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Un enterrement de première classe

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 21 sept. 2022
  • 4 min de lecture


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Un enterrement de première classe


Si le spectacle de la monarchie britannique est le nec plus ultra de la civilisation occidentale, on peut être pessimiste sur l’intérêt de cette dernière pour l’avenir de l’humanité.


Il faut espérer que ce n’est pas l’Occident que l’ont enterre avec Elizabeth II.


Cette reine aura accompagné, sans s’autoriser le moindre commentaire ni prise de position, le déclin de l’empire britannique tout au long du dernier trois quart de siècle. Digne sur la passerelle telle le commandant d'un Titanic s'enfonçant dans l'océan elle a comme toujours fait mine de ne se rendre compte de rien. Pas la moindre plainte n'est sortie de son auguste bouche.


Il faut dire que la reine règne, mais ne gouverne pas, pas même par le verbe. C’est une institution muette et impuissante par construction que le trône d’Angleterre, son rôle est de faire de la figuration.


Les prétentions du monarque anglais qui, par parenthèse, n’a jamais renoncé à ses droits sur le royaume de France, et disposait d’un empire sur lequel « le soleil ne se couche jamais », contrastent avec ses pouvoirs effectifs.


La seule utilité de la monarchie britannique est aujourd’hui de constituer un lien entre les différentes nations du Royaume-Uni, et les pays du Commonwealth qui la reconnaissent. Cependant l’on peut penser que ce lien, qui est vide de contenu, si ce n’est nostalgique, pourrait être un ferment d’éclatement de ce qui reste des vestiges de l’Empire, le débat sur la République étant, ici ou là, inévitable. De nos jours, les questions économiques et sociales étant prégnantes, la fidélité à une couronne has been, sans consistance et représentant une société féodale qui n’existe plus comptera pour peu.


L’enterrement de première classe de « la » reine, où se sont pressés les grands de ce monde, marque un engouement médiatique qui tient plus du phénomène people que de la géopolitique. Il semble que cet intérêt planétaire parait en mesure inverse de son importance actuelle et plus encore future.


L’Histoire, qui tire sa révérence, fait spectacle. Les uniformes chatoyants des officiels britanniques paraissent hors du temps. Les habits rouges ont toujours eu de la classe et de l’élégance. C’est à cette « performance » que se réduit la Global Britain dont rêvait Boris Johnson.


Le moindre des paradoxes de l’événement n’est pas qu’il illustre des valeurs démocratiques par le biais d’une monarchie qui théoriquement en est la contradiction. Bien entendu, ce que les Anglais appellent une « monarchie constitutionnelle » est un régime parlementaire où le roi n’est qu’un figurant, sur le plan politique. Ses discours du trône sont intégralement écrits par le Premier Ministre. Il y a un talent fabuleux des Britanniques à cultiver le paradoxe de l'inutile indispensable. A quoi sert, en effet, une monarque dont on se perd en conjecture sur la question de savoir ce qu’elle pensait d’un choix majeur pour son royaume comme le fut le Brexit ?


Certes, Elizabeth II a duré sans démériter, mais cela concerne le mérite de la personne de la Reine, son stoïcisme devant les épreuves, et n’apporte rien au crédit de l’institution qui n’a d’autre vertu que de cultiver la nostalgie d'un passé révolu.


Certes les rois ont fait l'Europe. Ce n’est pas là ce qui reste essentiel dans l’héritage de notre civilisation qui est plus celle des Lumières. Chez nous, comme chez bien des peuples républicains, l’Ancien régime n’est pas signe de progrès, il en est même l'antithèse. Bien entendu, il y réside une des racines de la culture occidentale, mais une plante vigoureuse ne peut s’en tenir indéfiniment à sa racine.


Le folklore est à la mode, mais parfois il faut le clore quand il empêche de voir que le monde change. Pour certains Anglais les Windsor sont une attraction touristique, un peu ce que le Puy du Fou est à la France. Il y a un côté un peu tragique dans cette famille dont la mission est de paraître, faire semblant d'être d'une essence supérieure, et qui parfois pour certains de ses membres y parvient si mal.


On se prend à envier les Anglais, ce peuple qui reste assez enfantin pour jouer à la grandeur de l’empire quand celle-ci n’est qu’un vestige. Parmi les uniformes d’opérette, les bonnets à poil des habits rouges et la verroterie des diamants de la couronne, les baskets des Macron et le bluejean d’Emmanuel n’étaient pas ridicules, mais incongrus. Ils se voulaient modernes, c’était le contresens d’un couple qui s’est trompé de déguisement à un bal masqué. Londres est une ville dans le vent, cependant, l’on ne fait pas ce genre de clin d’œil à un enterrement.

Jeux de main, jeux de vilains


A la NUPES, il y avait eu la main molle et moite d’Olivier Faure, puis Julien Bayou dont la main verte fut pas une main heureuse selon Sandrine Rousseau qui n’y alla pas de main morte à son encontre. On y avait vu aussi la main baladeuse d'Eric Coquerel, mais le comble des mains basses ayant été atteint de par le fait de la main leste d’Adrien Quatenens pris la main dans le sac par la main courante de son épouse, ces jeux de mains et de vilains semblent signifier que pour Mélenchon trop prompt à s’en laver les mains, il serait bientôt temps de passer la main.


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