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Suicide ou résurrection, au-delà de Macron, le choix de Lazare




En choisissant comme adversaire unique le RN, tout en pulvérisant le Droite refusée en tant que telle, Macron fait preuve d’une inconséquence tragique. Il est coutume de répéter qu’il prend volontiers son risque, Mais en l’espèce, c’est l’avenir de la France qu’il compromet sur le tapis vert de ses calculs imprudents. S’il échoue, ce sera l’extrême Droite au pouvoir. Et comment lui faire barrage, puisqu’il ne peut se représenter ? L’échec est certain, car la victoire est impossible. Cette martingale est perdante à tous coups.


Désormais, la seule question qui se pose, dans l’équation où Macron place les Français, est celle de savoir si Marine Le Pen étant Présidente, le RN aurait ou non une majorité absolue. La logique électorale montre que la victoire va à la victoire. L’exception d’un majorité relative, comme en 2022, peut se reproduire, mais il y a plus de probabilité que ce soit un raz-de-marée RN en 2027. Le scrutin européen de cette année en sera, sans doute, la préfiguration.


Le jeu des LR est d’exister en tant qu’opposant à Macron. Mais  en 2027, ils ne seront plus rien, pour deux raisons. La première est qu’ils auront été plumés par Macron qui, en outre, les disperse façon puzzle, la seconde est que le rôle d’anti-rien est proche du néant.


Au lieu de présenter l’évolution du Gouvernement Attal pour ce qu’elle est, une droitisation nette, Ciotti hurle au débauchage, et brandit l’excommunication. Si tu ne peux pas éviter de te faire forcer la main, tâche au moins de feindre y prendre plaisir, dit la maxime politique. Plus habile fut Marine  Le Pen qui proclama « victoire idéologique » la loi immigration, pourtant combattue de bout en bout par ses troupes et votée en dernière minute sur son ordre.


Force est de constater que le seul parti politique à suivre son chef sans états d’âmes est, aujourd’hui, le RN, et que Marine Le Pen tient son parti d’une main de fer, celui-ci lui obéissant dans la minute, au doigt et à l’œil. Plus que toute autre considération, c’est cette capacité d’autorité qui est susceptible de déterminer un succès aux prochaines présidentielles.


Malgré des échecs successifs, et les critiques dont il faisait l’objet, Mitterrand est parvenu au pouvoir en 1981, parce que la France penchait à gauche, et qu’il y faisait autorité.  Son alliance avec le Parti Communiste, son programme destructeur de nationalisations, rien n’a fait obstacle à sa victoire.


Comme Mitterrand qui a bâti le Parti Socialiste en une machine à sa main, Marine Le Pen a construit le Rassemblement National qu’elle a su démarquer du Front National de son père, du moins en apparence. Ses carences économiques, sa démagogie qui en vaut bien d’autres, tous ces défauts ne pèseront rien en comparaison de l’autorité tranquille qu’elle démontre sur ses troupes. Car les Français ont faim d’autorité.


Le meilleur agent électoral de Marine Le Pen n’est pas l’épouvantable Mélenchon dont plus personne ne fait cas, c’est Emmanuel Macron qui ne cesse de clamer qu’il veut réaffirmer l’autorité de l’Etat, qu’il a lui-même compromise tout autant que ses prédécesseurs. Il n’est, en effet, pas crédible, car on a pu constater que ses propres ministres jouent les frondeurs, et l’on voit que l’aile gauche de sa majorité entend se démarquer en constituant un sous-groupe au Parlement. Quand on n’a pas d’autorité et que l’on veut en faire, c’est de l’autoritarisme que l’on produit, et cela indispose. L’autorité ne se décrète pas, elle se prouve. En démocratie, l’autorité ne se démontre pas par de la punition, mais par de l’adhésion.


Au delà de Macron, c’est l’élite d’Etat qui est désacralisée. Dans sa harangue aux nouveaux ministres 2024, le Président leur enjoint d’agir et non d’administrer. Il avait déjà donné cette mission au Gouvernement de 2022. Cela montre d’une part que  sa parole n’est pas suivie d’effets, mais c’est surtout la condamnation de l’Administration telle qu’elle est. En la désignant comme le mal français, Emmanuel Macron aura fait le lit de l’extrême Droite anti-élite, sans apporter de remède à la pathologie qu’à juste titre, il dénonce.


Plus que le niveau excessif de la redistribution, ce qui est fatal, c’est le statut de la fonction publique qui rend prohibitif le coût des services publics dont le prix augmente et la qualité s’effondre. Certes, Macron se sera efforcé de réformer la haute Administration, mais il n’a rien fait pour rendre compétitive la machine administrative dans ses profondeurs.


Cette attente, comme celle qui concerne la maitrise de l’immigration et sa soeur siamoise l’insécurité, jouera en faveur des RN dont la discipline laisse penser qu’ils ne reculeront pas devant des mesures difficiles, mais dont la nécessité est évidente désormais pour la très grande majorité de la classe politique.


L’expérience Mitterrand a coûté à la France des années de retard, et constitué un handicap majeur précipitant ce que l’on appelle son déclassement. Les Gouvernements et Présidents de droite qui lui ont succédé n’ont fait que reprendre en godillant ses valeurs politiques, ses outils de langage, sans jamais en contester les fondements.


Il est à craindre qu’une aventure Le Pen n’ait des conséquences néfastes d’une même ampleur que celle du mitterrandisme.


Pour y échapper, le pays ne peut compter que sur une Droite de raison, non pas qui parle le language de la Gauche, mais qui sache exprimer une alternative crédible à l’extrême Droite qui semble avoir déjà gagné la partie dans l’opinion.


Ce serait salutaire pour les Français, car l’on ne peut, comme le fait le RN de Le Pen,  impunément sacrifier l’économie sur l’autel démagogique d’un pouvoir d’achat financé par la dette. Le mur d’argent que redoutait (à tort ) Mitterrand, est déjà dressé face à Marine Le Pen. Les caisses sont vides. Le paradoxe est que c’est le capitalisme financier qui est maintenant seul apte à éviter une bascule de la France dans l’extrême Droite. Ce qui reste de gauche en France devra choisir entre la peste et le choléra.


Dans le pays de Montaigne, Voltaire et Montesquieu, on se demande où est passé le peuple français, amoureux de raison, de mesure et de pondération. Fier de son histoire et confiant dans son avenir, il constitue, n’en doutons pas, une majorité silencieuse qui n’attend qu’un interprète pour formuler ses espoirs.


Ce discours d’une Droite responsable ne consiste pas à  se démarquer du macronisme ou du RN, mais à les dépasser. Il doit emprunter au premier le sérieux économique et au second le réalisme social et culturel. Le leader qui saura, sans complexe, faire cette synthèse raflera la mise. Cette résurrection n’aspire qu’à entendre un discours de raison. Pour l’heure, ce sont les suicidaires qui s’expriment à Droite. Le peuple de droite est comme le paralytique des Ecritures, que l’on confond parfois avec Lazare, qui, lui, était au tombeau, il n’attend qu’une seule parole qui lui montre le chemin et lui dise : lève-toi, et marche ! Pour l’heure, les seuls qui lui parlent, lui prêchent le harakiri.

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