la force. Une force dont la victoire sur les troupes du III Reich l’a poussée à surestimer.


Ce n’est évidement pas le manque de territoires qui a conduit la Fédération de Russie à s’emparer d’une partie de la Géorgie d’abord, puis de tenter d’annexer en commençant par la Crimée, l’Ukraine que les Russes considèrent comme le berceau de leur nation.


A ce moteur puissant, s’ajoute le retour de la volonté des Russes de se protéger du reste de l’Europe et des Etats-Unis par une ceinture de sécurité constituée d’Etats vassaux. Le programme d’une telle politique comprend l’Ukraine, les pays Baltes, la Pologne, un partie de l’Allemagne, la Géorgie, la Moldavie…etc…


La disparition progressive, mais désormais, avec Trump, presque totale de la protection américaine, laisse reposer la sécurité de l’Europe de l’Ouest sur deux piliers. Le premier est l’Union des 27, que Moscou s’emploie à déstabiliser. Elle assure la paix entre ses membres, mais n’est pas une organisation de défense contre les agressions extérieures.


Le dernier rempart de la paix second pilier encore intact est la détention par la France de l’arme nucléaire. C’est cela qui explique que les Français soient les derniers du nord de l’Europe, à s’émouvoir du danger de l’expansionnisme russe.   


Les bombes atomiques sont des armes de non-emploi, dit-on. Elles garantissent la paix. Certes, mais quelle paix ? Peut-on envisager de l’utiliser pour défendre la Lettonie, la Pologne, ou l’Allemagne ? La théorie du tout ou rien, conduira inévitablement à ne rien faire d'irrémédiable.


Tout porte à croire que dans le cas d’une agression russe destinée à rétablir son environnement de satellites, la confrontation sera non-nucléaire. La participation de l’armée française à des conflits hors du sol de France serait loin d’être une nouveauté. Si l’environnement économique immédiat de la France, et l’existence de sa monnaie étaient attaqués, elle ne pourrait se dispenser d’intervenir.


C’est en ce sens qu’il faut comprendre qu’une prise de conscience de la population française de la nécessité de rendre l’Union européenne trop coûteuse à agresser, est nécessaire. La détention de l’arme nucléaire ne protège pas de tout, et même l’on peut dire qu’elle ne protège plus de rien.


Les déclarations d’Emmanuel Macron ne servant plus qu’à déservir les causes qu’il embrasse, il n’était pas inutile que le Chef d’Etat-Major des Armées réveille un peuple qui sur ce sujet, comme sur d’autres périls, n’aime pas qu’on l’interpelle, en lui rappelant la dure réalité.


La lucidité commande de regarder les choses en face, et de se préparer au pire.


Le tollé suscité par l’avertissement de ce que les peuples qui ne sont pas « prêts à perdre leurs enfants » sont ceux qui perdent les guerres, révèle une irresponsabilité majeure de l’ensemble des partis politiques. Mis à part les pacifistes de principe qui, comme Mélenchon, prônent la soumission diplomatique, comme d’ailleurs ils font commerce de la soumission à l’islamisme, on peut déplorer que l’on reproche au Chef d’Etat-Major d’avoir effrayé les Français. Loin d’être un va-t-en guerre, il préconise de se préparer moralement à lutter pour décourager l’ennemi, car il ne suffit pas d’être pacifique pour ne pas en avoir… d’ennemi.


De noir est aussi drapé le deuil de la démocratie représentative. L’Assemblée nationale vient de donner, en rejetant le Budget par un vote quasi-unanime, la mesure de son inutilité. Certes, le texte de bric et de broc était incohérent et ne répondait pas à son devoir de maîtrise des déficits publics. Mais à quoi correspondait la pantomime des votes de taxes, en veux-tu en voilà, à laquelle les députés se sont livrés ? Des messages à leurs électeurs ? L’hémicycle était donc devenu une estrade de campagne électorale qu’une majorité des acteurs ne souhaitaient d’ailleurs pas avoir à affronter.


Le sentiment qu’inspire le personnel politique est le découragement. Les LFI sont de plus en plus le parti de l’étranger. A gauche, on se cherche entre Olivier Faure, Glucksman ou Cazeneuve, sans se trouver. A droite, quelle Droite ? Philippe, Wauquiez, ou Retailleau ? Au delà, la médiocrité des RN n’est que la conséquence d’une stratégie de Marine Le Pen qui s’est contentée de capitaliser sur les erreurs de ses adversaires, et qui, avec Bardella, découvre que l’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. Zemmour, de Villiers, des pétards mouillés qui ont fait long feu. Triste France. Pauvre France, qui n’a même pas un vrai Président pour que l’on puisse croire encore en la parole publique.


Pendant ce temps noir comme la nuit, la farandole du narco-trafic bat son plein. 600.000 consommateurs de cocaïne en France assurent à quelques malfrats un chiffre d’affaires ahurissant. La France serait, en outre, une plaque tournante du marché européen des stupéfiants. Nos gouvernants découvrent ce fléau. Dépénaliser, re-pénaliser, sur-pénaliser, les consommateurs, les trafiquants ? Tout ceci ne sert à rien, nous dit-on. Ce qui est certain, c’est que pactiser avec les exploitants de la drogue qui deviennent une société parallèle, comme on a traité avec l’islamisme, est devenu une habitude de la politique locale qu’il faut dénoncer si l’on veut éviter de sombrer dans le sort des narco-Etats.


Pour compléter ce tableau peint par Pierre Soulage, maître du noir profond, le leitmotiv que l’on entend sur tous les plateaux des médias, est : « je ne suis pas un expert en …  mais… », et chacun y va de son avis, non autorisé, mais définitif. Noir, c’est noir ! Chantait Johnny Halliday. On désespère d’entendre la voix du bon sens.


Où est passée la France universelle qui a vu naître Montaigne, Molière, Voltaire, les Encyclopédistes, Tocqueville, Hugo… et tant d’autres ? On dit que les cimetières sont peuplés d’hommes irremplaçables… cela n’a jamais été aussi vrai. Mais, sans doute, c’est aussi une raison d’espérer que tout n’est pas perdu tant que subsistera l’honneur d’être Français, et le bonheur de vivre en France.

 
 
 

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